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Comment faire le pas entre la recherche et le démarrage d’entreprise (webinaire de mars)

Deuxième partie de notre série de webinaires : Votre avenir – comment faire le pas entre la recherche et le démarrage d’entreprise. Dans ce webinaire, rencontrez la nouvelle génération entrepreneuriale qui partage leurs défis et leurs succès, passant du monde de la recherche à celui de l'entrepreneuriat. Visionnez la vidéo pour bénéficiez de leur conseils précieux sur la façon de démarrer votre propre entreprise.

* Note : Le webinaire a été présenté en anglais avec une interprétation simultanée en français.

***La transcription originale de cette vidéo a été préparée en anglais par un prestataire externe à la FCI, puis traduite à l’aide d’une plateforme numérique. La FCI ne garantit ni l’exactitude ni la fiabilité de la transcription ou de la traduction de chaque mot.***


ANIMATRICE DE LA FCI : SOPHIE ROSA

Alors bonjour! Bonjour à tous et bienvenue au webinaire « Votre avenir : Comment faire le pas entre la recherche et le démarrage d'entreprise? » This webinar will be in French but we have simultaneous translation available if you wish so please click on the little icon at the bottom, it’s either three dots then look for the planet icon to access interpretation. Alors bonjour, je m’appelle Sophie Rosa et je suis gestionnaire du rayonnement et des relations avec les parties prenantes à la Fondation canadienne pour l'innovation ou comme nous l'appelons généralement la FCI.

 

Alors tout d'abord, j'aimerais mentionner que la FCI reconnaît respectueusement la relation traditionnelle que les Premières Nations, les Inuit et les Métis du Canada entretiennent avec la Terre que tous les Canadiens partagent.

 

Avant de commencer, j'aimerais vous parler un peu de la FCI et pourquoi nous organisons cette série de webinaires. Alors, la FCI , c'est un organisme de financement qui investit dans les laboratoires de recherche, dans des équipements et dans des installations sur les campus à travers le Canada. Cela va de séquenceur d'ADN et de microscope électronique aux infrastructures à plus grande échelle, telles que les réseaux de suivi des océans et les navires de recherche. Bref, nous avons financé plus que… plus de 13 000 projets en 28 ans et vous pouvez donc imaginer qu'un grand nombre des projets de recherche auxquels vous pouvez penser au Canada utilisent probablement l'infrastructure que nous avons financée.

 

Alors les investissements que nous réalisons permettent d'attirer les meilleurs chercheurs au Canada et de les préparer à devenir des leaders mondiaux dans leur domaine. Alors, cet accès à des laboratoires et à des outils de recherche de pointe leur permet de relever les nouveaux défis tels qu'une pandémie, l’insécurité alimentaire ou le changement climatique, et bien sûr bien d'autres.

 

Alors pourquoi ces webinaires? Eh bien, les laboratoires que nous soutenons servent également d'incubateurs à des entreprises audacieuses. Puis ce sont ces espaces où les étudiants de premier… de premier et de deuxième cycle mènent des recherches, rencontrent des mentors et s'efforcent de transformer leurs idées de recherche en entreprises florissantes. En fait, chacun des panélistes que nous accueillons aujourd'hui a étudié ou travaillé dans un laboratoire financé par la FCI. Et en tant qu'organisation, nous reconnaissons la valeur de ces opportunités et espérons inspirer les étudiants à voir la même chose. 

 

Alors pour le déroulement de la discussion, nous allons laisser autant de temps que possible aux panélistes pour répondre à vos questions vers la fin. Et si vous pensez à une question pendant que vous écoutez la discussion, n'hésitez pas et écrivez là dans la section Q&A dont l’icône se trouve dans le bas de votre écran et on va essayer d'y répondre autant que possible pendant le temps que nous avons ensemble. 

 

Alors passons maintenant la parole à notre animatrice Livia Gabou. Livia dirige les initiatives entrepreneuriales du Centre d'entrepreneuriat de l'École des sciences de la gestion de l'Université du Québec à Montréal et ce centre soutient les étudiants, les diplômés et aussi la société québécoise en général.

 

Elle a… Livia a créé aussi… crée aussi des partenariats pour favoriser des entreprises innovantes et elle est responsable… innovantes et responsables pardon! Alors, à l'écoute du milieu des affaires, elle facilite aussi l'accès aux ressources essentielles pour réussir dans l'écosystème entrepreneurial québécois. Alors, assez… assez pour moi là, Livia, la parole est à toi, je te laisse le micro. 

 

 

MODÉRATRICE : LIVIA GABOU

Merci beaucoup Sophie et la FCI de m'inviter aujourd'hui pour modérer ce webinaire très intéressant.

 

En effet, au centre donc, on accompagne beaucoup les étudiants. On rencontre justement des étudiants de différents profils avec différents niveau d'études. Et c'est sûr que les chercheurs et les doctorants sont aussi des étudiants extrêmement intéressants avec lesquels on aime travailler parce que souvent à la clé, il y a de très très beaux projets entrepreneuriaux qui sont réalisés. Donc aujourd'hui, on va rencontrer justement trois panélistes différents, avec des profils différents qui vont venir nous partager leurs expériences.

 

Donc, pour les présenter, vous avez Caroline Boudoux, cofondatrice de Castor Optics, une entreprise spécialisée dans la fabrication de composants et de modules sur mesure en fibre optique basée à Montréal.

 

Vous avez également Frédéric Leblond, cofondateur de Reveal Surgical, une entreprise basée à Montréal qui développe la technologie Sentry utilisant un phénomène optique dans le domaine médical. 

 

Et vous avez également Sean Tassé, fondateur et vice-président de Lemny, situé également à Montréal, gestionnaire de projets de construction, avocat et ingénieur. Il a créé et développé des entreprises qui lui ont permis d'acquérir une expertise en droit de la construction. 

 

Alors, pour davantage connaître les panelistes, je vais les laisser se présenter quelques minutes pour décrire leur parcours entrepreneurial et davantage leurs profils. On va commencé avec Caroline. 

 

 

PANÉLISTE 1 : CAROLINE BOUDOUX 

Bonjour à toutes! Bonjour à tous, Merci Livia. Merci à la FCI de nous recevoir. Mon nom est Caroline Boudoux. Je suis professeure titulaire au département de génie physique de Polytechnique Montréal. J'ai fait mon parcours, j'ai fait mes études à l'Université Laval en génie physique, au baccalauréat. Ensuite, je me suis exportée quelques années. J'ai fait mon doctorat dans un programme conjoint entre le MIT et… Oh! Excusez moi, je viens d'avoir un petit pop-up ici… pardon. Donc je fais, j'ai fait mon doctorat dans un programme conjoint de MIT et de l'École de médecine de Harvard aux États Unis où j'ai travaillé sur l’optique biomédicale avec les composants qui existaient à l'époque et en remarquant qu'on pouvait améliorer chacune de ces composantes là pour faire de meilleurs appareils, je suis revenue à Montréal, à Polytechnique où j'ai démarré mon laboratoire en 2007 et c'est en 2013 qu'on a fondé, avec Nicolas Godbout, cofondateur, et Alex Cable, le fondateur de Thorlabs, une grosse multinationale, et Normand Brais, on a fondé l'entreprise, la société Castor Optics, qui a licencié, qui a pris des licences finalement, sur les brevets qu'on avait à Polytechnique Montréal. Et depuis, on a des brevets qui continuent à être créés dans mon laboratoire avec des installations, de la FCI. Et Castor contribue à sa propre recherche aussi. Donc essentiellement, maintenant, je mène un peu deux laboratoires, un plus fondamental à Polytechnique et un plus appliqué au sein de Castor Optics.

 

 

MODÉRATRICE : LIVIA GABOU 

Parfait. Frédéric?

 

 

PANÉLISTE 2 : FRÉDÉRIC LEBLOND

Oui et bien, bonjour à tous, Merci d’être là aujourd’hui. Merci à la FCI d'avoir organisé l’événement. Moi je suis aussi professeur titulaire à l'École Polytechnique de Montréal, dans le département de génie physique et aussi chercheur au Centre hospitalier de l'Université de Montréal. Mes laboratoires sont aux deux endroits donc on a deux plateaux de recherche. Puis, mon parcours ressemble un peu à celui de Caroline. J'ai fait un… en fait j'ai fait un baccalauréat en génie physique à Polytechnique. Cependant, par la suite, j'ai fait un doctorat en physique théorique, donc c'est quelque chose qui m'a amené dans une direction un peu différente de ce que je fais en ce moment. Donc j'ai appris des choses qui sont intéressantes et utiles, mais complètement différentes de mon domaine actuel. Par la suite, j'ai fait un doctorat justement en théorie des cordes, un post-doc à l'Université de Chicago, puis par la suite, j'ai eu un séjour en entreprise à Montréal, dans une compagnie d'imagerie médicale pour laquelle j'étais chef d'équipe pour le développement d'algorithmes mathématiques de tomographie optique. Là, on pourra en dire long sur ce domaine-là. Puis, par la suite, j'ai été engagé comme professeur à Dartmouth, qui est une université au sud de la frontière, aux États Unis. J'ai été professeur cinq ans là-bas. Après, j'ai été recruté à Polytechnique Montréal. Puis à Dartmouth, ce qui m'a amené un petit peu dans l'entrepreneuriat, j'étais financé par les Instituts nationaux de la santé des États-Unis pour me faire transitionner des sciences quantitatives vers la médecine. Donc, j’étais un ingénieur qui voulait aller vers la médecine, donc j'ai eu une subvention pour aller travailler là-dedans et mon mentor, c'était un neurochirurgien, m'a montré les aspects, je dirais plutôt pratico pratiques, de comment rendre nos recherches utiles dans le domaine de la santé. Puis je parlerai peut être de mes entreprises tout à l’heure, j’ai dépassé un peu le temps déjà prescrit.

