ANIMATRICE
Vous écoutez un balado de la Fondation canadienne pour l’innovation.
(Musique d’ouverture)
Bonjour et bienvenue à « 10 000 expérimentations ». Ce baladodiffusion traite de travaux scientifiques de pointe et des joies de la découverte.
Nous nous sommes inspirés de Thomas Edison, qui aurait dit que toutes ses tentatives n’avaient pas été des échecs mais, 10 000 façons de faire, qui n’avaient pas bien fonctionné.
(Fin de la musique d’ouverture)
NAFISSA ISMAIL
Mon nom c’est Nafissa Ismail, je suis professeure à l'École de psychologie à la faculté des sciences sociales à l'Université d'Ottawa et je suis aussi titulaire de la Chaire de recherche sur le stress et la santé mentale à l'Université d'Ottawa.
(Début d’un morceau de musique)
ANIMATRICE
En 2019, une personne sur huit dans le monde présentait un trouble mental, les troubles anxieux et les troubles dépressifs étant les plus courants.
Après la pandémie de COVID-19, on estime que la prévalence mondiale de la dépression et de l’anxiété aurait augmenté de 25 à 27 %.
Lorsque notre bien-être psychologique et émotionnel se dégrade, cela a un coût énorme, non seulement financier, sur la société, mais aussi humain, d’un point de vue personnel, familial et social.
Ce n’est donc pas étonnant que cet enjeu déclenche l’intérêt de nombreux chercheurs et chercheuses en neurosciences qui, comme Nafissa Ismail, tentent de comprendre le fonctionnement cérébral et de trouver des traitements efficaces pour vaincre le stress et les troubles mentaux.
(Fin du morceau de musique)
NAFISSA ISMAIL
Bah j'ai toujours eu une passion pour le cerveau, pour la neuroscience, avant de commencer à l'université. Mais c’est quand je suis entrée au baccalauréat et dès ma première année, j'ai commencé à faire du bénévolat dans des laboratoires de recherche, notamment un laboratoire de recherche en neurosciences. Et c'est là que ça a été concret dans ma tête, que c'est la recherche que je veux poursuivre.
Après, c'est sûr que la neuroscience, c’est un domaine qui est très vaste [RIRES]. Mais après, en continuant ma recherche, j'ai découvert que j'avais vraiment un intérêt plus spécifique pour la neuro endocrinologie, qui est la compréhension de l'impact des hormones sur le cerveau.
ANIMATRICE
Lorsque l’on étudie les effets des hormones sur le cerveau et le système nerveux, on porte inévitablement son attention sur une période clé sur le plan de la transition hormonale : l’adolescence.
(Début d’un morceau de musique)
NAFISSA ISMAIL
Aujourd’hui, mon programme de recherche se concentre vraiment sur essayer de prévenir les troubles de santé mentale qui commencent pendant l'adolescence. On sait aujourd’hui quand on regarde les données épidémiologiques, que 75 % des cas de dépression à l'âge adulte ont débuté pendant l'adolescence.
C'est pour ça que de mon côté, avec mon équipe de recherche, avec mes étudiants, on a développé un modèle de souris qui nous permet d'examiner plus les mécanismes fondamentaux.
Alors chez les souris, on va venir collecter un échantillon de sang puis on va mesurer l'hormone de stress qui est le corticostérone qu'on retrouve chez les souris et les rats. C’est l'hormone de stress. C'est l'équivalent du cortisol qu'on va retrouver chez l'humain.
ANIMATRICE
(Fin du morceau de musique)
On sait en effet qu’à l'adolescence, le cerveau est complètement en train de se réorganiser en préparation pour l'âge adulte. C’est une période de la vie durant laquelle certains circuits neuronaux mûrissent. Cela rend les jeunes adolescents vulnérables, et ce qui se passe autour d’eux d’autant plus décisif.
