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Comment faire le pas entre la recherche et le démarrage d’entreprise

Première partie de notre série de webinaires : Votre avenir – comment faire le pas entre la recherche et le démarrage d’entreprise. Visionnez ces trois chercheurs et cette chercheuse de la nouvelle génération entrepreneuriale. Ils ont créé de nouvelles entreprises florissantes en canalisant leur curiosité et leur ambition. Dans ce webinaire, ils donnent des conseils, des idées et de quoi trouver l’inspiration pour se lancer en affaires!
SOPHIE ROSA :

Bonjour à toutes et à tous. Je vous souhaite la bienvenue au webinaire : Votre avenir – comment faire le pas entre la recherche et le démarrage d’entreprise.
Je m'appelle Sophie Rosa et je suis gestionnaire du rayonnement et des relations avec les parties prenantes à la Fondation canadienne pour l'innovation ou, comme nous disons plus communément, la FCI.

Tout d'abord, j'aimerais mentionner que, avec tout le respect dû au peuple algonquin anichinabé, nous, à la Fondation canadienne pour l’innovation, reconnaissons que notre siège social est situé sur son territoire traditionnel non cédé. Alors que nous soutenons la recherche dans tout le Canada, nous saluons la relation que les Premières Nations, les Inuit et les Métis entretiennent avec les terres de ce pays. Nous nous engageons à ce que notre travail favorise la réconciliation avec tous les peuples autochtones.

Avant de commencer, j'aimerais aussi vous parler un peu de la FCI et de la raison pour laquelle nous organisons cette série de webinaires.

La FCI est un organisme qui finance des laboratoires, des équipements et des installations de recherche sur les campus de tout le pays. Cela va des séquenceurs d'ADN et des microscopes électroniques aux infrastructures à plus grande échelle telles que le Réseau de contrôle océanique et le brise-glace de recherche NGCC Amundsen.

Jusqu'à présent, la FCI a financé plus de 13 000 projets en 28 ans.

Vous pouvez imaginer qu'un grand nombre des projets de recherche auxquels vous pouvez penser au Canada utilisent probablement des infrastructures que nous avons financées.

Les investissements que nous réalisons aident à attirer au Canada les meilleurs chercheurs et chercheuses et à leur donner les moyens d'être des leaders mondiaux dans leur domaine. L'accès à des laboratoires et à des outils de recherche de pointe leur permet de relever des défis émergents tels que les pandémies, l’insécurité alimentaire, les changements climatiques et bien d'autres choses encore.

Pourquoi organisons-nous ces webinaires? Les laboratoires que nous soutenons servent également d'incubateurs pour des projets entrepreneuriaux audacieux. Ce sont des espaces où les étudiantes et les étudiants de premier et deuxième cycles mènent des travaux de recherche, font l’expérience du mentorat et s'efforcent de transformer leurs idées en entreprises florissantes. En fait, chaque panéliste que nous accueillons aujourd'hui a travaillé dans un laboratoire financé par la FCI.

En tant qu'organisation, nous reconnaissons bien sûr la valeur de ces opportunités et nous espérons inspirer le corps étudiant dont vous faites partie, à faire de même.

Nous laisserons autant de temps que possible aux panélistes pour répondre à vos questions. Si vous pensez à une question en particulier, pendant que vous écoutez la discussion, écrivez-la dans la section « Questions et réponses ». L'icône se trouve en bas de votre écran. Nous essaierons de répondre à autant de questions que possible pendant le temps dont nous disposons.

Je passe maintenant la parole à notre modérateur : Jon French. Jon est le directeur de l'entrepreneuriat à l'Université de Toronto, où il est chargé de soutenir et de défendre toutes les initiatives d'entrepreneuriat sur les trois campus de l'université. Il est donc très bien placé pour diriger la discussion d'aujourd'hui avec nos quatre jeunes entrepreneur·es.

Sans plus attendre, je vous laisse la parole, Jon.

JON FRENCH :

C'est formidable. Merci Sophie. Et bon après-midi ou bon matin, je suppose, selon la partie du pays où vous vous trouvez. Comme Sophie l'a mentionné, j'ai le plaisir de diriger l'écosystème de l'entrepreneuriat à l'Université de Toronto, où nous avons 12 centres, ou accélérateurs d'innovation.

Par exemple, nous avons un accélérateur pour jeunes pousses de rupture appelé U-test, nous avons un incubateur de laboratoire expérimental appelé Spin Up. Lorsque j'ai appris que j'avais la possibilité d'animer cette table ronde, j'ai sauté sur l'occasion car, bien souvent, nous constatons que les entrepreneurs, les étudiants, les chercheurs et les professeurs ne savent pas où aller sur le campus, ni à quelles ressources s'adresser. Ou bien ils se rendent coupables de s'y prendre trop tard.

Nous avons donc quatre entrepreneur·es et panélistes incroyables qui vous parleront aujourd'hui pour vous donner des conseils, vous inspirer et vous orienter dans la bonne direction. Et comme Sophie l'a mentionné, il y aura une possibilité de poser vos questions et d’obtenir des réponses à la fin, alors n'oubliez pas de les écrire dans la boîte de clavardage.

Je vais présenter brièvement nos quatre panélistes et leur demander ensuite de nous parler un peu de leur parcours entrepreneurial. Je suis donc ravi que Brock Schuman, PDG d'Azor Biotech à Victoria, en Colombie-Britannique, se joigne à nous. L’entreprise exploite l'IA et la robotique à haut débit pour concevoir de petites molécules ciblant les micro-ARN. Bienvenue, Brock.

Nous accueillons Harsh Rathod, également originaire de Victoria, en Colombie-Britannique, cofondateur et PDG de Niricson. C’est l'une des entreprises en démarrage à la croissance la plus rapide de la province. Elle sert une clientèle qui comprend BC Hydro, Ontario Power Generation et les principaux aéroports de six pays pour assurer la sécurité des ponts, des barrages et d'autres infrastructures essentielles. Bienvenue, Harsh.

Nous accueillons Kritika Tyagi, lauréate du prix Forbes des 30 personnes de moins de 30 ans, ancienne élève de l'Université de Toronto et cofondatrice de erthosMD, basée à Toronto, où elle associe son expertise en écologie et en biologie végétale à la technologie de fabrication, pour innover dans le domaine des biomatériaux. Bienvenue, Kritika.

Enfin, nous accueillons Ravi Kempaiah, PDG de Zen Energy, basée à Dartmouth, en Nouvelle-Écosse. Zen Energy innove et commercialise des batteries de longue durée pour les véhicules électriques et les systèmes de stockage d'énergie. Bienvenue, Ravi, et merci de représenter la côte Est.

Je vais passer la parole à chacun de nos entrepreneur·es pour qu'ils nous donnent un aperçu de leur parcours entrepreneurial et veuillez également parler de l'endroit où vous avez étudié et en quoi. Parlez-nous un peu de votre entreprise et de ses retombées sur le secteur ou sur la clientèle que vous servez, ainsi que sur le public. Qu'est-ce qui vous a incité à transformer votre projet de recherche en entreprise?

Brock, vous êtes le premier. Allez-y.

BROCK SCHUMAN :

Très bien. Merci beaucoup, Jon. Je m'appelle Brock et j'ai obtenu mon doctorat à l'Université de Victoria. C'est une petite université.

J'ai obtenu mon doctorat en biochimie et j'ai étudié la biologie structurelle. J'ai toujours été intéressé par les applications pratiques de la biochimie, en particulier le développement de médicaments, et j'ai donc effectué une série de stages postdoctoraux à Toronto.

J'ai notamment travaillé pour des entreprises en démarrage et des hôpitaux de recherche. Cela m'a permis de développer mon intérêt pour la création d'entreprise. Mes travaux postdoctoraux ont abouti à l'étude des micro-ARN en tant que biomarqueurs d'états pathologiques. Et je me suis dit qu'ils semblaient pouvoir être de très bonnes cibles pour les médicaments.