 

 

MODÉRATRICE : LIVIA GABOU 

Parfait, et bien merci beaucoup Frédéric. Et Sean?

 

 

PANÉLISTE 3 : SEAN TASSÉ

Bonjour tout le monde. Merci d'être là. Merci à la FCI pour l'organisation de l'événement. Donc mon nom c’est Sean Tassé. J'ai un parcours scolaire où j'ai passé par l’ETS, donc l'École de technologie supérieure. J'ai fait un bac en génie de la construction pour ensuite aller travailler comme gestionnaire de projet pour différents développeurs immobiliers dans la région de Montréal. Pendant ce temps-là, j'ai continué à faire mes études en droit, donc j'ai fait mes études le soir à l'UQAM pour aller chercher dans le fonds mon titre d'avocat, avec l'intérêt évidemment de mélanger le droit et la construction, qui sont aujourd'hui des domaines qui sont très qui cohabitent sur tout chantier de construction. Donc j'ai travaillé pour différents entrepreneurs généraux. Et puis la pandémie est arrivée et concours de circonstances... Mon employeur à l'époque a licencié certaines personnes. Et puis ça m'a forcé à tomber dans le monde de l'entrepreneuriat. Donc, j'ai débuté avec des associés à ce moment-là, deux entreprises qu'on a vendu : une entreprise en retail en ligne, puis une entreprise en technologie que je pourrai parler un petit peu plus tard… Pour ensuite revenir à la suite au monde de l'entreprise générale et au monde de la construction pour fonder en 2022 Lemny, qui est une entreprise que j'ai fondée avec deux autres ingénieurs de l’ETS, donc on fait dans le fond de la construction multirésidentielle lourde donc des tours à condos dans la région de Montréal pour différents promoteurs immobiliers. Je suis aussi chargé de cours à l’ETS où j'enseigne le cours de gestion des contrats de construction. Donc un cours de cheminement standard qui mélange dans le fond l'ingénierie et le droit, donc qui est vraiment mon champ d'intérêt.

 

 

MODÉRATRICE : LIVIA GABOU 

Parfait. Merci beaucoup à vous trois. Donc comme vous le voyez, on est présentement à accompagner de panélistes avec des profils assez divers, mais aussi avec énormément études derrière tous ces profils. Présentement, je vais vous poser quelques questions qui vont permettre de découvrir un petit peu comment vous avez fait pour arriver là où vous êtes aujourd'hui, et aussi pour expliquer davantage la valeur de vos entreprises et de vos projets d'entreprise aujourd'hui au Québec.

 

Alors, la première question : pouvez-vous nous faire part d'un moment décisif dans votre parcours d'entrepreneur? Qu'est-ce qui vous a incité à franchir le pas et à créer votre entreprise et quelles sont les étapes que vous avez suivies pour…  Pour vous préparer à créer une entreprise? Donc Caroline, à toi… la première. 

 

 

PANÉLISTE 1 : CAROLINE BOUDOUX 

En fait, on a eu un moment assez clé. On est allés en conférence la première fois quand on avait notre première publication à propos de ces coupleurs-là. Donc évidemment on les brevette puis ensuite on se permet d'aller en conférence. Grosse conférence internationale. Et puis quand mon étudiant donne sa présentation, il y a cinq personnes dans la salle qui viennent nous voir après en disant : C'est vraiment intéressant, c'est novateur, on serait curieux si on pouvait, voir si on peut jouer avec ça, est-ce qu’on pourrait en avoir un. Pis à l'époque, on s'était dit on va en faire cinq, on les envoie à cinq endroits dans le monde, puis on va voir. Ça va nous donner une idée de… nous on aime bien jouer avec ça, mais est ce que les autres, dans leurs applications, dans leur laboratoire, est ce que c'est utile et utilisable? Hein? Ça prend les deux. Et puis l'année suivante, nous on retourne à cette conférence-là avec un deuxième prototype, donc une amélioration. Mais les cinq chercheurs qui nous ont contactés à la première édition vont dans leur conférence respective et là encore une fois, cinq personnes lèvent la main… Mais là, on est rendus à 25 et , très rapidement, on se rend compte que c'est pas soutenable. On n'a pas besoin de faire beaucoup de calculs, d'aller dans la théorie des cordes… J’pense que Frédéric t’es d’accord… que si on rentre dans ce régime exponentiel-là, rapidement, on pourra pas juste dire : on va le faire sur le coin du laboratoire, puis les envoyer avec les… Donc c'est… Ça, ça a été un des points tournants de se dire : l'impact, c'est sympa d'avoir un nouveau bidule dans notre laboratoire, dans le laboratoire de nos amis. Mais sans manufacturing de masse, sans être capable de vraiment l'envoyer partout puis de le rendre disponible, l'impact est limité. Donc c'est à ce moment-là qu'on a rapidement songé à mettre quelque chose sur pied. 

 

 

MODÉRATRICE : LIVIA GABOU 

OK. Frédéric, pour toi?

 

 

PANÉLISTE 2 : FRÉDÉRIC LEBLOND

Moi, c'est un exercice que j'ai fait, initier les efforts liés à l'entrepreneuriat de mon côté, puis à la commercialisation, avec beaucoup de réticence d’un certain point de vue. C’est-à-dire que c'est suite à avoir réfléchi beaucoup sur comment j’peux avoir un impact… Je dis « je » mais… Comment on peut avoir un impact justement sur la société, sur les gens qui nous entourent. Puis, puis, à un moment donné, on était, on peut dire que nous sommes tous bons en recherche, les chercheurs québécois, canadiens. Puis l'idée, c'est comment on s'y prend justement pour avoir cet impactlà et qu'est ce qui est requis? Puis est ce que c'est moi la bonne personne pour initier ces étapes-là et quel serait mon rôle là-dedans? Ce que j'ai compris à un moment donné, c'est que le rôle du professeur qui devient à un moment donné professeur-chercheur-entrepreneur, bah il est très important dans la chaîne d'innovation. Bah, en tout cas pour le genre de technologie que moi je développe dans mon laboratoire, c'est-à-dire des technologies qui ne cessent pas d'évoluer et d'avoir besoin d'évoluer le jour où on décide de les commercialiser. Donc on doit initier certaines étapes, puis si on découple le… on va dire les fondateurs, les chercheurs initiaux de cet effort-là, bien malheureusement, dans beaucoup de cas, ça ne fonctionnera juste pas, pis on le sait déjà. On pourrait déjà le dire au début de l'aventure. Ça fait que c'est un peu comme ça moi que je suis arrivé avant de réaliser, avec mes expériences, justement avec mon mentor neurochirurgien à Dartmouth, après un peu, c'est quoi que ça prenait pour rendre la recherche utilisable d'un certain point de vue, pourquoi il fallait vraiment favoriser des développements technologiques. On peut avoir des… j’dirais comme laboratoire, des développements plus fondamentaux avec un impact plus lointain, puis des choses plus pratico pratiques, avec un impact plus court terme. Puis c'est cet aspect-là sur lequel j'avais travaillé à ce moment-là qui m'a permis de comprendre un peu comment on doit, qu'est-ce qu'on doit favoriser comme activités de recherche pour avoir un impact rapide? Puis quel sera moi mon rôle? Et puis je dois bien l’comprendre. Ça, ça a été mon grand défi, c'est de comprendre « quel est mon rôle? ». Mon rôle ce sera pas de lever des fonds, ce ne sera pas de… Tu sais, il y a des choses qu'on ne peut pas tout faire, puis y a des choses qu’on est moins, on va dire, moins bon à faire. Puis on doit vraiment se greffer à nos équipes, les bonnes expertises, dans le fond.

 

 

MODÉRATRICE : LIVIA GABOU

Ok. Puis au final, c'était qui qui a chapeauté l'ensemble, c'est à dire à la fois tout le… toute la réflexion pour savoir : bah moi je dois faire ça, je dois passer à telle étape, ect. C'était qui l'intervenant qui vous a permis de cheminer dans toute cette réflexion?

