Depuis le début de la pandémie de COVID-19, le dépistage constitue un enjeu majeur. Dans cette optique, des chercheurs et chercheuses de l’Institut des Grands Lacs sur la recherche environnementale (GLIER) de l’Université de Windsor testent les eaux usées afin de dépister le SRAS-CoV-2 et une multitude d’autres virus, chez des populations entières.
L’équipe de l’Institut des Grands Lacs sur la recherche environnementale, qui étudiait auparavant les lacs et les bassins versants, se penche désormais sur l’analyse des eaux usées pour détecter la signature génétique des symptômes du SRAS-CoV-2 (et non du virus infectieux). « Nous avons réalisé que nous disposions de l’infrastructure et de l’expertise nécessaires en matière de recherche, et nous souhaitions contribuer à la lutte contre la COVID-19 », a déclaré Michael McKay, directeur général de l’institut.
« Toute personne infectée rejettera le virus par ses selles », explique le chercheur. En prélevant des échantillons de neuf usines de traitement situées à Lakeshore, Amherstburg, deux à Windsor et cinq à London (Ontario), Michael McKay et son équipe peuvent détecter les tendances des taux d’infection de ces collectivités. « Le dépistage a posé de nombreux problèmes, des chaînes d’approvisionnement aux centres de dépistage bondés, sans compter tous ceux qui ne sont pas prêts à se faire tester. Ce qui est bien dans cette approche, c’est qu’elle ne fait pas de discrimination : tout le monde contribue au flux d’eaux usées et c’est pourquoi nous appelons cette méthode le prélèvement communautaire. »
La surveillance de la COVID-19 dans les eaux usées peut appuyer les stratégies de santé publique visant à freiner la propagation
En étudiant l’épidémiologie des eaux usées, les chercheurs peuvent transmettre des données sur les concentrations de SRAS-CoV-2 aux services de santé publique, afin de corroborer leurs résultats ou de tirer la sonnette d’alarme si les chiffres ne concordent pas. « La santé publique peut utiliser ces renseignements dans le cadre de l’élaboration de stratégies adéquates visant à encadrer le confinement et à freiner la propagation du virus », affirme monsieur McKay.
Grâce à ce nouveau financement, l’équipe de l’institut prévoit avoir recours à une technologie en circuit ouvert pour accroître sa capacité de dépistage. Ainsi, elle peut dresser un état des lieux d’une semaine à l’autre, comme le font d’autres groupes de recherche sur les eaux usées, en plus d’effectuer des analyses à long terme. « Une étude longitudinale nous permettra de dégager des tendances », explique monsieur McKay. Puisque le virus semble être évacué jusqu'à sept jours avant que les personnes atteintes en éprouvent les symptômes, la surveillance des eaux usées présente l’avantage de permettre une détection précoce.
« Cette technique peut servir à détecter toutes sortes de virus, et la surveillance des eaux usées pourrait devenir une pratique courante en matière de santé publique. »
Le renforcement de cette capacité de surveillance permettra également de restreindre l’échantillonnage à des installations particulières, là où l’on pourrait cibler des risques plus élevés, telles que dans les centres de soins de longue durée et les résidences universitaires.
Au terme de la pandémie du nouveau coronavirus, le chercheur envisage une application plus large de cette technologie dans le domaine de la santé publique. « De nombreuses régions du Canada dépendent des services municipaux de traitement des eaux usées. Cette technique peut servir à détecter toutes sortes de virus, et la surveillance des eaux usées pourrait devenir une pratique courante en matière de santé publique. »