NAFISSA ISMAIL
C'est pour ça que quand il y a du stress qui arrive pendant cette période critique-là, ça crée non seulement une augmentation de l'hormone de stress, mais ça vient aussi activer le système immunitaire, ce qui est quand même un peu mélangeant parce que souvent, on a tendance à penser que, quand l'axe de stress est actif, le système immunitaire est affaibli. Et puis c'est ça qu'on veut. Ça c'est une bonne réponse au stress.
Mais ce qu'on voit, c'est que souvent, pendant la puberté ou quand on est exposé à du stress chronique, c'est l'inverse qui va se passer. Alors, au lieu de supprimer le système immunitaire, le système immunitaire devient plus actif. Et là, on va retrouver de l'inflammation dans le corps, mais aussi de la neuro inflammation dans le cerveau.
Et c'est cette neuro inflammation-là qui va venir contrer la maturation des circuits neuronaux dans le cerveau.
ANIMATRICE
La neuro inflammation est ce que des chercheuses de l’Université du Québec à Trois-Rivières ont appelé « Dr Jekyll ou Mr Hyde ».
Elle se produit lorsque les cellules immunitaires alertent l’organisme d’un danger dans le système nerveux.
Cela permet donc à notre organisme de déclencher une réaction contre l’agresseur.
Dans ce cas, une réponse neuro inflammatoire est une bonne chose car elle protège le cerveau.
Mais il semblerait que le stress puisse induire les cellules immunitaires en erreur. Celles-ci se mettraient alors à attaquer le cerveau, au lieu de le protéger.
Dans ces conditions, quelle partie de notre corps pourrait réparer les dégâts?
NAFISSA ISMAIL
(Début d’un morceau de musique)
Mais ce qu'on voit, c'est que les bactéries qui se trouvent dans notre estomac et dans nos intestins, le microbiote intestinal qu'on appelle… Ce microbiote-là, joue un rôle important et vient médier les effets du stress sur le cerveau. De sorte que si on est capable de coloniser le microbiote intestinal avec des bactéries qui sont anti-inflammatoires, on est capable de venir contrer les effets du stress sur le cerveau et venir prévenir les troubles de santé mentale à cet âge-là.
Puis là à nos souris, on donne simplement un traitement de deux semaines avec des probiotiques et c'est suffisant pour venir protéger leur flore intestinale et aussi protéger le cerveau des troubles de santé mentale suite à une exposition à un stresseur.
On n'est pas rendu au point où on peut dire que, okay, les probiotiques, c'est vraiment ce que ça nous prend, on a encore beaucoup de travaux à faire là-dessus. Mais ce que la recherche nous démontre, c’est qu'il y a une possibilité de prévenir les troubles de santé mentale pendant la puberté et l’adolescence.
(Fin du morceau de musique)
ANIMATRICE
Du point de vue de la régulation du stress, c’est donc une chance qu’on puisse influencer le microbiote intestinal tout au long de notre vie, même si… C’est à la naissance que tout se met en place...
Saviez-vous que le microbiote vaginal joue un rôle prépondérant dans la constitution du microbiote intestinal du nouveau-né et donc, sur le développement futur de son cerveau et de sa santé mentale?
Pour comprendre les éventuels facteurs de stress sur les enfants et les adolescents, on doit donc se soucier du microbiote humain dans son ensemble!
NAFISSA ISMAIL
Un domaine de recherche qu'on vient de commencer dans le laboratoire, c'est d'essayer de comprendre comment, chez la femme adulte, l'exposition à du stress ou à des infections, que ce soit de souche bactérienne ou virale, vont venir modifier le microbiote vaginal de la femme. Et comme on le sait, à la naissance du bébé, la colonisation de son microbiote intestinal se fait à travers le microbiote vaginal de la maman, quand c’est un accouchement vaginal.
Alors c'est très important, parce que c’est ce microbiote-là après, qui va venir programmer le développement du cerveau. Alors si le microbiote vaginal est déjà plein d'inflammation, on peut juste comprendre l'impact que ça va avoir sur les bébés à leur naissance.