Et en regardant comment d'autres personnes essayaient de les cibler avec de petites molécules, j'ai senti que je pouvais faire beaucoup mieux. Et je pense que c'est probablement l'histoire de beaucoup d'entrepreneur·es, qui se disent qu'ils ont des compétences uniques pour résoudre un problème.

J'ai donc commencé par là et je n'avais pas de véritable formation en affaires. J'ai fait partie des personnes qui ne se sont pas inscrits à temps aux programmes de commerce et de sciences de la vie de l'Université de Toronto. J'ai donc eu un avant-goût des ressources disponibles, mais j'aurais probablement gagné à les intégrer plus tôt. Et oui, j'ai commencé par faire des choses pratiques, en voyant si je pouvais écrire une interface de protocole d'application pour utiliser l'IA.

J'ai commencé à obtenir des fonds pour réaliser des travaux pratiques par l'intermédiaire du Programme d'aide à la recherche industrielle du CNRC, qui est un excellent programme, l'un des plus faciles à mettre en œuvre. C'était tout un périple en matière d'apprentissage. Et je ne peux pas dire que je l'ai maîtrisé, que j’ai appris à distinguer les bailleurs de fonds.

Si vous recherchez un financement non dilutif, en séparant les bailleurs de fonds de leur argent, j'ai réussi mais je ne dirais pas que je suis un expert et cela a été tout un périple en matière d'apprentissage. Une grande partie du problème que j'ai ressenti est que vous n'êtes plus vous-même, parce que… j'étais un orateur public confiant dans sa pédagogie, mais ce n'est pas vraiment ce que vous essayez de faire lorsque vous essayez d'obtenir du financement.

Quoi qu'il en soit, la transition a été un peu difficile et Azor se porte très bien aujourd'hui. Nous avons obtenu du financement pour une robotique à très haut débit que nous restituons à la communauté. Nous l'apportons à l'Université de Victoria. Voilà, je pense que c'est suffisant pour l'instant. Merci.

JON :

Excellent. Excellent début. Merci Brock. Avant de vous laisser la parole, Harsh, je remarque que des questions ont déjà été posées dans la section « Questions et réponses », ce qui est très bien. Que ce soit au cours de la discussion ou à la fin, je vais être en mesure (ou l'équipe de la FCI) de partager certaines des ressources qui auront été mises en évidence. Brock a mentionné le programme « PARI » du CNRC, qui est l'une des nombreuses excellentes ressources. Harsh, c'est à vous de nous raconter votre histoire.

HARSH RATHOD :

Formidable. Merci Jon. Bonjour. Je vous remercie de vous être joints à nous. Je m'appelle Harsh Rathod, PDG et cofondateur de Niricson. Je suis né et j'ai grandi en Inde. Je suis venu au Canada en 2014 pour faire mon mémoire de maîtrise.
J'ai passé environ un an au Canada, puis en 2015, j'ai eu l'opportunité de travailler sur un projet vraiment cool où l'idée était de combiner la robotique et la vision par ordinateur pour résoudre certains des problèmes liés à l'inspection des infrastructures.

Pour ceux qui ne comprennent pas tout l'aspect de l'inspection, je vais vous donner un aperçu. Vous voyez tous ces grands ponts, barrages, centrales nucléaires, pistes d'atterrissage, bâtiments autour de vous et l'inspection de ces actifs se fait vraiment avec une vieille méthodologie. Les ingénieur·es civil·es ou les technicien·nes se rendent sur le terrain avec un stylo, du papier et un marteau et ils tentent d'identifier toutes les dégradations.

Ils cartographient le tout avec un stylo et du papier, dessinent littéralement sur le papier et mettent ensuite le tout dans un formulaire qui produira un rapport. Puis, tous les deux ans, ces rapports sont modifiés. Ensuite, ils essaient de comparer les rapports.

En outre, ils se munissent d'un marteau pour frapper la surface du béton, puis d'en écouter le son. En se basant sur la différence de son, ils seront en mesure de dire s'il y a des problèmes ou non.

Ce que je voulais faire dans le cadre de mon doctorat, qui a duré environ quatre ans et demi, c'était d'essayer d'éliminer la composante humaine dès le début et de se concentrer sur la composante humaine dans la partie analyse. Il s'agissait donc d'utiliser la robotique et la vision par ordinateur pour automatiser et numériser l'évaluation de l'état des infrastructures de bout en bout.

Les drones volent et capturent automatiquement des données multicouches. Nous avons inventé une technologie qui permet au drone d'effectuer les prélèvements et de capturer les données. Nous les superposons les unes aux autres, nous créons un modèle de détérioration et nous voyons comment il évolue. Aujourd'hui, l'objectif est donc beaucoup plus sûr. C'est plus rentable, beaucoup plus rapide et évolutif.

Juste après avoir terminé mon programme de doctorat, j'ai contacté l'un des clients de la Colombie-Britannique et je lui ai présenté cette idée, ce qui nous a permis d'obtenir un contrat très tôt. Nous avons déployé la technologie et obtenu de très bons résultats. Nous avons comparé la technologie à la méthode manuelle traditionnelle. Après ce succès, nous avons commencé à nous étendre dans d'autres régions du Canada, aux États-Unis, en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Inde et maintenant au Royaume-Uni. En fait, je suis en ce moment même en Écosse, en train d'étendre nos activités à ce pays.

Ensuite, nous avons obtenu une très bonne traction sur le marché des ponts et sur celui des aérodromes. À l'heure actuelle, nous sommes environ 47 personnes à travers le monde à gérer les opérations dans environ six pays. J'ai beaucoup de choses à partager, mais nous nous pencherons sur les différents éléments plus tard dans le webinaire.

JON :

Formidable. Merci Harsh. Je suis heureux que vous ayez mentionné la taille de votre équipe et le fait que vous êtes répartis, cela allait être l'une de mes questions également.
Kritika, parlez-nous un peu de vous et du parcours d'erthosMD.

KRITIKA TYAGI :

Bonjour. Je m'appelle Kritika et je suis cheffe de produit et cofondatrice d'erthosMD.

Mon parcours a commencé alors que j'étais étudiante en biologie végétale à l'Université de Toronto, où ma cofondatrice Nuha [Siddiqui], qui a une formation commerciale, et moi-même nous sommes rencontrées. Nous travaillions dans un club d'entrepreneuriat social appelé Enactus. C'est là que nous sommes tombées sur un rapport du Forum économique mondial selon lequel, d'ici 2050, il y aura plus de plastique que de poissons dans les océans, en termes de poids.

C'était aux alentours de l'année 2016, lorsque nous commencions vraiment à voir le boom du commerce électronique et tous les emballages qui accompagnaient chaque produit que nous achetions. Nous avons donc décidé de remettre en question cette statistique et de faire quelque chose pour y remédier.

erthosMD a commencé par un projet visant à utiliser des matériaux d'origine végétale pour remplacer les emballages, comme l’emballage de cacahuètes. Nous avons eu la chance d'être en contact avec les incroyables personnes de l'Université de Toronto qui nous ont non seulement guidées, mais aussi mises en relation avec des ressources vitales qui nous ont permis de passer d'un simple projet de recherche à une startup constituée en société.

Vers 2018, nous sommes passées par le CDL, le programme Creative Destruction Lab, où nous avons rencontré notre premier investisseur. Et nous avons décidé de tirer parti de notre premier financement de pré-amorçage pour acheter des billets aller simple pour l'Asie, où nous avons organisé d'innombrables réunions avec des fabricants et des entreprises de plastique pour vraiment comprendre pourquoi les matériaux d'origine végétale n'étaient pas adoptés davantage dans la chaîne d'approvisionnement.

Nous avons passé un an à comprendre que ce n'est pas la mise en application qui pose un problème, mais plutôt les matières plastiques elles-mêmes. C'est là que nous avons fait notre premier pas. Nous avons commencé à exploiter notre base de données d'ingrédients pour concevoir des mélanges uniques destinés à remplacer les résines plastiques pour différents plastiques à usage unique ou multiple.

Contrairement à d'autres bioplastiques, nos matériaux étaient réellement fonctionnels et, surtout, compatibles avec l'infrastructure plastique existante. Ainsi, au lieu de réinventer la roue, nous avons pu travailler main dans la main avec les fabricants pour remplacer ces produits chimiques et plastiques toxiques dans leur chaîne d'approvisionnement.