 

 

PANÉLISTE 2 : FRÉDÉRIC LEBLOND

Euh. Souvent, dans les différentes entreprises, je dirais que la clé de voûte était vraiment liée à trouver, ou bien quelqu'un qui peut jouer le rôle d'exécutif au niveau des opérations, un professionnel ou une professionnelle chevronnée, ou bien d'agir comme mentor de quelqu'un qui va… qui le devient tranquillement. Les deux… Nous avons fait les deux dans le cadre deux de nos deux entreprises. Puis c’est des parcours complètement différents. Mais on a besoin de cet effort d'encadrement-là qui est donné par quelqu'un je dirais qui est à temps plein en fait sur l’effort.

 

 

MODÉRATRICE : LIVIA GABOU

Parfait. Sean, toi, c'est comment ça s'est passé?

 

 

PANÉLISTE 3 : SEAN TASSÉ

Moi, c'est très différent dans le fond. J'ai toujours eu un intérêt pour l'entrepreneuriat, j’veux dire depuis que je suis tout jeune, j'avais toujours comme idée que j'allais travailler pour moi même éventuellement. Mais venant d'une famille qui principalement, c'est des médecins. l'éducation était quelque chose qui était très valorisé chez nous. Donc je me suis donné comme objectif que j'allais étudier jusqu'à 30 ans comme un médecin fait. Fait que ce que j'ai décidé, c’est d'étudier en génie, puis ensuite d'aller en droit? Donc j'ai fait beaucoup d'études, beaucoup de recherche de premier cycle si vous voulez, beaucoup d'applications. Tu sais à l’ETS on fait plein de différents laboratoires, pleins d'essais et tout ça… Donc beaucoup de connaissances. Puis j'ai travaillé dans le fonds, à temps plein durant mon bac en droit, pour gagner une expertise sur le marché du travail comme gestionnaire de projets. Puis, comme j'ai mentionné tantôt, la pandémie est arrivée, puis l'employeur que j'avais pris la décision de congédier une grande partie de ses ressources humaines par crainte, dans le fond, il nous a dit : Prenez… On vous laisse aller et on va vous reprendre dans une couple de semaines. Pour moi, à ce moment-là, j'avais un bac en génie, de l'expérience, j'étais membre de l'Ordre des ingénieurs. J'avais mon titre. J'avais mon bac en droit de fait, j'étais pleinement éduqué, puis là y a quelqu'un qui a décidé pour moi que je… je valais plus de dollars que je rapportais. Puis tu as plus de job. Et ça, ç'a été une grosse claque en plein face pour moi. Pis c'est à ce moment-là très précis, que j'ai décidé que ça allait jamais arriver à nouveau, pis que j'allais entreprendre mes propres démarches comme entrepreneur. Je suis convaincu que ça prend ce moment-là d’arrêt-là pour pouvoir réfléchir, faire des idées, puis commencer à s'orienter vers un projet que vous êtes passionné et que vous voulez entreprendre comme entrepreneur. Puis, ce que j'ai fait, c'est que je me suis retourné vers des personnes, en fait deux frères, avec qui j'avais travaillé pour leur père. Le père était, bah euh… est encore promoteur immobilier. Puis les deux fils avaient environ mon âge. Et puis je me suis lié d'amitié avec eux autres. Puis, quand j'ai…  j'ai été mis à pied, on a commencé à brainstormer sur des idées et on a trouvé une idée qu'on allait lancer une entreprise de masques réutilisables. Ça c’était au début, début de la pandémie. Et d'être entouré de ces deux personnes là, que leur père est un entrepreneur depuis toujours, puis que eux, autour de la table pis au parté de Noël, ils parlent pas de médecine, Ils parlent d'entrepreneuriat constamment. Eux autres. C'est clair, net et précis pour eux autres qu'il n'y a pas deux chemins dans la vie. C'est, t’es un pis ça finit là. Être entouré de ces deux personnes-là m'a permis… Pis de lancer cette entreprise-là... On a vendu pour 3,5 millions de dollars de masques réutilisables en un an. On, on avait le shopify le plus… qui roulait le plus de l'année. Ç'a été des défis de logistique, des défis d'approvisionnement, tout ça. Mais j'ai tellement appris durant cette période-là. Je savais que je n'allais pas vouloir avoir un magasin en ligne pour le restant de ma vie. Mais l'expérience de se lancer dans l'entrepreneuriat m'a permis d'avoir toutes les… au moins une partie des outils que j'avais besoin pour ensuite me lancer dans l'entreprise que je savais que j'allais garder pour les prochaines années.

 

 

MODÉRATRICE : LIVIA GABOU

Intéressant l'entrepreneuriat qui arrive comme ça à point nommé et on ne l'avait pas prévu. Nan, c'est… intéressant!

 

Vous avez eu tous l'occasion de travailler dans les laboratoires et avec des équipements de pointe. Qu'avez-vous retiré de cette expérience en termes de nouvelles compétences ou d'idées qui ont servi de base à vos projets d'entreprise? Frédéric Je te laisse commencer?

 

 

PANÉLISTE 2 : FRÉDÉRIC LEBLOND

Ah? Eh bien merci beaucoup. Tu sais, comme professeur d'université, je pense que les gens qui sont ici doivent le savoir, les équipements de nos laboratoires sont financés par la FCI. Donc ça nous donne… On peut… Ça nous donne la possibilité de faire plusieurs choses évidemment avec ces instruments-là. Donc ça, ça, on peut pas tester des idées par exemple. [INAUDIBLE] Je pense que des entrepreneurs qui sont ici vont probablement être d'accord avec le fait que, avant que toute chose marche, il faut en essayer une centaine! [RIRES] Donc par exemple, beaucoup de nos compagnies sont beaucoup articulées autour des données. Donc amasser de larges ensembles de données, afin de faire les preuves de concept de différentes choses. Dans notre cas, c’est développer des tests diagnostiques [INAUDIBLE] de données. Les équipements de la FCI nous permettent… Les équipements en fait de la FCI nous permettent de développer les outils pour aller acquérir ces données-là, nous permettent de… d'aller chercher du financement autour de ça pour payer notre personnel, pour aller dans notre cas dans les centres hospitaliers, auprès des patients, pour aller chercher ces données-là. Et ensuite, de ça, on est à même de développer des modèles prédictifs par exemple, qui peuvent être utilisés dans le cadre de ces compagnies-là par exemple. C'est sûr que sans ça, on peut rien faire. Puis l'autre aspect qui est important, puis Caroline en a parlé un peu tantôt, elle a parlé de propriété intellectuelle. Dans notre secteur, avoir un portfolio de propriété intellectuelle fort, pour en amont de l'effort entrepreneurial est important, pour, pour des fins d'investissement, sécuriser des investissements entre autres, puis j’dirais assurer un chemin plus facile des innovations vers la commercialisation évidemment, mais aussi d'avoir ces équipements qui nous permettent d'acquérir des données. Ces données-là, souvent, sont difficiles à acquérir et ne peuvent pas être faites par d'autres personnes. Donc, la propriété intellectuelle d’un certain point de vue est important, mais d'être capable de courir rapidement pour ramasser des données, pour prendre de l'avance sur nos compétiteurs existants à haut potentiel est d'une valeur absolument inestimée. Donc c'est pour moi, c'est ça qui comptait beaucoup dans le développement de nos compagnies.

 

 

MODÉRATRICE : LIVIA GABOU

Caroline, tu voulais ajouter? 

 

 

PANÉLISTE 1 : CAROLINE BOUDOUX 

Bien oui. J'ai envie de rebondir sur ce que tu dis, Frédéric. On a démarré une compagnie il y a un peu plus de dix ans et on est en train d'en redémarrer une autre maintenant. Et c'est sûr que souvent, on achète de l'équipement pour une expérience donnée. Mais au fur et à mesure que les laboratoires font ça, on se crée un parc, hein? Autour de nous. Si bien, que là, j'ai un étudiant, qui… on est en train de faire un nouveau truc en fibre optique… puis il dit : je pense que ça peut servir à ça. Et là, le soir, on se dit bien comment… On le testerait bien. On aurait besoin d'un laser comme ça, un laser comme ça, puis un laser comme ça. Et là, on fait le tour de… et on finit par les trouver, mais en quelques jours. Et donc rapidement, on est capable de dire : ça marche, on essaie quelque chose! Et donc, de pas être obligé de… d'avoir accès à cet équipement-là à la fine pointe. On a aussi, dans mon laboratoire que j'ai acheté grâce à la FCI au début, c'est, un tour… Un tour pour faire des lentilles à pointe de diamant. C'est excessivement rare! Mais ça nous donne la flexibilité d'essayer des formes extraordinaires, de laisser libre cours à notre imagination, mais carrément! Puis, les étudiants d'ici apprennent avec les nouveaux équipements. C'est les cerveaux de nos étudiants d’ici. D'être capable de dire :  absolument que le ciel c'est la limite et plus. Pouvoir leur dire : si vous avez une idée, peut-être pas dans mon labo, peut-être pas juste dans le département, mais on regarde un peu dans le parc d'équipements au Québec, au Canada, puis on arrive toujours à trouver quelqu'un qui peut nous aider à rapidement tester une idée. Puis, si ça fonctionne, bah là, on peut… après ça dire OK, on va plus loin! Ou, de façon encore plus importante : tuer l'idée. Dire Oh! Ça fonctionne pas. Mais ça fonctionne pas parce que j'ai rabouté trois quatre affaires. Ça fonctionne pas, parce j'ai pris le meilleur instrument. Ça ne fonctionne pas. On tue l'idée. On passe à autre chose. Dans les deux cas, c’est critique. Et ça, on mentionnait plutôt que ça fait 28 ans la FCI, hein? Ça fait 28 ans qu'on accumule l'équipement de pointe au Canada et qu'on est toujours capable de trouver quelqu'un pour nous permettre de tester une idée, de continuer avec l'idée ou de la tuer, selon, selon les résultats. Et ça, c'est critique. 