Et puis on le sait que pendant la pandémie, il y a eu beaucoup de femmes qui ont accouché pendant qu’elles avaient le COVID, fait qu’elles étaient infectées avec le virus.
On sait qu'il y a eu un changement dans la flore vaginale et elles ont donné naissance à des bébés que maintenant on voit beaucoup de troubles neurodéveloppementaux chez ces bébés-là.
Alors aider à comprendre l'impact du stress, a pas juste un effet sur la génération qu'on étudie, mais c'est important de garder en tête que ça peut être des effets transgénérationnels aussi. Alors c'est pour ça que c'est important de pouvoir régler tout ça le plus rapidement possible.
(Début d’un morceau de musique)
On réalise aussi que, en neurosciences, on a passé beaucoup de temps à examiner le cerveau comme étant un organe isolé, oubliant que, il fonctionne à l'intérieur d'un corps et que peut-être il interagit avec les autres organes dans le corps aussi là. C’est maintenant qu'on commence à regarder le gut-brain axis (traduction : axe intestin-cerveau), l'axe du cerveau-du cœur, parce que là on réalise que tout ça travaille ensemble finalement.
Et puis je pense que c'est le fait qu'on n'a pas regardé ça plus tôt, qui a ralenti nos découvertes dans des traitements efficaces. Mais j’ai espoir que maintenant qu'on commence à prendre une approche plus globale, que ça va nous aider maintenant à développer des traitements qui vont être plus efficaces, plus rapidement.
(Fin du morceau de musique)
ANIMATRICE
De nombreuses personnes avaient vu cette conviction, doublée de ténacité, qui caractérisent Nafissa Ismail, et ces personnes l’ont appuyée.
NAFISSA ISMAIL
Pour qu'une femme puisse arriver là où elle en est, pour progresser sa carrière scientifique, on a besoin d'un réseau de soutien quand même assez important. Puis moi, j'ai été chanceuse d'avoir ce soutien-là, en commençant par mon superviseur de doctorat qui a été vraiment incroyable et instrumental. Je lui ai dit tout le temps que si ce n'était pas pour lui, j’serais jamais devenue professeure. Alors euh… Il m'a vraiment aidée, il m'a soutenue beaucoup, beaucoup. Et puis c'est lui qui m'a encouragée à aller faire mon post-doc au Massachusetts.
Et là, j'ai vraiment adoré travailler avec mon superviseur de post-doc. C'était un superviseur plus senior, alors il avait une expertise, une expérience qui était différente de mon superviseur de doctorat, mais qui se complétait très bien.
Il a réussi à m'apprendre à écrire scientifiquement [RIRES]. J'avais beaucoup de difficultés quand j'ai commencé comme étudiante, mais c'est vraiment lui qui… Je sais pas, sa façon d'expliquer, de, de… Je ne sais pas comment dire… Mais on dirait que ça l'a comme « décliqué » après avec lui et puis là j’étais oh oui! Là je… J'ai compris, je suis capable d'écrire.
(Début d’un morceau de musique)
Alors là, après, j'ai eu le poste ici à l'Université d'Ottawa, avant comme professeure adjointe. J'ai commencé à bâtir mon équipe de recherche avec des étudiants. Au début, j'avais juste des étudiants au bac, mais c'était des excellents étudiants. J'aurais pas pu demander une meilleure première équipe là. Ces étudiants-là m'ont vraiment aidée à établir le laboratoire, à… Au début, quand on commence dans le laboratoire, on n'a pas grand-chose, hein!