Depuis, nous avons réussi quelques projets. L'un d'entre eux a été réalisé avec AB InBev pour leur gamme Budweiser, où nous avons lancé en Inde le premier bouchon de fût compostable au monde. Depuis, nous réalisons des projets sur mesure avec de grandes entreprises de produits de grande consommation.

Aujourd'hui, erthosMD est une entreprise qui a dépassé les étapes de l’investissement providentiel et même du financement d’amorçage. Nous tirons parti de près d'une décennie de recherche pour développer des algorithmes internes d'apprentissage automatique qui nous permettent d'accélérer nos processus de recherche. Cela nous a permis de concevoir et de fournir de nouvelles formules de mélange d'ingrédients pour les produits de grande consommation en un temps record. Nous avons réduit les délais de recherche et de développement de 18 mois à environ six ou huit mois.
Tout au long de ce parcours, nous avons pu compter sur d'incroyables porte-paroles (tels que Jon), qui ont non seulement encouragé erthosMD tout au long de sa croissance, mais qui l'ont également soutenue de manière incroyable en faisant passer les solutions à base de plantes au premier plan. Nous avons pour mission de prouver que les matériaux biosourcés peuvent réellement remplacer les plastiques toxiques et nocifs à grande échelle.

Je suis très heureuse d'être ici aujourd’hui et de pouvoir en dire plus sur notre parcours.

JON :

Merci Kritika, et merci de ta reconnaissance. Honnêtement je ne lui ai pas demandé de dire cela. Pour tous ceux et toutes celles qui participent, vous pouvez déjà constater que l'un des thèmes abordés par les trois premiers panélistes touche à l'exploitation de l'intelligence artificielle et de l'apprentissage automatique pour mieux faire, qu'il s'agisse de la découverte de médicaments, de nouveaux matériaux, de l'exploitation de la vision par ordinateur pour l'étude des barrages et des pistes d'atterrissage, et ainsi de suite. Il pourrait donc s'agir d'un thème sur lequel nous reviendrons au fur et à mesure que la conversation évolue.

Je laisse maintenant la parole à Ravi pour qu'il nous parle de Zen Energy et de son histoire.

RAVI KEMPAIAH :

Merci. Merci Jon. Bonjour. C'est un plaisir d'être ici.

J'ai grandi en Inde, puis j'ai déménagé au Canada en 2010 pour préparer ma maîtrise à l'Université de Waterloo, où j'ai étudié les nanotechnologies. J'ai ensuite passé une dizaine d'années à travailler aux États-Unis pour mon autre maîtrise et mon doctorat. Tout au long de ce parcours de 10 ou 12 ans, je n'ai jamais pensé que je deviendrais entrepreneur. J'ai toujours pensé que je serais professeur ou chercheur quelque part.

C'est mon expérience aux États-Unis qui m'y a poussé. J'étais dans le Maryland, puis à [l'Université] Purdue [dans l’Indiana], puis à Chicago [dans l’Illinois], et les transports publics étaient assez mauvais dans beaucoup de ces endroits et il vous est presque impossible d’aller nulle part en tant qu'étudiant. Il fallait prendre un Über et revenir, et il n'y avait pas assez de Über, alors j'ai cherché une alternative.

Je n'avais pas les moyens de m'acheter une voiture, alors j'ai cherché d’autres alternatives. C'est là que j'ai découvert les vélos électriques. C'était en 2013, au tout début. C'est ainsi que j'ai commencé à m'intéresser à la mobilité électrique. J'ai acheté mon premier vélo électrique, puis j'ai commencé à construire des vélos électriques. Je me suis rendu compte que les batteries et la mobilité électrique étaient en train de prendre de l'ampleur.

J'ai déménagé au Canada, puis en 2021 pour mon postdoc à l'Université Dalhousie, où j’ai travaillé avec le professeur Jeff Dahn. Je ne suis pas sûr que ça se sait, mais l'Université Dalhousie est la seule université au monde à avoir un partenariat exclusif avec Tesla et elle est considérée comme la Mecque des batteries.

J'ai eu l'occasion de travailler avec un professeur visionnaire, Jeff Dahn, qui soutenait ce produit et cette technologie. Nous avons eu une idée : pourquoi ne pas commencer par fabriquer des vélos électriques et voir ensuite comment nous pourrions soutenir un marché plus important?

C'est ainsi que l'aventure a commencé. Lorsque je suis arrivé au Canada, je n'avais aucune idée de la façon dont on devait incorporer une société. Je n'avais aucune idée de comment procéder pour lever des fonds. J'ai donc eu la chance de participer à certains programmes, qu'il s'agisse de Creative Destruction Lab ou de Lab2Market. Lab2Market est un excellent programme que tout entrepreneur·e en herbe peut utiliser. Le programme CVL aussi est très intéressant. On apprend beaucoup grâce à ces programmes. C'est ainsi que j'ai appris certains principes fondamentaux.

Ensuite, on entre dans le processus complet. On commence à comprendre comment construire le produit, comment lever des fonds. Nous avons commencé Zen Energy comme une entreprise de fabrication de vélos électriques, maintenant nous nous concentrons sur la fabrication de blocs de batteries pour la mobilité électrique, qu'il s'agisse de cyclomoteurs, de motos, de véhicules à trois roues en Asie ou de drones.

Nous avons environ sept membres à Dartmouth et nous mettons en place la R.-D. et la fabrication en Inde, une fabrication à haut volume. On y fabriquera des batteries pour tous les scooters et vélos électriques que l'on trouve au Canada et sur le marché américain.

L'objectif est de faire durer ces batteries. Et si ces batteries peuvent durer huit ans, la plupart des gens passeront aux véhicules électriques ou aux cyclomoteurs ou motocyclettes électriques dans d'autres pays. Tel est le véritable objectif. Comment pouvons-nous faire durer ces batteries 10 ans pour que davantage de personnes puissent passer à l'électrique et que nous puissions réduire l'empreinte carbone.

Nous déployons également des blocs de batteries dans des stations d'échange dans des zones à forte densité en Asie, à Delhi, à Bombay, où il est possible d'échanger une batterie en 30 secondes. Là encore, comme Jon l'a dit, nous tirons parti d'algorithmes avancés et de modèles de prédiction par apprentissage automatique pour comprendre comment nous pouvons améliorer la durée de vie de ces batteries.

Je me réjouis de participer à cette discussion et de partager mon expérience.

JON :

Merci Ravi. Quelle est la taille de votre équipe actuellement?

RAVI :

Environ sept membres au Canada et huit autres en Inde en ce moment.

JON :

Très bien. Et merci à l'équipe de la FCI. J'allais dire que vous avez entendu parler de programmes supplémentaires pour celles et ceux d'entre vous qui écoutent et qui essaient de savoir vers qui se tourner pour obtenir de l'aide, pour commercialiser les recherches sur lesquelles ils travaillent.

Le programme Lab2Market , est en lien avec l’Université Dalhousie, l’Université métropolitaine de Toronto, l’Université Simon-Fraser, et aussi le programme Creative Destruction Lab, qui a démarré à l’École de gestion Rotman à l'Université de Toronto, mais qui a maintenant des filières et des chapitres dans tout le pays et dans d'autres parties du monde, y compris à Vancouver, à Halifax, à Montréal, et des filières vraiment uniques axées sur les jeunes pousses de rupture, qu'il s'agisse des matériaux avancés, de l'espace, de plusieurs filières dans le domaine de la santé, de l'intelligence artificielle, de la quantique. Il s'agit donc d'excellentes ressources à consulter.

Je vais revenir à Harsh. Dans votre introduction, vous avez mentionné le moment décisif ou le déclencheur de votre inspiration. Mais, pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ce moment décisif et aussi, en tant qu’innovateur, sur la façon d’obtenir le soutien d'une université ou d'autres personnes qui vous entouraient?

