À ce jour, la COVID-19 a été appréhendée et traitée comme une maladie respiratoire. Un nombre croissant d’indices laisserait toutefois entendre qu’il pourrait s’agir d’une maladie vasculaire, c’est-à-dire d’une maladie qui affecte les vaisseaux sanguins.
Paul Kubes et son équipe de recherche de l’Université de Calgary prévoient mettre à profit leur savoir-faire dans le domaine des infections pulmonaires et utiliser leur laboratoire de pointe – le seul au Canada à pouvoir examiner les vaisseaux sanguins pulmonaires et détecter les virus et les cellules immunitaires individuelles – pour valider cette hypothèse.
Des microscopes ultra-perfectionnés montreront les cellules et les organes infectés par le virus
Paul Kubes regarde dans un microscope spécialisé de son laboratoire à l'Université de Calgary.
Avec l'aimable autorisation de Riley Brandt, Université de Calgary
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« À l’heure actuelle, nous n’avons aucune idée de ce que le virus peut provoquer dans l’organisme », dit M. Kubes. Pour résoudre ce problème, lui et son équipe compte utiliser des microscopes ultra-perfectionnés pour « regarder ce qui se passe réellement à l’intérieur du corps, du système circulatoire, des organes et des cellules. Nous verrons où l’infection se produit. À ma connaissance, c’est du jamais vu chez des animaux vivants. »
De nombreuses données montrent des caillots sanguins et des infections dans les cellules endothéliales des poumons de personnes décédées de la COVID-19. Or, les cellules endothéliales tapissent l’intérieur des vaisseaux sanguins et protègent le système cardiovasculaire. Une infection des vaisseaux sanguins pourrait donc expliquer bon nombre des effets inhabituels observés chez les personnes atteintes du coronavirus, comme les taux élevés de thrombose (formation de caillots sanguins) qui entraînent des accidents vasculaires cérébraux et d’autres troubles cardiovasculaires.
Des traitements pouvant sauver des vies existent peut-être déjà?
« Si le SRAS-CoV-2 est un virus endothélial, nous n’employons pas les bonnes méthodes, explique M. Kubes. Nous devrions être beaucoup plus préoccupés par la coagulation et la faible quantité de sang qui rejoint les organes vitaux. Fort heureusement, il existe des médicaments qui peuvent contrer ces problèmes. »
S’il était confirmé que la COVID-19 infecte les vaisseaux sanguins, nous pourrions adopter de nouvelles méthodes qui sauveraient des vies. Paul Kubes pense que certains traitements existants pourraient alors passer directement à l’étape de l’essai clinique d’ici la fin de 2020, dans l’espoir de juguler les complications vasculaires liées à la COVID-19.