J'ai aussi eu un soutien incroyable de mes collègues ici à l'école de psychologie et plus spécifiquement dans le secteur de neurosciences. Alors ça aussi, ça m'a aidée à m'intégrer rapidement dans l'environnement à l'Université d'Ottawa. J'aurais pas pu demander un milieu plus collaboratif que celui-ci; c'est vraiment mes collègues ils m'ont guidée dans la rédaction des demandes de subventions. Ça, c'est quelque chose qu'on ne sait pas du tout quand on commence comme professeur, on n'a pas d'entraînement du tout-là. Il y a beaucoup de particularités. Fait qu’ils prenaient le temps de lire mes demandes, de donner du feedback, d’aider... Et puis, c'est vraiment grâce à eux que j'ai réussi à avoir mes premières demandes de subventions.
(Fin du morceau de musique)
Et puis aussi à guider hein? Quand on commence comme professeur, il y a tellement de choses qu'on doit faire en même temps pis, c’est le temps est très limité. Dans mon cas aussi, j'avais un bébé de un mois quand j'ai commencé mon poste. C'était beaucoup, beaucoup de choses à gérer en même temps. Puis, mes collègues sont venus à ma rescousse et puis ils disaient : « Là, pour l'instant, pour le premier mois, tu vas te concentrer sur ça. Et puis là, on va se concentrer sur ça, et là on va se concentrer sur ça. » Puis d'avoir ces priorités-là, on dirait que ça m'a aidée à devenir plus productive, sans me sentir trop envahie par toutes les tâches qui se présentaient en même temps. Alors je suis très reconnaissante de leur soutien.
ANIMATRICE
Nafissa Ismail est également très reconnaissante à ses parents, eux qui ont immigré de la République Démocratique du Congo au Canada en 1974 et n’ont jamais eu l'opportunité d'aller à l'université car ils devaient en priorité subvenir aux besoins de leur famille.
Malgré tout, ils estimaient que recevoir une bonne éducation était le passage obligé pour leurs enfants et ils ont tout fait pour.
(Début d’un morceau de musique)
NAFISSA ISMAIL
Je suis aussi très reconnaissante de ma famille. Euh… Quand on était très jeunes, moi, mon frère, ma sœur, là… Mes parents nous disaient tout le temps : « L'éducation, c'est important, là! Concentrez-vous, travaillez fort. » Alors, c'est quelque chose qu’ils nous ont poussés beaucoup. Et puis c'est grâce à eux que j'ai continué les études.
Et puis, bien sûr, mon mari, parce que quand j'ai commencé mon poste ici avec notre bébé de un mois, c'est lui qui en quelque sorte a pris un peu un back stage et dit « Bon bah, moi, je vais travailler de la maison. Il a décidé ça pour qu'on ait un peu plus de flexibilité pour notre fille et puis que moi je puisse être plus présente sur le campus dans mes travaux.
(Fin du morceau de musique)
Ça prend ce soutien hein? C'est important. Et puis, je pense que, en tant que femme, on a besoin de ce réseau-là, surtout dans le milieu scientifique, parce que c'est tellement compétitif.
On sait que la pandémie a eu un gros impact sur les carrières des femmes en sciences. Elles avaient non seulement leur travail, leurs recherches, leurs projets à gérer, mais elles avaient aussi les enfants à la maison, avec l'école à la maison, les gens malades à la maison. Puis toutes ces responsabilités-là, qu'on le veuille ou non, même au Canada, ont tendance à retomber sur la femme.
Et puis beaucoup de femmes, pendant la pandémie, ont décidé de laisser tomber les sciences, de laisser tomber leur poste. Et puis malheureusement, on n'en parle pas assez. On n'a pas pu faire grand-chose pour soutenir ces femmes-là, pis soutenir leur carrière scientifique. Alors c'est une réalité qui a besoin d'être soulignée, pis qu’on a besoin de voir qu'est ce qu'on peut faire : est ce qu'on peut développer ce réseau collaboratif, ce réseau de soutien qui va aider nos femmes et nos filles à progresser dans le domaine des sciences, puis à les encourager à poursuivre une carrière scientifique?