HARSH :

Je vous remercie. J'avais commencé mon doctorat depuis quelques années je pense quand j'ai compris à quoi ressemblait le cadre consistant à saisir puis transformer les données en informations significatives pour les ingénieur·es de structures.

Je savais que j'allais quelque part, mais à ce moment-là, je n'étais pas encore sûr que cela irait dans le sens de la commercialisation, n'est-ce pas?

Puis, un incident s'est produit en Inde, un pont s'est rompu. Certains membres de ma famille traversaient ce pont pratiquement tous les deux jours. Ce jour-là, ils ont eu la chance de ne pas voyager, mais 28 autres personnes sont mortes. J'ai été très choqué lorsque j'ai appris la nouvelle et j'ai essayé de communiquer avec les membres de ma famille. Après coup, j'ai réalisé que, même si ma famille n'en faisait pas partie, d'autres personnes étaient mortes.

Je pense que chaque année, des catastrophes se produisent et surtout elles n'arrivent pas qu’en Inde.

Or, le problème du vieillissement des infrastructures est maintenant majeur presque à l’échelle globale ou du moins à l’échelle des pays parce que la plupart des infrastructures ont été construites dans les années 60 et 70. Elles arrivent donc à la fin de leur durée de vie, en particulier aux États-Unis et, bien sûr, dans certaines infrastructures européennes.

J'ai donc pensé qu'il y avait une grande opportunité pour nous de faire quelque chose ici et compte tenu du fait que j'avais déjà fait des progrès significatifs, j’ai pensé que le Canada était probablement le meilleur pays pour commencer cette aventure entrepreneuriale parce qu'il y a tout simplement énormément d'opportunités que je pouvais voir à ce moment-là et je me suis dit : ok, commençons vraiment à tirer parti de ce moment et de l’énergie que je ressentais à ce moment-là et convertissons-la en contrats et investissements.

J'étais donc un chercheur un peu technophile et je n'avais aucune idée de comment parler aux investisseurs. C'est là que j'ai senti que le programme d'incubation de l'université m'a beaucoup aidé. Je n'avais aucune idée.

Jérôme est sûrement en ligne avec nous… Pour toutes les questions de base, j'allais le voir. Il est le directeur du Centre d’innovation de l'Université de Victoria. Il est fantastique et je lui posais les questions les plus stupides.

Il est ingénieur et comprend donc ce que pense l'ingénieur·e. Je n'avais aucune idée de ce qu'était un tableau de la structure du capital et c’est ce que certains investisseurs m'ont demandé en premier!

J’ai donc consulté Google, car c'est ce que font les chercheurs.

J'ai dû apprendre certaines notions de base seul, car qui apprend à un·e ingénieur·e à utiliser un tableau de la structure du capital?

J'ai dû me débrouiller, mais l'université m'a beaucoup aidé.

J'ai également réalisé que l'université ne pouvait pas être mon seul recours non plus. Nous devons sortir de l'université et obtenir du soutien extérieur. Le Creative Destruction Lab (CDL) est une autre forme de soutien mis en place par l'université. J'ai pu participer à ce programme et j'ai trouvé quelques investisseurs qui ont participé à notre premier tour de table. Cela a également été un grand moment pour nous.

Mais, vous savez, Jon, vous pouvez probablement comprendre cela parce que beaucoup d'entrepreneur·es viennent vous voir.
Chaque jour, on reçoit des coups de poing en pleine figure et il faut savoir les encaisser. J'ai reçu beaucoup de coups tous les jours, et j'en reçois encore beaucoup, mais je pense que lorsque vous êtes en mission pour résoudre quelque chose, vous pouvez encaisser ces coups.

Il se passe aussi beaucoup de choses formidables qui vous motivent tout au long du chemin, mais il y aura toujours des coups de poing dont il faudra se souvenir, mais ces coups de poing vous rendent vraiment fort lorsque vous êtes en mission pour quelque chose et que vous pouvez les encaisser.

Alors, je vais m’arrêter là. Je peux continuer à parler, mais je veux laisser les autres parler.

JON :

Merci Harsh. Je vois que oui, Jérôme est en ligne. Alors bonjour, Jérôme. Merci de vous être joint à nous et de tout ce que vous faites pour l'écosystème.

Je vais passer à Brock pour une seconde. Brock, dans vos commentaires, vous avez parlé un peu des premiers jours, de l'accès à certains équipements et Sophie a parlé de certains équipements de laboratoire que la FCI rend accessibles. En quoi cela a-t-il été utile?

À quoi avez-vous eu accès? Y a-t-il eu des difficultés lorsque, tout à coup, les choses n'ont plus été disponibles de la même manière? Y a-t-il des conseils que vous voulez donner aux entrepreneur·es en herbe qui réfléchissent à obtenir un accès aux espaces physiques, aux équipements, aux laboratoires, et ainsi de suite?

BROCK : Oui, je pense que c'est tout à fait applicable à n'importe quelle science de la vie, si vous voulez mettre en place un laboratoire entièrement opérationnel, vous avez besoin d'environ un demi-million de dollars pour tout mettre en place. C'était donc formidable lorsque j'étais post-doctorant et que j'avais accès à toutes ces ressources. Beaucoup d'entre elles peuvent être obtenues par le biais de la sous-traitance. Il existe de nombreux laboratoires au Canada et à l'étranger auxquels on peut faire appel. Parfois, on ne peut pas en tirer parti aussi bien qu'en disposant de son propre matériel et de son propre équipement.

C'était aussi une expérience d'apprentissage, car une grande partie des activités de robotique à haut débit que nous faisions étaient pratiques, de sorte que j'ai pu voir dans quels domaines il y avait beaucoup de place pour l'amélioration pour notre propre robotique et nous avons alors pu commencer à apporter ces améliorations. Veillez à tirer pleinement parti des ressources mises à votre disposition.

Cela a été plus difficile pour moi parce que je n'étais pas une entreprise en démarrage universitaire. Mais si c’est ce que vous êtes, vous aurez généralement toujours accès à un grand nombre de ressources.

Au Canada, il existe de nombreuses ressources que je ne connais pas bien et qui peuvent aider à soutenir les retombées du milieu de l’enseignement postsecondaire.

Mais il faut garder à l'esprit qu'à l'avenir, il faudra s'entourer de partenaires capables de faire ce que l'on ne peut pas faire en tant qu’entreprise en démarrage.

JON :

C'est bien dit. Kritika, je vous pose la même question, mais pourriez-vous nous parler un peu des débuts d'erthosMD et de ce à quoi vous aviez accès, puis de l'évolution vers l'installation dont vous disposez aujourd'hui et de ce qu'a été ce processus.

KRITIKA :

Oui, l'histoire est très similaire à celle de Brock. À l'époque où nous faisions de la recherche, nous étions dans une position très unique où nous travaillions davantage sur un mode de validation d'hypothèses pour comprendre si les matériaux d'origine végétale pouvaient même être utilisés pour remplacer les plastiques traditionnels.

Lorsque nous nous sommes constitués en compagnie et que nous avons commencé à travailler au rythme de l'industrie, nous nous sommes rendues compte que nous manquions de ressources. Nous manquions de temps et les choses allaient beaucoup plus vite et étaient plus exigeantes. Une grande partie du travail que nous avons effectué au début a consisté à comprendre comment nous pouvions être plus créatives et tirer le meilleur parti de la situation dans laquelle nous nous trouvions.

Au tout début de notre histoire, nous avons commencé à chercher des partenariats plus stratégiques, des gens qui pourraient vraiment intervenir et nous soutenir du point de vue des ressources. Nous avons fini par travailler avec le Collège Lambton. Il disposait d'un laboratoire financé par la FCI, et c'est là qu'une grande partie de notre recherche s'est développée. Nous avons pu nous associer à leur équipe de fabrication de biomatériaux pour commencer à comprendre et à travailler sur la manière dont nous pouvons mettre à l'échelle des matériaux à base de plantes.

