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Des combustibles plus verts pour un meilleur avenir

L’adjoint de recherche Luis Alejandro Coy se forge une notoriété mondiale en développant des nanocatalyseurs pour une valorisation du pétrole plus respectueuse de l’environnement
Par
Roberta Staley
Établissement(s)
University of Calgary
Province(s)
Alberta
Sujet(s)
Combustibles et énergie

Luis Alejandro Coy a grandi à Bogotá, en Colombie. Il se rappelle son oncle qui lui parlait de son travail d’ingénieur chimiste dans les raffineries de pétrole d’Amérique du Sud. « Au secondaire, nous parlions toujours de ce qu’il faisait, ainsi que des difficultés et de l’importance de son travail pour la société. Il m’expliquait comment l’essence était fabriquée et comment le plastique et les matériaux utilisés au quotidien étaient obtenus à partir de produits du pétrole. Je voulais plonger dans ce monde aussi » dit-il.

Il a continué à caresser le rêve de suivre les traces de son oncle jusqu’au début de l’âge adulte, moment où il s’est s’inscrit au programme de génie chimique à la Universidad de los Andes, un établissement de recherche privé de Bogotá. Durant ses études, on lui a offert une occasion unique : passer un semestre à l’étranger pour assister à des cours sur le pétrole. Il a arrêté son choix sur la University of Alberta, à Edmonton, où s’est confirmé son désir d’entreprendre des études dans le domaine du pétrole lourd et du raffinage. Après avoir obtenu son baccalauréat, il a posé sa candidature comme étudiant de maitrise à la University of Calgary, un carrefour de recherche sur l’innovation dans le domaine des sables bitumineux en Alberta. Il a été accepté en 2010.

Au cours de ses études, M. Coy a travaillé au laboratoire Catalyst Adsorption for Fuels and Energy, dirigé par Pedro Pereira‑Almao, responsable de ses études et professeur au Département de génie chimique et pétrolier de la University of Calgary. Une fois son diplôme en génie pétrolier en poche, il est devenu adjoint de recherche et gestionnaire de laboratoire, où il supervise l’équipe de l’usine pilote ainsi que l’équipe complémentaire, qui peut atteindre 20 étudiants.

Le laboratoire mène de front plusieurs projets importants. Le plus innovateur consiste à trouver une nouvelle méthode de récupération du pétrole lourd et du bitume au moyen de nanocatalyseurs se trouvant dans une solution saline chargée de métaux comme le nickel, le cobalt, le tungstène et le molybdène. La taille des nanocatalyseurs est de 100 nanomètres ou moins – ces particules sont si petites qu’elles ne peuvent être observées qu’avec un microscope à haute résolution. Selon M. Coy, l’utilisation de nanocatalyseurs pour le raffinage nécessite de 30 à 40 pour cent moins de vapeur, de chaleur et de pression que les méthodes traditionnelles, ce qui diminue les émissions de gaz à effet de serre et les couts de production.

La FCI, qui appuie depuis longtemps le laboratoire de M. Pereira‑Almao, a financé l’installation de neuf raffineries miniatures, permettant ainsi à l’équipe de recherche d’expérimenter avec des combustibles fossiles de partout au monde, dont le pétrole lourd de la Colombie et le pétrole brut extra lourd du Mexique.

M. Pereira‑Almao signale que M. Coy a joué un rôle crucial durant les premières étapes de développement des nanocatalyseurs, période durant laquelle le soutien de l’industrie n’était que minime, voire absent. « Certaines pétrolières me croyaient fou » dit-il. Malgré tout, les habiletés, la détermination et l’éthique de travail de M. Coy ont été déterminantes dans l’élaboration d’expériences visant à montrer l’efficacité des nanocatalyseurs pour le raffinement du pétrole. M. Coy a également mené des expériences complexes à haut débit à l’aide de quatre réacteurs, afin de mesurer l’effet de la pression, de la température, de la concentration du catalyseur et de la taille des particules. M. Pereira‑Almao indique qu’en un an, le laboratoire a pu ainsi quadrupler la quantité de données dont il disposait et accélérer la mise au point du raffinage par nanocatalyseurs. La qualité et l’exhaustivité des expériences de M. Coy ont joué un rôle fondamental dans l’obtention de soutien de la part de sociétés pétrolières comme Cenovus Energy. Le soutien est également venu de l’étranger, le gouvernement du Mexique ayant accordé huit millions de dollars au laboratoire de la University of Calgary pour la mise au point de la technologie. « Alejandro s’impose comme leader dans l’introduction de cette technologie au Canada et partout au monde » souligne M. Pereira‑Almao.

Les réussites de M. Coy sont le résultat d’un travail commencé en 2010, lorsqu’il a fait son entrée au laboratoire, et s’échelonnant sur plusieurs années. M. Coy, qui prend part à des compétitions de triathlon pour le plaisir (dont un demi-Ironman dans son pays d’origine en décembre) sait ce qu’on peut accomplir à force de travail acharné. « De petites idées peuvent tout changer. Nous pouvons montrer que des choses infimes peuvent transformer la production de pétrole partout sur la planète. Nous serons beaucoup plus efficaces et notre pétrole sera meilleur et plus écologique. »