 

 

MODÉRATRICE : LIVIA GABOU

OK. Très intéressant. Puis au niveau par exemple de toute la recherche justement que vous faites dans les laboratoires… En moyenne, si on devait découvrir, c'est combien de temps que vous mettez pour que… Bah il y a la recherche, puis après y a l'aspect commercialisation. En moyenne, ça met combien de temps quand on se perd dans des entreprises aussi innovantes?

 

 

PANÉLISTE 1 : CAROLINE BOUDOUX 

Je me lance?

 

 

PANÉLISTE 2 : FRÉDÉRIC LEBLOND

Vas-y Caroline!

 

 

PANÉLISTE 1 : CAROLINE BOUDOUX

Bah, y a le démarrage et ensuite y a la maintenance. Puis, je vais aussi dire : il y a le premier démarrage et ensuite il y a les autres. Donc j'ai eu la chance de démarrer la première compagnie de la co-créé avec Nicolas Godbout et avec des… tout de suite on avait des partenaires extraordinaires, des employés fabuleux. Mais au début, c'est clair que je faisais deux jobs temps plein en même temps parce [INAUDIBLE] Sean t’as mentionné quelque chose de super important. Tu dis je vais étudier jusqu'à 30 ans. Mais moi, je n'avais pas de MBA et je n'ai pas d'entrepreneurs dans ma famille. J'avais aucune idée. Donc, quand je dis que j'avais deux jobs à temps plein, ça veut dire que je faisais ma job de prof. Puis le soir – j'étais célibataire, pas d'enfants – fait que je faisais la job de « j'apprends c'est quoi l’entrepreneuriat » avec des mentors extraordinaires, qui ont pris le temps de vraiment répondre à nos questions puis tout ça… Fait que la première [compagnie], c'est comme si tu fais ton MBA en même temps que t'es… Donc la première compagnie, c'est deux jobs à temps plein. Après ça,

 

là, je me sens à l'aise pour dire : OK, on peut en partir d'autres, mais avec des étudiants et puis maintenant, c'est moi qui fais le mentorat. Fait que maintenant, les prochaines générations, c’est les étudiants qui partent [le projet] et moi je suis un peu le gérant d'estrade. Tu sais, je donne des guides un peu à gauche, un peu à droite, mais je vais jamais…Je peux pas faire trois compagnies… Tu peux pas faire trois jobs temps plein, maintenant avec une famille et tout ça, c'est autre chose. Mais au début… Puis au début aussi, j'avais le temps, fais que, tu sais, dans ce temps-là, tu mets le temps. Tu sais, j'avais aucune contrainte. Donc si fallait faire 8 h à l'université, plus 8 h chez Castor, c'était correct. Et maintenant… maintenant, un peu plus d'expérience donc je peux... Et aussi Castor est plus grosse. Castor, c'est une vraie boîte avec des vrais directeurs, des vraies directrices. Donc maintenant, je dirais que c’est quelques heures par jour sur Castor quand même. Mais ça, ça s'ajoute facilement à une job de prof plutôt que de dire 8 h et 8 h, ça c'était beaucoup. Frédéric ou Sean je veux pas euh… je vous laisse aller.

 

 

PANÉLISTE 2 : FRÉDÉRIC LEBLOND

Je vais laisser Sean, j’pense que c’est à son tour de parler, et puis j'aurais quelques ajouts par la suite.

 

 

PANÉLISTE 3 : SEAN TASSÉ

Je peux parler pour ce qui est des installations. Mais tu sais Frédéric, Caroline, moi je suis pas dans l'appliqué comme vous autres de recherche pure. Tout ce que je peux dire, c'est que dans mon cheminement scolaire, principalement l’ETS, d'avoir des situations… et c'est très pratique l’ETS là, pour ceux qui ne le savent pas, c'est un cheminement d’ingénierie et qui est différent de la Polytechnique ou Concordia. On est très appliqué avec des stages et tout ça; on fait beaucoup de laboratoire, beaucoup de travaux pratiques… Des installations, je me rappelle d'arriver à l’ETS et puis de dire : Wow, tout est neuf, tout est beau, tout est à la fine pointe. Et puis des expertises en enrobés bitumineux, des expertises en béton. Tu sais, c'est vraiment très, très impressionnant de voir les laboratoires puis de les vivre et de faire les laboratoires, puis d'être évalués sur tes rapports de laboratoire, de faire les différents essais, de les voir visuellement, de se créer devant toi, puis faire les constatations scientifiques devant toi… T'amène une manière de réfléchir qui est à mon avis unique. Moi, j'ai la conviction que tout le monde devrait faire un bac en ingénierie. J’trouve que c’est… Ça te permet d'avoir une manière de raisonner, une manière de réfléchir ou tu parcours l'ensemble des données qui sont devant toi, puis tu les prends, tu les organises dans une, dans une manière, pour ensuite trouver la solution que tu recherches. Puis je pense que c'est à l'aide de… justement… toutes ces situations de recherche de laboratoire, qui sont en fait dans ces parcours universitaires-là, qui permettent ensuite d'avoir les outils nécessaires pour être de bons entrepreneurs. C'est pas facile d'être un entrepreneur, c’est encore plus difficile d'être un bon entrepreneur et puis un entrepreneur qui a du succès. Je suis convaincu que d'être éduqué puis d'avoir ces expériences-là dans ces établissements-là, de fine pointe permettent d'avoir plus de succès en entreprenariat.

 

 

PANÉLISTE 2 : FRÉDÉRIC LEBLOND

Puis, Livia, pour répondre à ta question au niveau du temps, parce que… en complément de ce qui a été dit auparavant… ça dépend un petit peu. Les compagnies ont des événements dans leur vie qui vont, qui vont requérir différents apports de temps de quelqu'un, comme un fondateur ou une fondatrice par exemple. Tu sais comme le rôle, à un moment donné, on se tasse un peu, on laisse sa compagnie aller et puis il faut revenir, revenir de temps en temps là. Comme par exemple des crises avec des partenaires stratégiques qui ne peuvent être gérées que par des gens plus seniors des choses comme ça. Tu sais à un moment donné, ça peut être des mois-là, impliqué dans un dossier, pour aider la compagnie à ce niveau-là. Par exemple, un problème de financement, une contraction au niveau des employés, puis ramener la compagnie parce qu'il y a moins de [INAUDIBLE] dans la compagnie. Il faut revenir, il faut donner, il faut y contribuer plus… et c'est un petit peu ça. Donc Caroline parlait plus du début peut être? Mais après ça… Dépendamment du style de la compagnie. Nous c'est des compagnies médicales, donc c'est des produits médicaux, c'est long avant qu'on vende quelque chose. Fait que l'idée c’est que…  on dépend beaucoup de financement, de ronde de financement avant de passer… d'avoir franchi toutes les étapes réglementaires vers un produit. Donc il y a des étapes dans la vie de la compagnie où elle est comme un petit oiseau dans son nid tout seul qui sort de l’œuf. Et puis on peut se faire manger par n'importe qui. Fait que les fondateurs sont importants. Puis là, il faut mettre de cadres à ce moment-là.

 

 

MODÉRATRICE : LIVIA GABOU

Parfait. Puis tout parcours entrepreneurial comporte des défis. Quels ont été les principaux obstacles auxquels vous avez été confrontés lors du passage de la recherche à l'entreprise? Et comment les avez-vous surmontés? 