Malheureusement, le fait de sortir du mode recherche signifiait également que nous devions nous débrouiller seules en ce qui concernait les dépenses importantes. L'achat d'équipements personnalisés pour fabriquer des matériaux à base de plantes était totalement hors de question pour nous au cours de la première année et demie de notre parcours opérationnel. Lorsque nous avons commencé à travailler avec le Collège Lambton, nous étions plutôt limitées à l'utilisation de ce qui était disponible à l'époque, à savoir des extrudeuses de matières plastiques traditionnelles.

Nous commencions à voir s'accumuler les difficultés pour faire fonctionner ces matériaux. Par exemple, parfois nos amidons brûlaient ou se dégradaient avant même de sortir des machines. Nous nous trouvions à la croisée des chemins. Nous pouvions soit nous décourager, soit profiter de cette situation pour faire preuve de créativité. Nous avons décidé de continuer et d'essayer de comprendre comment nous pouvions adapter ces biomatériaux aux lignes de fabrication de plastique existantes.

Je ne vais pas mentir, c'était vraiment une bataille difficile et il y avait des moments où Nuha, ma cofondatrice, était littéralement plongée dans notre mélange pour essayer de comprendre comment il devait fonctionner et nous restions éveillées toute la nuit pour essayer de trouver comment réussir à faire ne serait-ce qu'un seul essai réussi.

En fin de compte, cela a porté ses fruits. Aujourd'hui, nos matériaux sont parfaitement compatibles avec les équipements de fabrication traditionnels. Nous avons été en mesure de mettre à l'échelle et de construire des matériaux qui remplacent véritablement les plastiques traditionnels.

C'est parce que nous avons été confrontées à ces défis et à ces contraintes dès le début de notre parcours d’entreprise en démarrage. Je dirais que cela nous a aussi vraiment aidées à changer d'état d'esprit : nous essayons maintenant de regarder les défis à travers une lentille créative et nous essayons toujours de voir comment nous pouvons les faire fonctionner pour nous.

Je dirais que cela a certainement joué un rôle dans notre croissance et notre parcours jusqu'à aujourd'hui, parce que cela nous a permis de vraiment comprendre quels types de ressources étaient disponibles pour les entreprises en démarrage, et nous savions que nous n'avions pas besoin de tout faire seules.

Certaines des opportunités ont été mentionnées par Brock. Nous avons également travaillé avec le CRSNG [Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada] pour trouver du financement tels que la RS&DE [recherche scientifique et le développement expérimental]. Nous avons vraiment tiré le meilleur parti de la situation pour les entreprises en démarrage au Canada et des possibilités qui s'offraient à nous, et nous avons compris que nous avions bénéficié très tôt de beaucoup de soutien.

JON :

Parfait. Sans vouloir vous mettre sur la sellette, êtes-vous à l'aise pour expliquer ce qu'est la RS&DE à quelqu'un qui en entend parler pour la première fois?

KRITIKA :

Oui, en fait, la RS&DE est un programme merveilleux que je recommande vivement à tout fondateur admissible. Il s'agit essentiellement d'accorder des crédits d'impôt pour les travaux de recherche que vous effectuez. Chez erthosMD, il y a beaucoup de travail de recherche en permanence et ce programme nous permet d'obtenir des crédits d'impôt pour les heures que nous avons consacrées à la recherche et au développement. D'une certaine manière, cela nous permet de récupérer une partie de l'argent que nous avons dépensé pour la recherche et de le réinvestir dans tous les travaux de recherche que nous effectuons.

JON :

C'est parfait. Je vous remercie. Dernière question avant de passer à Ravi. Quelle est la taille de l'équipe d'erthosMD aujourd'hui et où se trouve chacun d'entre eux?

KRITIKA :

Nous sommes tous situés à Mississauga. Nous sommes revenus d'Asie au Canada la fin de semaine précédant la fermeture des frontières en raison de la COVID-19. Nous nous sommes rendues compte que nous voulions établir notre siège social ici, et nous avons donc des installations ultramodernes à Mississauga. C'est très proche de l'aéroport, donc très pratique.

Aujourd'hui, notre équipe compte un peu moins de 20 personnes. Elle se compose d'ingénieur·es en recherche et développement, de spécialistes des matériaux et des polymères, ainsi que de personnes créatives et merveilleuses qui s'occupent de l'aspect commercial et opérationnel.

JON :

C'est fantastique. Je vous remercie. Et je suis ravi d'apprendre que vous avez réussi à le faire à Mississauga et à le développer au Canada. Je sais que pour les entrepreneur·es qui cherchent à commercialiser la recherche, c'est parfois le cas mais parfois aussi, l’empreinte physique ou le travail est fait à l'extérieur du pays.

Pour Ravi et Harsh, la même question sur votre parcours, mais Ravi, vous avez parlé de la possibilité de tirer parti de l'expertise sur les batteries de l’Université Dalhousie et de l'équipement qui s'y trouve. Qu'avez-vous pu exploiter dans les premiers temps? Aujourd'hui, comment accédez-vous à l'équipement et aux laboratoires? Que se passe-t-il au Canada par rapport à d'autres régions du monde?

RAVI :

Il y a des endroits au Canada qui sont extrêmement bons, vraiment de classe mondiale. Si vous êtes dans l'un de ces renfoncements, que ce soit en Ontario, en Colombie-Britannique ou sur la côte Est, vous pouvez vraiment accéder aux marchés mondiaux. En fin de compte, toute entreprise en démarrage qui s’établit au Canada doit être compétitive au niveau mondial.

Les programmes tels que le CNRC [Conseil national de recherches du Canada], la RSAD , la RS&DE, Lab2Market, CDL [Creative Destruction Lab] sont tous excellents, mais le véritable défi reste de pouvoir mettre à l'échelle. Il s'agit de pouvoir se dépasser et atteindre les normes mondiales pour pouvoir rivaliser avec les autres entreprises.
Ce que je constate, c'est que la situation géopolitique dans le monde oblige à délocaliser puis à créer de la résilience au niveau national. Nous avons la chance de pouvoir nous appuyer sur ce carrefour en matière de batteries au Canada.

Il va y avoir un Centre canadien d'innovation en matière de batteries à l'Université de Dalhousie, et nous allons en faire partie. Nous avons exploité une grande partie des installations de recherche et du savoir-faire de l’université pour fabriquer nos produits et nous sommes maintenant présents sur le marché américain et sur le marché asiatique.

L'innovation que l'écosystème canadien peut produire est vraiment essentielle parce que vous avez de grandes universités, l'Université de Waterloo, Toronto, McGill, et ainsi de suite. Si vous êtes en mesure de vous attaquer à un problème très pratique, l'écosystème de l'innovation est fantastique, en particulier le système de soutien disponible au Canada par rapport à la région de la baie .

Il existe de nombreux programmes, qu'il s'agisse du CNRC, des gouvernements provinciaux locaux, de la RS&DE, etc. Pendant les deux premières années au moins, vous pouvez tirer parti de ces programmes et utiliser les installations des universités pour construire votre produit innovant, puis aller sur le marché où vous pouvez vraiment démontrer un avantage concurrentiel.

En quoi le Canada est-il un leader dans le domaine de l'énergie propre? Le Canada est vraiment en avance sur son temps en ce qui concerne les technologies d'énergie propre. Avec le grand nombre de véhicules électriques qui arrivent sur le marché, je vois une grande opportunité pour le Canada de tirer parti de l'industrie électronique, l'apprentissage automatique, la fabrication, tout ce que l’on y fait.

Ainsi, la confluence de tous ces éléments peut réellement placer le Canada au centre du monde. Il y a des renfoncements. Ce n'est pas que le Canada soit absolument fantastique dans tous les domaines, mais si vous trouvez un créneau où vous pouvez vraiment exceller, vous disposez d'un écosystème fantastique.

Utiliser les universités et cet écosystème d’entreprises en démarrage puis aller sur le marché mondial. C'est là que je vois une opportunité de compétitionner sur les marchés mondiaux.

JON :

Très bien présenté. Harsh, nous allons vous donner la parole au cas où vous souhaiteriez aborder d'autres points, puis nous passerons aux questions qui ont été posées.

HARSH :

Jon, je pense que Ravi a très bien couvert le sujet. Réservons le temps qu’il nous reste aux questions.