ANIMATRICE
Au-delà de ces aspirations à plus d’équité, quel serait le rêve de Nafissa Ismail?
NAFISSA ISMAIL
Bah… Mon rêve, ce serait vraiment que, on… progresse vers une médecine beaucoup plus précise que ce qu'on a en ce moment. On réalise que même au niveau des médicaments efficaces qu’on a, plusieurs ont des effets secondaires. Certaines personnes vont développer des effets secondaires à ces médicaments-là, pis d'autres non. Alors j'aimerais beaucoup qu'on puisse prédire en quelque sorte la probabilité qu'une personne va démontrer certains effets secondaires suite à une médication comparativement à une autre médication.
J'aimerais qu'on puisse par exemple prendre un patient, regarder le profil de son microbiote et puis dire : « Bon! D'après ton profil ce traitement-là va être plus efficace et va mener à moins d'effets secondaires que cet autre traitement qui est également disponible. »
Même chose pour les femmes aussi. Leur dire : « Bon! En regardant ton microbiote, si tu prends cette formule de contraceptifs oraux, t'as plus de chances de développer de la dépression, mais prends ceux-là à la place pis ça va aller beaucoup mieux, pis ça va être mieux pour ta santé mentale aussi, puis pour ton cerveau. » Alors c’est de se dire qu'on n’est plus dans ce monde où c’est « one size fits all » ou « one medication fits all »… On a vraiment besoin de passer au-delà de cette façon de penser et puis de se dire : « Bah, regardons la personne et puis tout ce qui se passe à l'intérieur d'elle avant de lui prescrire un médicament », au lieu de prescrire et puis après, de regarder ce qui se passe là, est ce qu'on ajuste ou pas? Est ce qu'on change ou pas? C'est, c’est ce que j'aimerais voir éventuellement.
Puis au niveau de ma recherche plus précisément, j'aimerais tellement qu'on se rendre à un niveau où on est capable de vraiment prévenir les troubles de santé mentale pendant la puberté et l'adolescence. On voit que quand nos jeunes développent des troubles de santé mentale, ça l’a un impact significatif sur leur qualité de vie, sur leur habilité de socialiser, sur leur performance académique. Alors, si on arrivait à prévenir tout ça très tôt dans le développement, on améliorerait vraiment leur qualité de vie.
ANIMATRICE
L’ancienne première dame des États-Unis, Michelle Obama, a écrit dans son livre Devenir : « On peut vivre dans le monde tel qu’il est, mais cela n’empêche pas de tout faire pour créer le monde tel qu’il devrait être. »
C’est ce que font les chercheurs et les chercheuses.
Sans la science avec un grand « S » donc, point de salut!
Mais… du point de vue personnel et individuel et ce, malgré tous les impondérables auxquels chacun doit faire face, que pouvons-nous faire?
NAFISSA ISMAIL
(Début d’un morceau de musique)
C'est sûr que ce qui se passe autour : les autres, l'environnement… C'est des choses qui sont hors de notre contrôle et puis on ne peut pas changer grand-chose à ça. Sauf que, en tant que personne, en tant que jeune, on peut essayer de développer une certaine résilience. Parce que ce qu'on voit, c'est que un facteur qui est perçu comme un stresseur à une personne, va pas nécessairement être perçu comme un stresseur pour une autre personne. Fait que c'est vraiment aussi comment nous, on interprète cette situation-là.
C'est sûr que ça dépend de beaucoup de choses. Ça dépend de notre génétique, ça dépend de nos expériences antérieures, de notre personnalité, etc. Alors il y a beaucoup qui vient jouer en compte bien sûr dans tout ça.
C'est difficile à faire, mais parfois ça l'aide d'essayer de trouver un petit positif dans ce contexte qui nous semble très stressant. Puis des fois, quand on est capable de changer un peu notre interprétation, bah on voit que ça l'aide à diminuer le stress, à gérer la situation et aussi à développer une certaine résilience.