 

 

PANÉLISTE 3 : SEAN TASSÉ

Je pense que dans mon cas, moi, c'est sûr que de trouver la bonne équipe-là! [RIRES] Je me rappelle j’ai lu ça à quelque part, que pour partir en affaires, ça prend une idée, ça prend de l'argent, ça prend le bon timing et ça prend surtout une bonne équipe. Puis, les gens qui financent les projets regardent énormément l'équipe, la complémentarité dans l’équipe. Et puis, je vous dirais dans mes deux premières entreprises, j'ai vécu certaines frustrations, certaines situations qui m'ont permis que quand j'ai fondé Lemny avec deux associés, je savais exactement qu'est-ce que j'avais besoin comme partenaire pour avoir du succès dans l'entreprise que je cherchais. Puis, encore à ce jour, on est rendu à notre quatrième année en fonction. La communication entre les fondateurs pour arriver à livrer la marchandise, puis tu sais, s'assurer que tout le monde pagaie dans le même sens dans le bateau. Tu sais, tu veux pas que quelqu'un pagaie dans le sens différent? Ça, c'est quelque chose de très important. Et puis évidemment, l'argent, le financement… Tu sais, moi j'ai beau « [INAUDIBLE]» mes entreprises, qui veut dire que je les ai financées moi-même avec mes associés… Et puis tu sais on avait des stratégies nous autres, pour rentrer de l'argent très rapidement dans l'entreprise. Puis ce qu'on a fait, c'est principalement qu'on a vendu des services de consultation. On a vendu notre temps, fait qu'on avait un des cofondateurs qui vendait du temps qui ramenait de l'argent dans l'entreprise pendant que les autres continuaient à pousser l'idée générale, l'idée principale du projet. Donc, travail d'équipe pour essayer de rentrer de l'argent dans l'entreprise, pour permettre, dans le fond, de commencer à faire rouler la machine financière qui est critique dans le fonds, pour toute survie de l'entreprise.

 

 

MODÉRATRICE : LIVIA GABOU

Caroline?

 

 

PANÉLISTE 1 : CAROLINE BOUDOUX

En fait, on vient de voir avec Frédéric et Sean, deux modèles d'affaires complètement différents. Un où on va… Ça prend quelques années avant de vendre un produit et donc il faut financer. L'autre on est tout de suite, jour un, d’avoir des sous. Moi, c'est ce que… c'est ce que… Le plus gros défi, carrément, c'était de nous convaincre de partir une entreprise. Moi, je viens d'une famille d’académiques. J'ai passé ma vie à l'université. Quand j'étais petite, mes parents se demandaient dans quel doctorat j'allais faire, j’avais six ans et ils s'obstinaient à savoir quel doctorat j'allais faire. On n'a jamais parlé entreprise chez nous. C'est quelque chose que je connaissais pas. Et puis j'ai eu la chance d'avoir un mentor qui s'est acharné et qui a fini par me faire comprendre qu'il y a autant de modèles d'affaires que de recettes de sauce à spaghetti. Et donc, avant de démarrer la compagnie, on a dû passer un an à trouver un modèle d'affaires dans lequel on était confortables. Puis, évidemment, le modèle d'affaires évolue. Tu sais c’est pas fixe. Mais tu sais, faut que jour 1, tu dises : Ok, faut que je sois au moins confortable avec ce paradigme-là. Puis oui, c’est appelé à évoluer, ça va changer, ça a changé effectivement. Mais d'être à l'aise, jour 1 avec ce modèle-là. Et puis ça, chez nous, Sean écoute, ça résonne tellement quand tu dis « l'équipe », ça passe par « l'équipe » et de pas avoir peur jour 1, de dire : c'est quoi tes valeurs? Puis c'est c'est quoi ton « end game »? Puis nous on est quatre fondateurs, cofondateurs… Si dans les quatre, on n'a pas les mêmes valeurs ou des valeurs qui se ressemblent fort, mais surtout les mêmes ambitions, bin là, c'est des plans pour que ça déchire. Et tous les quatre, on a pris... Je me rappelle encore de la réunion, tu sais, on s'est assis, ça a duré 2 heures où on a pris le temps de dire : qu'est-ce qu'on essaie de bâtir? Qu'est-ce qu'on essaie de livrer? Ça va être quoi là? C'est quoi la bébelle? C'est quoi la bête? Puis, une fois que tu décides de tes valeurs… Les valeurs, c'est pas nono. Quand on parle de « mission statement », ou t’sais, d’un énoncé de valeurs, c'est pas nono, parce que, à chaque fois que tu arrives à une croisée des chemins, tu dois aller à gauche ou à droite? Ce sont tes valeurs qui t'aident à prendre les décisions. Fait que, quand t'as des valeurs similaires, tout le monde a à peu près la même décision et donc sa limite beaucoup les frustrations, les incompréhensions, les… Donc, ça a pris un an de se dire qu'on allait partir une compagnie, de trouver un modèle d'affaires, trouver la structure légale qui faisait notre bonheur. Une fois qu'on a démarré, en dedans de six mois, on rentrait des sous dans la compagnie. Le temps de démarrer, parce ce que nous, il faut bâtir l'infrastructure de fabrication. C'est pas c'est pas un outil qu'on achète, c'est un outil qu'on a dû développer. Six mois pour le bâtir et faire des prototypes, passer des tests, passer la certification. Mais on avait des ventes en six mois. Pas beaucoup de ventes là! Mais, des ventes en six mois. Fait que, c’est un modèle, c'est un modèle différent. On a eu un financement initial, du « seed funding » en 2013 et on croit, notre croissance finalement, est basée sur nos revenus depuis ce temps-là. C’est un modèle différent, y’a des modèles hybrides. Mais il y a vraiment beaucoup de modèles et puis, c'est là que de dire… J'adore! Sean, j’vais garder ça toute ma journée, mais je me suis éduquée jusqu'à 30 ans là! Tu sais, c’est pas nécessaire d’avoir… mais j'aime ça de dire je vais m’éduquer. Puis à un moment donné, tu passes à l'action-là. C'est important d'avoir les deux! Mais c'est ça. Il faut s'éduquer sur un modèle d'affaires, y en a plein et puis félicitations à tous ceux qui êtes ici aujourd'hui, c'est ça que vous faites présentement, c’est de venir chercher l'inspiration sur des, des types de modèles d'affaires différents, y en n’a pas juste un.

 

 

MODÉRATRICE : LIVIA GABOU

Frédéric?

 

 

PANÉLISTE 2 : FRÉDÉRIC LEBLOND

Oui, parce que Sean et Caroline ont parlé de l'équipe. En effet, je veux dire… Il s'agit de… Je pense que c'est important d'avoir une diversité, on va dire, on peut dire une diversité de profils, d'opinions dans les équipes pour avoir des discussions franches et concrètes au fur et à mesure que la compagnie évolue. Mais c'est certain qu'il faut faire quand même très attention. Il s'agit de pas avoir par exemple une personne en position d'autorité dans la compagnie qui fait dérailler un petit peu les efforts des autres. Tu sais, dans toutes les sphères de la vie, ça peut arriver là… Mais ça, ça peut être dangereux. Pis aussi, au niveau du financement, c'est un peu le même commentaire. C'est-à-dire que les investisseurs… Ça peut être tentant au début, dans les tout débuts d'une compagnie, d'accepter des fonds, par exemple, parce qu'on veut démarrer rapidement, on est pressé. C'est difficile de trouver des fonds. Mais c'est important à toutes les étapes que les intérêts des investisseurs soient bien alignés avec ceux des gens qui dirigent l'entreprise, que ce soit tôt ou tard dans l'évolution de l'entreprise, parce que ça peut créer des frictions. Ça peut créer à un moment donné, si par exemple, vous avez un type d'investisseur dans une compagnie qui n'a pas réalisé l'étendue des risques associés par exemple à l'investissement, parce que peut être on investit dans un secteur hautement technologique avec un « landscape » de compétiteurs… Il y a un bon potentiel de croissance, etc. mais quand même il y a un danger au niveau de l'investissement… Si les investisseurs n’ont pas réalisé, un, ça peut créer des tensions. Et deux, ils réinvestiront pas dans la prochaine ronde d'investissement par exemple. Fait que, bien aligner des profils, c'est important. Et puis aussi, un obstacle clair et précis qui est aussi relié au financement, qu'on peut facilement dans une entreprise, surtout au stade startup, pas très avancé, on peut perdre le focus au niveau des activités de la compagnie. Par exemple, on peut être à un moment donné : bon, le cash flow est difficile, on va prendre un contrat pour développer quelque chose qui est un peu perpendiculaire avec les objectifs primaires de la compagnie. Mais on a de l'argent dans la compagnie. Là, ça peut nous amener pas au bon endroit. Un partenaire stratégique par exemple, avec qui on fait un deal, un gros deal par exemple de développement, et puis à un moment donné, ça nous amène ailleurs, mais on n'avait pas prévu. Et puis là, on développe pas ce qu'on devait développé par rapport à nos objectifs de croissance. Puis ça, c'est des choses qui peuvent… Enfin, qui nous ont créé des problèmes dans le passé et qu'il faut éviter. Donc ça remet un petit peu aussi l'idée d'avoir des mentors, des gens qui accompagnent les compagnies, qui sont très, très, très… Je dirais « expérimentés ». C’est très important là de s’accompagner d'une bonne équipe, un board par exemple, qui évalue à tous les six mois, avec les exécutifs qui [INAUDIBLE] comment il s’en va, pour un petit peu évaluer les enjeux puis les dangers, des choses comme ça.