JON :

Très bien. Merci à la personne qui a posé une question dans la boîte de clavardage. Nous allons laisser répondre n’importe lequel des quatre panélistes. Quelles suggestions avez-vous pour les professeur·es d'université en ce qui concerne la formation et le fait d'inspirer les stagiaires et les étudiant·es diplômé·es afin qu'ils puissent faire le saut vers une entreprise en démarrage s'ils le souhaitent?

Brock, vous avez fait un commentaire sur Mitacs, je vais donc commencer par vous, mais nous ferons ensuite le tour de table avec cette question.

BROCK :

J'ai oublié de mentionner Mitacs tout à l'heure, mais il s'agit d'un programme qui s'applique à l'ensemble du Canada et qui est assez facile à obtenir si vous répondez aux critères. Des programmes de formation au développement des affaires sont également proposés dans le cadre de ce programme. En outre, ils paient la moitié d'un postdoc. Je pense que Mitacs est un très bon programme et c'est celui que je connais le mieux.

Je sais qu'il existe des programmes similaires par l'intermédiaire du CNRC. Je ne me souviens plus de leur nom, mais il en existe d'autres, notamment pour le financement des stagiaires.

RAVI :

Formidable. Excellent point, Brock. En fait, j'ai moi-même été post-doctorant chez Mitacs et cela a été un soutien énorme, énorme, pour mon entreprise. C'est un excellent programme à utiliser.

JON :

Merci à tous les deux. Harsh.

HARSH :

Je tiens à mentionner que les membres du corps enseignant sont excellents à diriger les travaux de recherche avec leurs étudiant·es de troisième cycle ou même les doctorant·es et post-doctorant·s. Mais l'une des choses qu'il faudrait probablement rationaliser davantage, c'est l'accord sur la propriété intellectuelle, car j'ai été confronté à certains problèmes au cours de mon travail.

Souvent, la propriété intellectuelle est conjointe et votre professeur·e est propriétaire de la propriété intellectuelle ou peut-être que certain·es des autres étudiant·es qui travaillent sur le projet de recherche sont propriétaires d'une partie de la propriété intellectuelle, qu'elle soit brevetée, déposée ou non, ou qu'elle ait fait l'objet d'une demande de brevet ou non. Si l'un·e des étudiant·es ou plusieurs étudiant·es souhaitent cofonder une entreprise, la propriété intellectuelle devient un peu plus compliquée.

Je ne sais pas à quel point les choses sont rationalisées, mais je pense que l'université peut vraiment aider avec cela. Certaines choses m'ont été utiles, mais j'ai également dû mener des conversations difficiles. Ce n'est jamais une conversation facile lorsqu'il s'agit de propriété intellectuelle.

Je crois que c’est important que je m'attarde sur ce point car, au cours des deux dernières années, un grand nombre d'étudiant·es m'ont contacté pour me poser la même question au sujet de la propriété intellectuelle : à qui appartient la propriété intellectuelle? Comment cela fonctionne-t-il si nous avons fait le travail de recherche ensemble, puis-je commencer la phase suivante seul·e? Comment puis-je obtenir la licence de l'université? Comment négocier avec l'université?

Ce ne sont pas des recettes écrites. Je pense que c'est là que l'incubateur entre en jeu, que le CDL entre en jeu. Il y a, bien sûr, certains programmes d'accélération qui existent et qui peuvent certainement aider dans ce domaine, mais je pense qu'il serait bon de rationaliser un peu les choses.

JON :

C'est un excellent point, Harsh. Avant de vous donner la parole, Kritika, pour la première question, avez-vous, ou quelqu'un d'autre a-t-il d'autres conseils ou une expérience en matière de propriété intellectuelle ou d’interaction avec le bureau de transfert de technologie de votre université? Avez-vous des conseils à donner aux entrepreneur·es en herbe, qu'il s'agisse d'étudiant·es ou de chercheurs ou chercheuses universitaires?

D'accord. Kritika, avez-vous quelque chose à ajouter sur la manière de conseiller et d'inciter les professeur·es à impliquer leurs étudiants diplômés dans la création d'entreprise?

KRITIKA :

Je pense que je voudrais me faire l'écho de ce qu'a dit Harsh, la propriété intellectuelle est sans aucun doute un élément très important. Dès le début, nous avons travaillé avec des établissements universitaires dans le cadre de subventions, car celles-ci permettent de rationaliser les clauses relatives à la propriété intellectuelle et de déterminer qui en est le propriétaire. Cela nous a permis de savoir très clairement ce que représentait la propriété intellectuelle dès le début.

Une chose que j'encouragerais vraiment et que j'ai vu se produire assez souvent à l'Université de Toronto, c'est de s'engager dans les ressources disponibles sur le campus en matière d'entrepreneuriat. Je pense qu'il y a beaucoup d'informations qui ne sont pas facilement accessibles et je pense que Harsh a mentionné cela à propos de ce qu'est un tableau de la structure du capital et je ne sais même pas comment en construire un!

Il s'agit là de défis auxquels, j'en suis sûr, tous les participants à cette table ronde ont été confrontés, où nous avons dû aller chercher ces informations, sans savoir qu'une grande partie de ces informations est fournie par certaines ressources de l'université.

Nous nous en sommes rendu compte lorsque nous avons intégré le programme entrepreneurial de l'Université de Toronto, où il existe un centre de ressources auquel on peut s'adresser pour comprendre les exigences en matière de propriété intellectuelle, pour savoir comment élaborer les dossiers de présentation en vue d'une levée de fonds, pour tout savoir, des plus petits détails jusqu'à la manière d'organiser son entreprise. En tant qu'étudiant·es diplômé·es, cette ressource n'est pas toujours facilement accessible.

Je dirais qu'il faut associer ces ressources au contenu de la recherche, car de cette manière, les étudiant·es peuvent comprendre l'applicabilité dans le monde réel d'une grande partie du travail qu'ils effectuent et peut-être qu’ils pourront aussi aborder certains de leurs travaux de recherche en ayant ces connaissances à l'esprit ou à portée de main.

C'est pourquoi j'insisterais davantage sur l'aspect ressources.

JON :

Excellent. Pour clore la conversation sur la propriété intellectuelle, je pense avoir réussi à insérer dans la boîte de clavardage un lien vers le programme de formation à la propriété intellectuelle de l'Université de Toronto, qui est accessible en ligne à tout le monde, et pas seulement aux étudiant·es de l'Université de Toronto.

Le premier niveau concerne les connaissances de base en matière de propriété intellectuelle, la prise de conscience de la valeur de ce que vous créez, le moment où il peut être judicieux de s'adresser aux expert·es de l'IPO (qui est notre bureau des innovations et des partenariats ou un bureau de transfert de technologie), les thèmes à aborder dans le cadre de la politique universitaire en matière d'inventions, et ainsi de suite. J'encourage les gens à y jeter un coup d'œil et à se mettre en contact avec leur équivalent dans leur établissement.

Pour changer un peu de vitesse, tout le monde sait que le mentorat est essentiel à la réussite d'un·e entrepreneur·e. Je vais mettre chacun d'entre vous sur la sellette et vous demander de mettre en avant un ou une mentor·e ou un conseiller ou une conseillère. Vous pouvez les présenter comme vous le souhaitez, que ce soit par leur nom ou par leur profil général, et comment ils ont apporté une valeur ajoutée à votre entreprise ou à vous au cours de votre parcours. N'hésitez pas non plus à donner des conseils aux entrepreneur·es qui cherchent à trouver ou à établir des relations avec des mentor·es ou des expert·es dans leur domaine. Brock, commençons par vous.

BROCK :

D'accord. Je dirais que même au niveau postdoc, j'essayais toujours d'avoir autant de mentor·es que possible. Ce qui est, je pense, une bonne stratégie, mais je vais répondre d'une manière non conventionnelle.

Même si j'ai bénéficié d'un bon mentorat, en particulier de la part de mon directeur de thèse, je dirais que le plus grand mentor dans la réussite de mon entreprise a été un très bon client que j'ai eu et qui était d'accord avec le fait que j’étais inexpérimenté. Brent Loshney, qui dirige une entreprise de chimie de synthèse, était un bon client qui acceptait que je sois naïf. Il m'a orienté vers la clientèle de son réseau.

