Quand l’agronome pédologue Derek Lynch arrête son regard sur un champ de luzerne ou de maïs, ses pensées, elles, ne s’arrêtent pas à la culture actuelle : il réfléchit à ce qui maintient les plantes en vie et à ce qui nourrira les prochaines moissons.
« Je veux permettre aux agriculteurs de mieux comprendre les effets de la gestion de leurs cultures sur la santé du sol et sur son contenu en matière organique et en carbone », explique M. Lynch, chercheur au département des sciences du végétal, de l’alimentation et de l’environnement de la Dalhousie University.
Le vaste programme de recherche de son laboratoire touche aussi bien aux champs de pommes de terre de l’Île-du-Prince-Édouard qu’aux exploitations laitières de l’Ontario et aux fermes céréalières du Manitoba. Il offre aux producteurs agricoles canadiens des renseignements d’une ampleur sans précédent sur l’écologie des sols, qui stimuleront la productivité et préserveront la santé des sols.
Ces recherches montrent que la santé des sols est plus robuste que beaucoup ne l’auraient cru.
« En général, les conclusions indiquent que l’activité microbiologique des sols est plutôt résiliente », affirme M. Lynch, dont le laboratoire unique en son genre, financé par la FCI, contient des appareils permettant des analyses chimiques de toute sorte, qu’il s’agisse d’extraction d’ADN du sol ou de test de carbone, d’azote ou de phosphore.
Par exemple, son groupe de recherche a découvert que des bactéries présentes dans le sol de fermes biologiques, où le taux de phosphore disponible est bas, produisent des enzymes qui libèrent le phosphore dans le sol. Pour leur part, certaines espèces de champignons telluriques communs dans les champs de légumineuses sont remplacées par de nouvelles espèces après une longue période de production laitière biologique. Dans les fermes biologiques, d’autres plus grands organismes du sol, comme les vers de terre et les carabes, profitent systématiquement des rotations de cultures généralement plus longues et plus variées, ainsi que de l’utilisation de paillis biologique.
L’équipe du laboratoire de M. Lynch mène également un programme de recherche de longue haleine sur l’utilisation d’engrais verts avant la plantation de céréales ou de pommes de terre. Ces engrais comptent notamment les légumineuses comme la luzerne, le trèfle et la vesce velue, que l’on cultive puis que l’on retourne dans le sol puisqu’elles y ajoutent de l’azote, ou que l’on étend comme paillis à la surface pour amender le sol. Les travaux de recherche ont révélé que certains engrais verts font souvent augmenter la quantité d’azote dans le sol deux fois plus que ce à quoi les agriculteurs s’attendaient. « Ces données leur ouvrent de nouvelles perspectives, s’enchante M. Lynch. Au lieu de devoir cultiver du trèfle rouge pendant deux ans, ils pourraient y arriver avec une seule année de vesce velue, par exemple. »
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