 

 

MODÉRATRICE : LIVIA GABOU

Donc vraiment, il faut être accompagné. On ne se retrouve pas tout seul face à l'argent puis à prendre ces décisions, c'est très important d'aller chercher les conseils pour justement, garder un peu le pouvoir sur les choix de son entreprise. Puis… quand, par exemple, on est au stade à chercher les associés, c'est peut-être une question aussi pour Sean? Tu disais que ça a été quand même un défi, mais comment est-ce qu'on fait? Est-ce que ça t’es arrivé par exemple, il y a quelqu'un qui est rentré dans l'équipe, qui voulait rentrer dans l'équipe et puis finalement, il va pas rester, ou comment est-ce qu'on fait? Est ce qu'on doit avoir des ententes de confidentialité avant d'aller rencontrer un ami? Comment ça marche au tout début?

 

 

PANÉLISTE 3 : SEAN TASSÉ

Moi, j'ai [RIRES] mes deux associés vont dire que je leur ai menti individuellement quand je leur ai pitché l’idée là! J’ai dit que l’autre était prêt à sauter et puis de l’autre côté, l’autre était prêt à sauter. Et puis là, ils ont dit : Ok! bah si lui y va, moi j’y va. Fait que… Non... Je pense que l'important, pour répondre à ta question de la NDA [« non-disclosure agreement » ou entente de confidentialité], moi je pense que les idées, au contraire, il faut qu'elles soient partagées. Il faut qu'on en parle. C’est ça que je dis à beaucoup d'entrepreneurs. Parlez-en de vos idées? Brainstormez! Parlez-en à votre mononcle dans le party de Noël, parlez-en avec le plus de monde-là! Des NDA, j’veux dire, la journée où tu vas l'appliquer réellement ton NDA là, tu vas être rendu à un stade pas mal plus avancé que le stade embryonnaire dans lequel que t’es  présentement. Avoir des idées, c'est facile; l'exécuter, c'est un autre enjeu. Fait que pour revenir aux associés, tu sais, je pense que… Moi, ce que ce que j'ai réalisé dans mes premières entreprises, j'avais des associés qui avaient des bons « skill set », c'était pas du monde… Tu sais, c'était des gens très, très compétents et puis je travaille encore avec eux autres sur différents projets, mais c'était ce que Caroline a dit, c'était « think with the end in mind ». Eux autres, ils avaient pas la même « end game » que moi. Ils venaient d'une famille fortunée, ils venaient d'une famille que, y'avait pas nécessairement besoin que le projet ait un succès final pour… Tu sais, c'était plus comme un… Ils avaient du temps à donner, c'était la pandémie, ils pouvaient en donner, puis c'était comme… Moi, c'était ma job à temps plein. Puis j'ai pas de coussin. Tu sais, je suis là… Puis… Fait que, think with the end in mind, puis d'enligner la vision avec tes associés, c'est une chose très importante. Puis la manière que tu fais ça, moi je pense que c'est en essayant de t’exposer au plus de personnes, de réseauter, de trouver du monde avec qui tu as une bonne communication, aller à des événements. Moi j'ai participé au réseau des entrepreneurs à l’ETS, le « RETS » qui s'appelle, brainstormer avec du monde, parler avec du monde, rencontrer du monde, augmenter ton réseau. Le plus gros réseau que vous avez, le plus de chances de succès que vous allez avoir. Je veux dire, connaître du monde, c'est tellement essentiel en entrepreneurship. Donc je pense que c’est ça une partie de ma réponse, et puis pour revenir à mes partenaires en ce moment… Ça l’a donné que c'était des gens que j'ai côtoyés dans ma vie, qui sont des personnes... Il y en a un que je connais depuis que j'ai sept ans et c'est un, c'est un ancien pilote des forces armées, il a une maîtrise en physique et puis après ça, il est retourné à l ‘ETS, après quand il est sorti des forces. Puis, il a sept ans de plus que moi et on s'est recroisés à ce moment-là. Et puis l’autre, je l'ai rencontré durant mes stages à l’ETS. Encore une fois plus vieux que moi, sept ans de plus que moi. Et puis le clic était bon, ça a été mon « best man » à mon mariage. C'est des concours de circonstances. Honnêtement, y a pas là de… Je serais curieux d'entendre Frédéric et Caroline sur comment ils ont rencontré leurs partenaires. Mais tu sais, c'est vraiment d’être curieux et puis de rencontrer le maximum de monde. Je pense que c'est la meilleure manière de trouver des bons partenaires.

 

 

MODÉRATRICE : LIVIA GABOU

Frédéric, Caroline vous vouliez ajouter un point dessus?

 

 

PANÉLISTE 1 : CAROLINE BOUDOUX

Peut-être pour répondre à la question de Sean, comment on l’a rencontré donc… Comme je disais, moi je faisais avant, bah là, j’en fais toujours-là, mais… des équipements entiers. Et puis on utilisait des fibres optiques qui avaient été développées pour les télécoms qui n’ont pas nécessairement les mêmes requis que ce qui est nécessaire pour l'optique biomédicale. Et donc, je suis venu à Montréal pour travailler, notamment avec Nicolas Godbout dont le laboratoire assemble des coupleurs en fibre optique de façon un peu plus fondamentale, donc beaucoup basé sur les télécoms, mais ils ont cette expertise-là de mettre n'importe quelle fibre ensemble pour faire des coupleurs. Donc je suis venue ici pour… Je voulais continuer à faire des équipements; puis je faisais comme Frédéric aussi, du transfert en laboratoire; j'étais à Sainte-Justine et encore à Harvard. Et c'est avec Nicolas et son équipe qu'on a développé des coupleurs et donc naturellement, Nicolas est devenu un partenaire privilégié. Nicolas et moi sommes cofondateurs de la compagnie et c'est vraiment intéressant, [car] la compagnie est bicéphale. Donc moi, je représente le marché, je suis l'utilisatrice finale et donc je connais tout le réseau. Et parce que j'arrive des États-Unis aussi, je connais tout le réseau des premiers utilisateurs, les premiers clients, les premiers, « the friends and family » qui vont t’acheter, qui vont te prendre ta business au départ. Puis Nicolas, c'est vraiment la personne qui… Bah qui est le « Fiber Whisper » là! Qui peut vraiment concocter n'importe quel coupleur. Donc moi je lui dis je pense que le marché serait intéressé à avoir un coupleur qui ressemble à ça, un coupleur qui ressemble à ça. Et puis lui, il le fait arriver. Donc la compagnie est encore très bicéphale, comme ça, parce que t’as Nicolas, qui est derrière tout ce qui est R. et D., et puis moi, je suis derrière tout ce qui est marché. Et puis y’a Kathy et Lucas maintenant, qui sont les deux directeurs. Donc directeur des opérations et directeur du développement des affaires, directrice du développement des affaires. Et on continue comme ça. Et c'est à la fois… Donc on a aussi un investisseur, des partenaires stratégiques. Donc ça, c'est important aussi. C'est pas uniquement des investisseurs financiers. On a refusé de l'argent au départ, on a seulement pris des investisseurs qui amenaient une composante stratégique. Donc y a un, c’est Alex Cable qui est notre distributeur essentiellement. Donc cette personne-là a inventé Amazon avant Amazon. Donc il distribuait des pièces optiques partout dans le monde, « next day delivery » avant 8 h le lendemain matin. C'était fabuleux. C’était avant, Jeff Bezos finalement, mais pour des pièces de laboratoire. Donc c'est eux qui distribuent nos produits. On trouve ça extraordinaire parce que moi, ma notion de shiper des composants partout dans le monde, c'est je le prends, je le mets dans le bureau à côté et puis « Pfiouuuu ». Thorlabs s'occupe de le mettre partout dans le monde. J'ai pas besoin de m'occuper de ça, donc ça c'est extraordinaire. Donc Alex Cable arrivait avec cette expertise-là et sa distribution. Et puis Normand Brest, un entrepreneur en série à Montréal qui, lui, était prof à Polytechnique à une époque où Polytechnique lui a demandé de choisir en disant : tu peux soit être entrepreneur, soit être prof. Et puis lui a décidé de devenir entrepreneur et en retrospect, c'est une excellente décision pour toute la communauté. Mais maintenant, en fait, son intérêt c'était de dire : j'aimerais ça aider deux profs à être entrepreneurs mais à rester prof. Et donc c'est ce qui l'amenait, en plus des sous évidemment, qui sont toujours les bienvenus au départ pour créer, pour démarrer la compagnie, mais qui nous a aidés à naviguer cet écosystème-là. Donc c'est comme ça qu'on a bâti l'équipe. Mais c'est très, très bicéphale, dans le sens où y’a… Y’a quelqu'un qui est très… Tu sais y’a le ministre de l'Intérieur qui arrive à vraiment faire les composants, puis les amener avec des spécifications qui sont inégalées ailleurs dans le monde. Puis le ministre de l’Extérieur qui dit : je pense que ça peut aller ici, ça peut aller ici, tu trouves des marchés, le marché vers lequel ça s'en va et qui peut les acheter. Donc c'est un peu comme ça qu’on a formé la compagnie.