Vous savez, à mon avis il y a une grande part de heureux hasard dans le succès. Je l'ai rencontré lors d'une fête de Noël de Life Science BC, il a aimé la blague que j'ai racontée. Souvent, dans les premiers temps, il s'agit en grande partie de se vendre, alors soyez amical, participez à des événements de réseautage.

JON :

J'aimerais savoir quelle était la blague, mais nous n’allons pas vous mettre davantage sous les projecteurs.

BROCK :

Il s'agissait de stéréochimie, il fallait vraiment être là. Il s'agit d'un domaine assez pointu.

JON :

Excellent. Je vous remercie. Ravi, je vous pose la même question.

RAVI :

Vous savez, un grand professeur·e est inestimable dans cette aventure parce qu'il y a tellement d'obstacles et parfois vous ne savez pas ce que vous ne savez pas. Les défis de la collecte de fonds, de la présentation et de l'adéquation du produit au marché sont énormes. C'est une chose de collecter des fonds, mais c'en est une autre de réussir à adapter le produit au marché et d'être rentable.

Un bon mentor est donc extrêmement précieux, et vous avez besoin de quelqu'un d'honnête et d'ancré dans la réalité. Vous voulez quelqu'un qui soit direct, mais même temps compatissant et qui vous soutienne. Les Canadiennes et les Canadiens sont parfois trop gentils. Vous voulez quelqu'un qui puisse vous aider à naviguer ce périple difficile qu'est la vie d'un entrepreneur·e au cours des six premières années.

J'ai eu la chance de travailler avec le Jeff Dahn, un scientifique extrêmement fantastique. Il a aujourd'hui 65 ou 66 ans et chaque jour, il est au bureau de 7 h 30 à 16 h 30, assis à côté de postdocs en train de rédiger des articles. Il faut côtoyer les meilleurs pour comprendre ce qu'il faut vraiment pour être une entreprise rentable. Je parierais beaucoup sur certains d'entre eux.

Par ailleurs, au Canada, en raison de tous les systèmes de soutien dont vous disposez, vous trouverez également de nombreux consultants prêts à vous offrir des conseils et à tirer parti de certains de ces programmes. Vous devez comprendre ce qui vous permet vraiment d'adapter votre produit au marché, mais vous devez toujours prendre vos propres décisions.

Un bon mentor vous aide à passer au financement de série B et à entrer en bourse ce qui est un atout extrêmement précieux. Si vous avez de la chance, vous l'obtiendrez.

J'espère que tout le monde aura la chance de l'obtenir.

JON :

Je vous pose la même question, Harsh. Merci Ravi.

HARSH :

Je pense qu'en ce qui me concerne, j'ai eu de nombreux mentors au cours des dix dernières années, à différentes étapes de ma vie. Si vous considérez mon doctorat, mon professeur a été un grand mentor, il m'a vraiment incité à sortir des sentiers battus et à faire preuve d'audace, et il m'a toujours soutenu .

Puis, bien sûr, je suis passé à une autre phase de ma vie, en essayant de commercialiser ce produit, et j'ai eu de nombreux mentors. J'ai nommé Jérôme, l'un des premiers sur ma liste. Il m'écoutait simplement. Je pense que parfois, vous avez juste besoin de quelqu'un pour écouter toutes vos frustrations. C'est ce qu'il faisait toute la journée. Vous avez besoin de ce genre de mentor qui peut vous écouter et comprendre vos émotions et tout ce que vous traversez.

Je dirais que mon conseil d'administration est vraiment bon. Ce sont des gens très intelligents, qui viennent de Stanford et de Harvard et qui ont réussi dans des entreprises, Mackenzie 10 ans . J’ai eu l'impression d'avoir beaucoup de choses à apprendre d'eux. Ils ont beaucoup d'expérience.

L'un des membres du conseil d'administration est déjà entré en bourse, et je suis encore en train de rattraper mon retard d'apprentissage. Certains membres de mon équipe viennent de grandes entreprises comme Intel. L'un d'entre eux vient de Tesla. Même moi, j'ai été surpris quand il a rejoint Niricson, et il m'a dit : « J'aimerais me joindre à vous parce que ce que vous faites est vraiment super cool et c'est quelque chose que Tesla ne fait pas. »

Bien sûr, il faut une discussion plus approfondie pour analyser cet aspect particulier de ce qu'il dit, mais c'est une grande source d'inspiration. J'apprends beaucoup de lui sur certaines des décisions qu'il prend et j'essaie de voir comment je peux prendre ce genre de décisions, comment je peux cadrer mes mesures de décision et comment je peux évaluer certaines des pensées que j'ai.

Le CDL et les membres de votre famille sont également de grands mentor·es. Je les considère sans aucun doute comme des mentor·es dans mon parcours. Ils façonnent différents aspects de ma personne. Je ne peux penser pas à une seule personne, mais à plusieurs.

JON :

Merci Harsh. J'allais justement dire que c'est un excellent point sur les talents et le fait d'attirer des personnes d'autres grandes entreprises qui peuvent apporter une valeur ajoutée en tant que mentor·es et conseillers ou conseillères. Nous pourrions organiser un webinaire distinct sur la question des talents et de la concurrence avec les meilleurs talents, mais je ne perdrai pas votre temps. Kritika, c'est à vous de parler de cette expérience de mentorat qui a eu un effet sur vous.

KRITIKA : J'ai participé à un programme de mentorat au début, lorsque nous nous concentrions uniquement sur la conception de résines, et j'ai rencontré plusieurs mentor·es différent·es. J'ai rapidement réalisé que le mentorat est un peu comme un rendez-vous galant, où vous devez trouver le bon mentor qui vous convient. Ce que je veux dire par là, c'est que vous apprenez de cette personne, mais que vous l'utilisez aussi souvent comme une caisse de résonance.

En tant que fondatrice, il y a tellement de décisions à prendre et ces décisions ne sont pas prises en vase clos. Elles ont une incidence sur l'organisation et sur les personnes qui composent votre équipe, et elles peuvent donc être assez lourdes. Il est très important d'avoir la bonne personne à vos côtés, un·e mentor·e à qui l'on peut téléphoner et poser toutes les questions nécessaires pour se rassurer ou comprendre comment il a fait le chemin que l'on est en train de parcourir.

J'ai travaillé avec Chun-Yip Pang. Il travaille chez Clariant et il m'a beaucoup aidée à me sentir plus à l'aise en tant que décideuse. Je pense que c'est essentiel, surtout au tout début de la création d'une entreprise, parce que j'ai dû prendre tellement de décisions et qu'avoir confiance en soi et être à l'aise pour les prendre a été une compétence clé que j'ai acquise grâce à lui.

Je dirais aux entrepreneur·es que lorsqu'ils cherchent des mentors, ils doivent réfléchir à ce qu'ils veulent vraiment retirer de ce mentorat. Il s'agit d'une personne qui offre son temps pour soutenir votre parcours de croissance et la meilleure chose que vous puissiez faire pour vous et pour cette personne est de déterminer ce que vous voulez en retirer et de vous assurer que vous posez une tonne de questions.

Je l'ai fait assez souvent et cela s'est avéré incroyablement utile. Nous travaillons toujours avec des mentor·es et des conseillers ou conseillères et, comme l'a dit Harsh, ils vous accompagneront à différents moments de votre parcours. Ils vont façonner différentes facettes de votre personnalité, à la fois sur le plan personnel, en tant que fondateur et en tant que dirigeant.

Je dirais que cela ne s'arrête jamais; vous chercherez toujours des endroits où trouver le bon type de mentorat, alors gardez toujours un œil sur ce que vous voulez vraiment retirer de cette relation. Ces relations vous accompagneront toute votre vie et ne vous quitteront pas une fois le mentorat terminé.

JON :

Kritika, vous avez dit qu'identifier le bon mentor peut s'apparenter à un rendez-vous galant. J'ai entendu la même chose pour l'identification des bons investisseurs.