J'aime pas beaucoup quand j'utilise ce mot « résilience »-là, parce que j'ai l'impression que je dis que certaines personnes sont résilientes, pis d'autres non. Mais dans le fond, ce que j'essaye de dire, c'est que, y’a certains mécanismes qu'on peut mettre en place qui vont nous aider à mieux gérer la situation de stress. Puis c’est aussi important de pas percevoir tout facteur de stress comme étant négatif, parce qu'il y a certains facteurs de stress qui sont très importants, puis on en a besoin! C’est important parce que ça nous permet de nous concentrer, de mettre de la priorité sur certaines tâches, certaines activités, puis de progresser dans la vie comme ça.
ANIMATRICE
(Fin du morceau de musique)
Pour éviter le stress chronique causé notamment par les relations toxiques, l’intimidation, les abus, la violence psychologique, il existe en effet certaines techniques que l'on peut apprendre à mettre en place.
Nafissa Ismail donne d’ailleurs des conférences publiques pour partager certains outils qui sont connus pour aider à gérer le stress, tant chez les jeunes que chez les adultes.
Et sur le plan personnel, quels sont les outils qu’elle-même utilise au quotidien?
NAFISSA ISMAIL
Moi j’dirais que c'est ma passion pour ma recherche [RIRES] qui, dans un sens, me déstresse. Mais ce que je dois me rappeler, c'est de dormir à une heure plus adéquate parce que j'ai tendance à travailler des très longues heures, même le soir. Pis après, je me réveille fatiguée le matin, puis là, la fatigue s'accumule au courant de la semaine. Faque c’est de se dire aussi que quand on dort, c'est pas nécessairement un retard qu'on prend sur notre travail, mais plutôt un bénéfice pour notre santé, pis éventuellement notre productivité aussi, parce que, plus on est reposé, bah plus on arrive à mieux réfléchir aussi là! Alors ça, c'est un aspect sur lequel j'ai besoin de travailler. C'est important d'avoir une bonne « routine » avant le dodo-là, pour mieux se préparer au sommeil, mieux préparer notre cerveau au sommeil pour dire que bon, là, on dort, alors on arrête de réfléchir un petit peu [RIRES].
(Début d’un morceau de musique)
ANIMATRICE
On peut trouver cela rassurant qu’une professeure à l'École de psychologie puisse avoir tendance elle aussi à faire de la rumination mentale…
Donc la recette gagnante pour une bonne santé mentale, ce serait un réseau de personnes alliées qui veulent notre bien, une profession passionnante, et beaucoup de sommeil?
NAFISSA ISMAIL
Oui, c'est ça! Puis chaque personne est différente, alors de faire ce qu'on aime aussi hein! C'est important d'avoir ce petit moment-là, à tous les jours, que ce soit un 30/45 minutes, qu'on va venir vraiment se calmer, se déconnecter un peu de ce qui se passe.
ANIMATRICE
Bien qu'il n'existe pas de solution qui fonctionne pour tout le monde comme elle l’a dit, on peut suivre ces bons conseils.
Souhaitons par ailleurs à Nafissa Ismail qu’elle demeure portée par sa bienveillance, son dévouement et sa passion pour la recherche, afin qu’elle concrétise l’atteinte de son objectif le plus cher : soulager le plus grand nombre de personnes qui souffrent de stress et de troubles mentaux.
Vous avez écouté un balado produit par la Fondation canadienne pour l’innovation.
La FCI est un organisme à but non lucratif qui verse des fonds aux universités, collèges, hôpitaux de recherche et établissements de recherche à but non lucratif du Canada, pour qu’ils investissent dans l’infrastructure de recherche.
Si vous voulez en savoir plus, consultez notre site Web : innovation point C. A.
Je m’appelle Émilie Delattre. Merci d’avoir été à l’écoute.
À tout bientôt!
(Fin du morceau de musique)