 

 

PANÉLISTE 2 : FRÉDÉRIC LEBLOND

Pour ma part, j'ai cofondé deux compagnies, donc une compagnie de chirurgie qui s'appelle Reveal Surgical, puis une compagnie de diagnostic qui s'appelle Exclaro. Puis la compagnie Reveal, comment c'est arrivé, c’est que je suis allé voir un neurochirurgien qui s'appelle Kevin Petrecca à mon arrivée à Montréal, avant de commencer mon poste à Polytechnique. Je lui ai dit : j’ai bâti ce système-là. Un, vas-tu l’utiliser? Puis si ça marche, qu’est-ce qu’on fait avec ça? Kevin a dit : OK, oui, c'est sûr. Puis tout de suite, quand je suis arrivé, on a mis le système. Après six mois de mon arrivée, il a commencé à utiliser le système, il a fait 17 patients. On a publié un article. Six mois plus tard, on avait fondé une compagnie. Mais évidemment, on avait fondé une compagnie, mais dans toute notre naïveté de qu’est ce qui s’en venait? Qu'est ce qui était vraiment réaliste et réalisable? Et tout et tout. Évidemment, ça rentre pas. On fonctionnait pas si mal que ça. Mais néanmoins, c'était ça l'histoire pour ça. Et puis pour Exclaro, c'est un petit peu différent. J'étais approché par quelqu'un qui était dans le domaine de l'immobilier, mais qui a fait un grand impact au niveau de la COVID, de l'approvisionnement de matériel comme des masques, par exemple durant la COVID par exemple. Puis il m'a approché et m'a dit : je veux démarrer quelque chose en lien avec le diagnostic de la COVID-19 et puis tout ça… J’ai entendu parler de vos études… Puis finalement, au début, j'étais très réticent, mais le profil n’était pas typique au niveau de… C'était pas une association naturelle, pour moi au niveau de comment je voulais fonctionner. Finalement, ça a vraiment bien été. On a fondé la compagnie Exclaro. C'est comme ça que c’est arrivé. C'est comme… Ces deux… Ces partenaires-là sont importants. Puis Caroline l’a mentionné un petit peu tout à l'heure, l'autre type de partenaire en médical qui est absolument critique, ce sont les leaders d'opinion qui vont utiliser les outils par la suite. Ça, ça a l'air de rien, mais c'est vraiment difficile de bâtir ce réseau-là où on doit… Par exemple, on développe un outil en neurochirurgie. Bah je dois avoir tous les neurochirurgiens du Canada que je connais personnellement et aux États-Unis pour s'assurer, pour être sûrs qu'on n'arrivera pas à un point à un moment donné où on a un bel outil, il est approuvé par la FDA, mais même s'il fonctionne super bien, personne va l'utiliser parce que pour des raisons absolument, tout à fait subjectives. Fait que c'est un autre type de partenariat qui doit être en amont cultivé.

 

 

MODÉRATRICE : LIVIA GABOU

Parfait. Une autre question. Comment l'innovation, finalement, votre innovation contribue à bâtir un meilleur avenir pour le Canada? Sean…

 

 

PANÉLISTE 3 : SEAN TASSÉ

Bah nous autres, on est… on bâtit des logements. Fait que je veux dire, on sait tous qu’il y a une crise du logement présentement au Canada, au Québec, puis bâtir du logement en 2025, c'est plus comme c'était dans les années 1990. C'est les entrepreneurs, les sous-traitants s’en viennent de plus en plus sophistiqués. Et puis les contraintes aussi, en lien avec les exigences, par exemple Novoclimat, des exigences carbone neutre. C'est des projets que je fais présentement. Présentement je suis en train de bâtir un 119 unités à LaSalle, projet d'environ 30 millions, et c'est un projet qui est carboneutre. Donc, c'est un de ces enjeux-là. Il faut, faut avoir… faut être sophistiqué. C'est pas « Clin-clin » du coin qui peut dire : moi je m'en vais faire un projet de cette envergure-là. Il faut avoir des gens qui sont capables de lire des rapports d'expertise, des rapports énergétiques, challenger les ingénieurs mécaniques, challenger les ingénieurs en structure, pour pouvoir évidemment avoir un balancé entre le promoteur qui veut faire de l'argent et les exigences climatiques, les exigences scientifiques qui sont mis en place pour essayer de rendre l'habitation innovante, rendre ça plus vert, plus écologique pour l’avenir. Donc moi, je considère que mon impact direct, et puis c'est ce que j'adore de ce que je fais comme entreprise, c'est qu'on ne fait pas juste brasser du papier. Moi, je suis sur un chantier à tous les jours. Je suis dans la roulotte avec mes gestionnaires de projet, avec mes surintendants. Puis, à la fin d'une année, je suis capable de voir exactement qu'est-ce qui a été bâti sur le terrain. On part d'un terrain vierge et après ça, on voit 119 unités qui se bâtissent. C'est exceptionnel. Puis ensuite, on peut voir les gens qui déménagent et l'impact que ça l’a sur les milieux de vie qu'on crée. C'est fantastique.

 

 

PANÉLISTE 1 : CAROLINE BOUDOUX

Sans compter que tu crées des emplois aussi. Tu crées du logement, mais tu crées des emplois aussi. Tu sais, c’est pas rien là.

 

 

PANÉLISTE 3 : SEAN TASSÉ

Beaucoup de gens travaillent sur un chantier. C'est beaucoup, beaucoup d’humains. Énormément d’humains.

 

 

PANÉLISTE 1 : CAROLINE BOUDOUX

Bin oui, c'est ça. Puis, techniquement non seulement moi j’ai un job, mais j'ai une pension. Tu sais, je suis prof d'université. C'est cool, mais « so what? ». À un moment donné, nous, la raison pour laquelle on a parti Castor, c'est créer des jobs ici. On forme des ingénieurs, on forme des ingénieurs biomédicaux, on forme des ingénieurs physiciens, mais, il faut qu'ils soient capables d'atterrir ici, aussi. Fait que ça contribue à l’écosystème, créer des jobs. C'est capoté. Et puis en plus, à travers l'accord, notre distributeur a déménagé une de ses usines au Canada, à créer Thorlabs Canada. Ça aussi, c’est des dizaines d'emplois. Fait que, créer des jobs ici… En tout cas, moi, le bout qui me fait tripper, oui, l'innovation, c'est le fun. Puis oui, ça… Le rapport signal sur bruit des images est bien meilleur grâce à la fibre, puis ça permet d'avoir un bien meilleur signal aussi dans l'agroalimentaire. Puis on l’utilise dans les Lidar, puis nos fibres sont utilisées partout. Ça, c'est le fun. Mais au Canada, on crée des jobs. Pis ces gens-là, ils payent des impôts. C'est vrai ils sont là les [INAUDIBLE] qui viennent créer de l'impôt ici. Moi, je trouve ça trippant. Excuse-moi Frédéric, je t’ai interrompu.

 

 

PANÉLISTE 2 : FRÉDÉRIC LEBLOND

Non, c'est vrai, les jobs, c'est super important tout ça. C’est… Moi ce qui me fait tripper dans l'entreprenariat, puis comment… en lien avec l'innovation et puis les technologies qui sont développées en laboratoire, c'est vraiment l'impact qu’on peut avoir au niveau de la santé humaine par exemple, et aussi sur la délivrance des soins afin de sauver les coûts aux contribuables canadiens par exemple. Je vais vous donner un exemple : le test diagnostique qu'on est en train de développer, c'est un test qui, dans la société, si vous êtes à haut risque d'avoir un cancer du poumon, donc vous êtes fumeur, y a comme des facteurs génétiques peut être qui font en sorte que vous avez un plus haut risque, bah vous devez passer des dépistages réguliers au niveau de rayons X par exemple des poumons, pour voir si quelque chose qui se développe au fil du temps. Mais ces tests-là sont très peu spécifiques. C'est-à-dire qu'il y a beaucoup de cas pour lesquels on dit : il y a quelque chose, on sait pas c'est quoi et puis on va envoyer le patient vers une biopsie, vers une chirurgie, puis des choses qui coûtent cher, qui sont stressantes pour le patient. Donc le test diagnostique qu’on développe en ce moment par exemple, permet d'augmenter de 25 % la spécificité des tests existants aux rayons X. Donc ça peut réduire l'anxiété des patients en leur disant : bah tu l’as pas donc reviens dans six mois , reviens dans un an et puis c'est correct, ton risque est bas. Au lieu d'avoir une opération intrusive comme une biopsie physique pour aller chercher un échantillon. Moi, c’est vraiment là que je pense qu'on peut… En tout cas les technologies… Les nôtres en sont un exemple. Mais au Canada-là, il y en a plein de chercheurs-entrepreneurs ou de chercheurs tout court qui vont être entrepreneurs ou qui ont besoin d'être sensibilisés, d'avoir les ressources pour faire en sorte que leur technologie puisse être amenée dans le vrai monde si on veut, vers des applications réelles. Ce bout-là est difficile, mais on a encore du chemin à faire au Canada là-dessus, mais c'est difficile. Il faut travailler là-dessus beaucoup.

