L’agronome Simon Bonin et Olivier Pilotte, producteur de canneberges, ont de l’eau jusqu’aux genoux dans un champ de canneberges inondé, situé dans la municipalité rurale de Notre-Dame-de-Lourdes, sur la rive Sud du fleuve Saint-Laurent, près de Québec. Cet endroit est au cœur du territoire où se fait la production de canneberges, qui connait une croissance spectaculaire depuis quinze ans grâce aux recherches menées à l’Université Laval et à la création de Fruit d'Or, une entreprise de transformation établie à Notre-Dame-de-Lourdes.
Les plants de canneberges poussent idéalement dans des sols pauvres et secs, mais, à l’automne, les champs sont inondés pour faciliter la récolte. De nos jours, les canneberges sont récoltées au moyen de tracteurs munis de râteaux, qui passent au peigne fin les champs inondés pour détacher le fruit de son plant. Grâce à son centre creux, la canneberge remonte à la surface et flotte. Ce système nécessite l’aménagement de digues autour des champs et d’autres innovations, mais il est beaucoup plus efficace que le processus à sec d’autrefois.
Un champ inondé, dont la surface est recouverte d’une profusion de canneberges. Au soleil automnal, le rouge caractéristique du fruit semble doré.
Les canneberges qui flottent à la surface du champ inondé sont rassemblées au moyen de barrières flottantes et ramenées jusqu’au bord.
Des travailleurs de la récolte, emmitouflés pour résister au froid de l’automne, utilisent des râteaux pour pousser les canneberges jusqu’à un énorme tube d’aspiration qui les acheminera jusqu’aux camions en attente. Plus de 30 producteurs de canneberges répartis dans la région entourant Notre-Dame-de-Lourdes et les municipalités environnantes de Villeroy et Plessisville fournissent à Fruit d'Or des fruits de qualité exceptionnelle. En collaborant et en mettant en commun de l’équipement et leur savoir-faire, ils ont pu fonder leur propre communauté axée sur la production de canneberges.
Les digues entourant les champs servent aussi de voies de circulation pour les camions de transport.
Jean Caron est professeur à la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation de l’Université Laval à Québec, où il dirige un programme visant à mettre au point les méthodes optimales de culture et de transformation des canneberges. Quelques dizaines de ses anciens étudiants, dont Simon Bonin, travaillent maintenant pour Fruit d’Or et dans les exploitations agricoles environnantes et ont grandement contribué au succès retentissant de la production de canneberges dans la région.
Photo : Martin Lipman / Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie
Jean Caron dans son laboratoire de l’Université Laval.
Photo : Martin Lipman / Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie
La canneberge — dont le nom scientifique est Vaccinium macrocarpon — est une plante indigène à une large bande de l’Est et du Centre du Canada et aux États américains adjacents. Les producteurs et transformateurs de la région de Notre-Dame-de-Lourdes considèrent toutefois que grâce au climat frais de leur région, les baies cultivées localement ont une couleur rouge particulièrement intense et une valeur nutritionnelle exceptionnelle.
Simon Bonin, de Fruit d’Or, et Olivier Pilotte montrent le fruit de leur labeur. Leur entreprise vend des canneberges sous diverses formes (séchées, surgelées, en purée, en jus et en poudre, de même que sous forme d’huile) à des fabricants et à des consommateurs de tous les pays. En à peine quinze ans, l’entreprise est devenue le plus important producteur de canneberges biologiques au monde.