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La recherche au service des patients

Des survivantes du cancer du sein forment un réseau d’entraide et deviennent de grandes amies après avoir participé à une étude de l’Université de la Colombie-Britannique sur les effets de l’exercice sur le processus de guérison
Par
Photos Ben Nelms with text Dane Lanken
Établissement(s)
University of Northern British Columbia
Sujet(s)
Cancer/Oncologie

Ces Vancouvéroises n’auraient jamais participé à un tel programme d’exercice par simple choix. C’est plutôt leur médecin qui leur a suggéré, voire prescrit, de se joindre à ce programme conçu par des chercheurs de l’Université de la Colombie-Britannique pour des femmes comme elles, qui subissaient une chimiothérapie ou une radiothérapie contre le cancer du sein. Et c’est ce qu’elles ont fait. Après quelques séances à peine, elles se sentaient déjà plus fortes, en meilleure forme et plus aptes à traverser cette épreuve.

Mais ce qu’elles retirent surtout de ce programme, à leur grand étonnement – même un an ou deux plus tard –, ce sont les amitiés qu’elles ont nouées. En effet, elles sont demeurées en contact longtemps après la fin de leur traitement contre le cancer et du programme d’exercice prescrit.

Ces huit amies et survivantes du cancer sont, de gauche à droite, Julie Donegan, Christine Gaio, Sharon Shum, Kara Horsman, Ling Takara, Alana van Dam, Yvonne Eng et Mary Chow-Humphries.


 

Un groupe de femmes faisant de l'exercice dans un gymnase.

Le gymnase est vite devenu pour elles un lieu d’échange essentiel pour parler de leurs symptômes ou du meilleur endroit où se procurer une perruque, et, comme le dit Julie Donegan, une des participantes, pour « plaisanter et rire de la maladie ».

« Je n’y serais jamais arrivée sans elles, confie Mary Chow-Humphries (à gauche, à côté de Kara Horsman et de Sharon Shum). Nous vivions toutes la même chose ensemble, au fil des interventions et des traitements. »

Kara Horsman se souvient que pour elle, le gymnase, une salle privée aux vitres teintées située à deux pâtés de maisons de la BC Cancer Agency, était un lieu sécuritaire qui rassemblait, dans ses mots, « seulement des femmes qui vivaient la même épreuve ».

« Le programme m’a poussée à sortir de chez moi, ajoute-t-elle. Il a aussi atténué mes nausées. Au début, je me disais que l’exercice pourrait peut-être m’aider, mais maintenant, je me demande comment j’aurais pu m’en passer. »


Un groupe de femmes autour d'une table discutant et mangeant.

L’emplacement du gymnase a eu en outre un avantage inattendu : il se trouvait à deux coins de rue du sympathique Caffè Cittadella. Les participantes y faisaient souvent un arrêt après leur séance d’exercice, ce qui a cimenté leurs liens. Sur la photo, Ling Takara, Christine Gaio et Julie Donegan sont rassemblées au café.


 

Un groupe de femmes conversant avec le copropriétaire du Caffé Cittadella.

Des participantes plaisantent avec Alex, l’affable copropriétaire du Caffé Cittadella.


 

Un groupe de femmes autour d'une table discutant et mangeant.

Le programme d’exercice qu’ont suivi ces combattantes n’avait pas été conçu pour créer des liens sociaux à long terme : les amitiés créées n’en furent qu’une conséquence fortuite. Aujourd’hui, plusieurs des participantes se retrouvent encore pour voir des spectacles, partir en voyage, prendre un café, organiser des repas-partage, faire du bateau-dragon ou même retourner au gymnase. On dirait bien que les amitiés forgées pendant la bataille contre le cancer du sein et fortifiées par la camaraderie du programme d’exercice sauront résister à l’épreuve du temps.


 

La chercheuse Kristin Campell surveille une marcheure sur tapis roulant pendant un test d'aptitude aérobique.

La chercheuse Kristin Campbell supervise une patiente qui marche sur un tapis roulant afin de déterminer sa capacité cardiorespiratoire. Mme Campbell était responsable du projet de recherche dont faisait partie le programme d’exercice auquel ont participé les huit femmes. Ce projet avait pour but d’évaluer s’il était faisable d’inclure l’activité physique dans les normes de soins aux patientes atteintes de cancer du sein en Colombie-Britannique et de tester son efficacité. Le projet est né après que des chercheurs ont remarqué une lacune dans les programmes visant les femmes atteintes de la maladie : nombre d’entre elles étaient réticentes à fréquenter les gymnases publics en raison des risques d’infection ou de leur perte de cheveux. Mentionnons que certaines participantes prennent également part à une étude à long terme au laboratoire de Mme Campbell, qui observe et évalue leur performance; elle espère pouvoir conclure que l’amélioration de leur condition physique se traduira par une meilleure réponse au traitement et un rétablissement accéléré.

Photo : Don Erhardt, Université de la Colombie-Britannique


 

La chercheuse Kristin Campell utilise un peromètre pour mesurer le volume du bras d'une patiente.

Mme Campbell, qui mesure ici le volume du bras d’une participante au moyen d’un péromètre, précise que l’étude n’a pour l’instant permis de tirer aucune conclusion quant à la valeur de l’exercice chez les femmes subissant une chimiothérapie ou une radiothérapie contre le cancer du sein. Les résultats préliminaires montrent toutefois que l’activité physique semble avoir des effets très positifs, et ce, même en excluant le soutien et les interactions sociales positives dont ont bénéficié les patientes.

Photo : Don Erhardt, Université de la Colombie-Britannique


 

La chercheuse Kristin Campell utilise de l'infrastructure de recherche pendant qu'une patiente marche sur un tapis roulant.

Mme Campbell ouvre la porte d’un Bod Pod, un appareil qui mesure la composition corporelle de la personne qui s’y assoit à partir du déplacement de l’air, y compris le pourcentage de tissus adipeux et la masse musculaire.

Les oncologues qui ont collaboré à l’étude sur l’activité physique ont observé que le fait de mettre l’accent sur la santé plutôt que sur la maladie avait des retombées positives et considèrent qu’il serait possible d’étendre le programme à d’autres volets du traitement du cancer.

Photo : Don Erhardt, Université de la Colombie-Britannique


 

Une foule de personnes réunies autour d'une table discutant et buvant du café.

Si les scientifiques ne sont pas encore arrivés à des conclusions probantes sur l’étude à laquelle ces femmes ont participé, ces dernières en ont certainement tiré des bienfaits durables. L’exercice a amélioré leur condition physique tout en leur offrant une distraction salutaire, la participation à des cours réguliers a favorisé un sens de communauté, d’entraide et de confiance inattendu, et la camaraderie qui est née durant les cours a su murir pour faire place à des amitiés profondes et très précieuses.