 

 

MODÉRATRICE : LIVIA GABOU

Parfait. Et somme toute, pour aider à ce que… sans doute pour aider justement à ce que les idées viennent au monde, c'est où, le dernier point très important qu'on trouve les mentors? C’est où que vous avez trouvé vos mentors?

 

 

PANÉLISTE 1 : CAROLINE BOUDOUX

Par hasard. Puis en fait, je vais vous dire l'inverse Livia, je vais vous dire où est ce qu'on trouve pas les mentors? Les mentors, on les trouve pas quand on reste assis devant la télé chez soi. Ils ne sont pas là, ils sont pas là. Donc les mentors... Le premier mentor, je l'ai trouvé dans une conférence scientifique. Je suis allée me promener dans ce qu'on appelle le « exhibit », l'endroit où tous les vendeurs viennent parler de leurs nouveaux produits. Puis je me suis intéressée à un nouveau produit et quelqu’un est venu me parlé de « Qu'est ce que tu en penses? » Puis on a jasé pendant 1 h, puis à la fin, quand il m'a donné sa carte, je me suis rendue compte que c'était le cofondateur de la compagnie. Et après, à tous les ans, j'allais continuer la discussion pour voir… Et puis j'étais vraiment intéressée par où ce nouveau produit-là s'en allait et on avait une discussion scientifique. Et puis l'autre mentor à une fête quelconque où on célébrait une demande de subvention. Puis je pense qu'on célébrait un peu trop fort. Puis, comme cette personne-là était intéressée par les célébrations, elle est venue se joindre à nous pour se demander « C’est quoi l'innovation? ». Pis j’ai dit : Ah bah, ça serait le fun de la mettre en marché. Mais peu importe où ça arrive. Il y a beaucoup, beaucoup de sérendipité dans mon cas… de chance. Mais ce que je peux vous dire, c'est que 100 % du temps, les mentors on les trouve pas quand on est assis chez soi dans son salon. Il faut… Il faut essayer des choses. Il faut se promener. Il faut être allé à la rencontre. Il faut participer. Il faut… Il faut s'impliquer, parce que c'est bien rare qu’ils traînent cachés derrière un set de télé. 

 

 

MODÉRATRICE : LIVIA GABOU

Frédéric? Sean?

 

 

PANÉLISTE 3 : SEAN TASSÉ

Je suis entièrement d'accord avec Caroline. Il faut que tu t’exposes le plus de choses possible, le plus de situations possibles. Moi, j'ai la conviction que si t'es dans une zone de confort, t'es pas à la bonne place. Il faut constamment que tu sois dans une zone d'inconfort. Puis c'est dans l'inconfort que tu progresses. Donc ça, c'est t’exposer dans des situations que la communication est peut être un petit peu awkward au début, mais ensuite ça permet à amener d'autres discussions. Exposez-vous à le maximum de situations possibles. Et puis surtout, quand vous avez pas une famille, surtout quand vous avez pas d'autres responsabilités. Moi, je vis… j'ai deux jeunes enfants maintenant. Je repense à… Tu sais, mes entre 20 et 30 ans, tout ce que j'ai fait et je me dis, ça aurait été impossible de faire tout ce que j'ai fait avec deux jeunes enfants. Donc tu sais, je me dis : c'est le temps de le faire. Moi, j'avais un sentiment qu'il fallait que ça l’aille vite et que je fasse bien des affaires. Mais je pense que ce sentiment-là, aujourd'hui, je le regarde, et puis je me dis : Oh mon Dieu, qu’est-ce que je suis content d'avoir eu ce sentiment-là et de vouloir m'exposer au plus de choses possibles. Puis ça, c'est des jobs, c'est… bac en génie, bac en droit… C'est deux sphères complètement différentes dans ma tête-là! Y en a un qui est super cartésien, l'autre, c'est très gris puis c'est de l'interprétation de vocabulaire. Donc c'est de s'exposer à des choses, puis en s’exposant à des choses, tu rencontres plein de différentes personnes. Puis c'est ces personnes-là qui vont ensuite devenir des mentors pour toi. Moi, les mentors que j'ai rencontrés, c’est à travers mes stages à l’ETS, puis après ça, à travers les différents emplois que j'ai eus au fil du temps, j'ai rencontré des mentors qui ont été exceptionnels. Puis c'est des gens qui m'ont enseigné des choses que j'aurais jamais pu vivre sans ces gens-là. Ils m'ont guidée à travers mon cheminement, qui fait en sorte que je suis où je suis et aujourd'hui, donc…

 

 

MODÉRATRICE : LIVIA GABOU

Écoutez, le temps file. Donc je remercie grandement nos trois panélistes pour avoir donné de leur temps et autant de leur science pendant cette brève heure. Merci beaucoup à la Fondation canadienne pour l'innovation pour nous avoir accueilli aussi et offert ce temps de parole. Et puis j'espère pour les quelques curieux qui ont pu être présents, que ça vous aura aidé à vous dire, qu'en gros, là, il faut oser. Faut y aller. Faut utiliser aussi les connaissances que vous avez à l'université pour pouvoir créer vos entreprises. Le réseau est très, très, très important. Osez aller découvrir vos mentors un peu partout. Osez poser des questions, Osez partager vos idées. Et surtout, faites attention à bien constituer une bonne équipe. Donc sur ce, je vous souhaite un bel après-midi et au plaisir de vous revoir pour les prochaines éditions.

 

 

PANÉLISTE 1 : CAROLINE BOUDOUX

Merci.

 

 

PANÉLISTE 3 : SEAN TASSÉ

Merci.

Animatrice

Livia Gabou, directrice des opérations au Centre d’entrepreneuriat à l’École des sciences de la gestion (ESG) de l’Université du Québec à Montréal (UQAM)

Livia Gabou dirige les initiatives entrepreneuriales du Centre d'entrepreneuriat de l’ESG UQAM à Montréal. Non seulement ce centre offre ses services aux étudiantes et étudiants ainsi qu’aux diplômées et diplômés, mais également à l'ensemble de la société québécoise, déployant ainsi ses effets bénéfiques par-delà les murs de l’université. Livia Gabou crée des partenariats qui favorisent la création d'entreprises innovantes et responsables aux retombées positives. Son approche privilégie l'écoute des besoins du milieu des affaires, tout en facilitant l'accès à des ressources stratégiques, permettant ainsi à chaque projet de bénéficier du soutien nécessaire pour réussir dans l'écosystème entrepreneurial québécois.

Panélistes

Caroline Boudoux, visionnaire en matière de fibres optiques  

Caroline Boudoux est cofondatrice de Castor Optics, une entreprise spécialisée dans la fabrication de composants et de modules sur mesure en fibre optique basée à Montréal, au Québec. Elle est également professeure de génie physique à Polytechnique Montréal, où elle dirige le Laboratoire d'Optique Diagnostique et d'Imagerie (LODI) , financé par la FCI. En plus de ses activités de recherche et entrepreneuriales, elle a rédigé des manuels destinés au corps étudiant et aux doctorants en ingénierie, dans le but de bien guider la prochaine génération.  

Frédéric Leblond, innovateur en matière de diagnostic du cancer 

Frédéric Leblond est cofondateur de Reveal Surgical, une entreprise basée à Montréal, au Québec. Physicien passionné par l'idée d’améliorer les traitements contre le cancer, il a trouvé l'inspiration pour son travail à Polytechnique Montréal, dans le Laboratoire d'Optique Diagnostique et d'Imagerie (LODI) financé par la FCI. Il développe la technologie Sentry avec un partenaire de recherche en utilisant un phénomène optique appelé « l’effet Raman » pour repérer les tissus cancéreux pendant une chirurgie. Cette innovation permet d’effectuer les chirurgies avec plus de précision, de réduire les récidives de la maladie et donc, d’améliore les résultats pour la patientèle. Aussi leur travail stimule-t-il le développement économique et l'innovation médicale de la province du Québec. 

Sean Tassé, pro de la construction  

Sean Tassé est fondateur et vice-président de LEMNY situé à Montréal, au Québec. En tant que gestionnaire de projets de construction, il réalise des projets multi résidentiels pour des agences de promotion immobilière au Québec. Pendant qu'il obtenait son diplôme d'ingénieur à l'École de technologie supérieure, il a passé du temps au Laboratoire d'ingénierie des produits, procédés et systèmes (LIPPS), financé par le CFI. Aujourd'hui avocat et ingénieur, il est également un entrepreneur dans l'âme. Il a créé et développé des entreprises qui lui ont permis d’acquérir une expertise en droit de la construction. En tant qu'innovateur et partenaire investi, il est déterminé à élever ses idées et ses projets vers de nouveaux sommets.