Nous arrivons à la fin de l'heure, mais je veux donner à chacun l'occasion de donner en 30 secondes un conseil ou une mise en garde concernant la collecte de fonds (quand, pourquoi, comment?). Kritika, je vous donne la parole pour que vous soyez la première à parler en 30 secondes de la collecte de fonds.

KRITIKA
Je pense que la collecte de fonds est toujours une période intéressante. Une fois que vous avez levé des fonds, vous êtes toujours en train de lever des fonds. Je dirais qu'avec chaque investisseur que vous rencontrez, déterminez quelle est leur thèse en matière d'investissement et assurez-vous que vous êtes en mesure d’y positionner votre entreprise.

Je pense que c'est le principal conseil que je donnerais à chaque fondateur. C'est quelque chose que nous avons appris très tôt, en particulier lors de l’étape de financement de série A, où beaucoup d’investisseurs de capital de risque ont une thèse très stricte sur la façon dont ils investissent dans les entreprises et, bien souvent, ce n'est pas immédiatement clair. Il faut donc poser les bonnes questions et bien comprendre de quoi il s'agit.

Si vous ne vous reconnaissez pas dans cette thèse en matière d'investissement, ce n'est peut-être pas la bonne relation pour vous, mais le fait de vous positionner dans le cadre de cette thèse vous permettra d'avoir une série de conversations plus fructueuses avec la personne avec laquelle vous discutez.

JON :

J'adore ça. Et la règle est que lorsque je fais le tour du panel, vous ne pouvez pas répéter ce que la personne qui vous précède a dit. Donc, si vous passez en dernier, c'est le plus difficile. Harsh, vous êtes le prochain.

HARSH :

Je pense qu'il faut se concentrer sur la clientèle, les investisseurs et investisseuses suivront. Je pense que la plupart des entrepreneur·es que s'accrochent au cycle des investisseurs et investisseuses et s’y concentrent trop. Je conseillerais de se concentrer sur la clientèle et le produit. Si les revenus vont dans la direction que vous souhaitez prendre, vous trouverez la bonne personne qui investira. Bien sûr, Kritika a mentionné un grand nombre de choses intéressantes, mais je constate que l'accent est mis sur la clientèle.

JON :

Excellent. Je suis tout à fait d'accord. Brock.

BROCK :

J'ai mal fait les choses, en ce sens que j'ai commencé à faire des propositions à des personnes assez importantes bien avant d'avoir la moindre idée de ce que voulaient les investisseurs. J'ai également mis trop de temps à consentir à donner des parts de la société à des personnes qui savaient ce que les investisseurs voulaient et qui avaient de l'expérience dans l'art de les convaincre. Voilà ce que j'en pense.

JON :

De bons points. Et enfin, Ravi.

RAVI :

Je me fais l'écho de ce qu'a dit Harsh. Si vous trouvez le produit adapté au marché, tout s'ensuit. Mais avant de trouver ce produit adapté au marché, vous devez tirer parti de l'excellent écosystème dont dispose le Canada.

Qu'il s'agisse de Lab2Market, de CDL, d'accélérateurs, de Mitacs, utilisez-les jusqu'à ce que votre produit soit adapté au marché et comparez-vous toujours aux entreprises internationales. Il est parfois facile de rester coincé dans son écosystème local et de se dire : D'accord, nous avons levé tant d'argent.

Mais jusqu'à ce que vous commenciez à générer des revenus qui vous permettent d'atteindre le seuil de rentabilité, c'est vraiment le point de référence. Quel est le meilleur argent? C'est l'argent de la clientèle.

JON :

Excellent.

HARSH :

Jon, juste pour ajouter rapidement, 10 secondes ici, je pense que la plupart des gens ne sont probablement pas au courant des concours de plans d'affaires que de nombreuses universités en Amérique du Nord proposent. Elles distribuent 5 000 dollars, 10 000 dollars. Il peut s'agir de votre premier argent, d'un financement non dilutif. C'est comme un cadeau en espèces qui n'est pas imposable et que vous pouvez utiliser pour embaucher votre premier stagiaire.

En fait, il s'accompagne d'un excellent mentorat gratuit tout au long du parcours. J'ai participé à de nombreux concours, j'en ai perdu beaucoup, j'en ai aussi gagné beaucoup. J'ai levé environ 70 000 dollars en remportant les concours, tout en étudiant. J'ai appris à connaître les tableaux de la structure du capital tout en étudiant et en gagnant de l'argent pour payer mon stagiaire. C'est génial, non?

JON :

Exactement.

Et la plupart des concours organisés dans les universités n'ont pas d'effet dilutif. L'Université de Toronto est sur le point d'organiser son grand concours de présentation de 100 000 dollars en mars. C'est donc un excellent point, car ils sont dispersés dans toute l'Amérique du Nord.

Nous allons terminer en vous donnant l'occasion de donner un conseil aux éventuel·ls entrepreneur·es présents à l'appel. C'est effrayant. C'est accablant. C'est intimidant, mais c'est aussi très gratifiant et vous êtes tous les quatre des exemples d'entrepreneur·es qui ont une réelle incidence. La question est donc la suivante : quel conseil donneriez-vous à quelqu'un qui envisage de franchir le pas?

Harsh vous en premier.

HARSH :

« Just do it ». Ne réfléchissez pas trop, faites-le.

JON : La réponse de Nike. J'aime bien ça. Ravi.

RAVI

Si vous savez vraiment ce qu'il faut faire pour entrer en bourse, vous risquez de ne jamais vous lancer. Et c'est bien mon cas. Je dirais donc, comme l'a dit Harsh, que vous devez le faire et que vous apprendrez beaucoup. C'est un processus très gratifiant. Essayez donc. Si vous réussissez, vous construirez une grande entreprise. Dans le cas contraire, vous vivrez une expérience.

HARSH :

Les gens pensent qu'ils ont quelque chose à perdre, mais ce n'est pas le cas. Ils ne s'en rendent compte qu'après des années, mais ils n'ont littéralement rien à perdre, ils n'ont qu'à gagner.
Quand on pense à l'avenir, on se pose cette question : ai-je quelque chose à perdre? Mais ce n'est pas le cas.

JON :

Bien dit. Brock?

BROCK : Oui, c'est gratifiant si vous êtes en mesure de consacrer du temps et des efforts à cette activité. C'est très gratifiant et si vous avez une idée qui pourrait vous rapporter beaucoup d'argent, autant l'essayer pendant que vous le pouvez.
Le mieux est de le faire quand on est jeune et que l'on peut voyager beaucoup.

JON :

Merci Brock et Kritika. À vous de conclure!

KRITIKA :

Je dirais qu'il faut trouver ce qui vous passionne. C'est un parcours gratifiant, mais très difficile. Et si vous n'êtes pas passionné, vous risquez de vous épuiser rapidement. Trouvez ce que vous aimez, ce qui vous passionne. Trouvez votre propre voix, il est essentiel de pouvoir dire pourquoi vous êtes la bonne personne pour construire ce que vous construisez.

Trouvez votre voix, trouvez votre passion. Je recommande vivement ce périple à tous ceux et toutes celles qui aiment ce qu'ils font et pensent avoir une idée.

JON :

C'est excellent. Je vous remercie de votre attention. Merci à nos quatre panélistes. J'adore cette conversation et je suis sûr que nous pourrions facilement continuer pendant une heure. Merci d'avoir partagé votre temps et votre sagesse avec tout le monde aujourd'hui. Pour ceux d'entre vous qui ont écouté, merci d'avoir passé une heure en notre compagnie.

Avant de vous déconnecter complètement, un petit conseil. Une fenêtre contextuelle apparaîtra avec deux questions à propos du webinaire et nous apprécions si vous pouvez répondre au sondage.

Nous allons donc vous dire au revoir, mais restez encore quelques instants et répondez à ces deux questions.

Enfin, un lien vers la vidéo de la séance vous sera communiqué à l’adresse courriel que vous avez utilisée pour vous inscrire.

Nous apprécions que vous partagiez ce lien avec vos amis et vos camarades de classe.

Je vous remercie encore une fois.

Merci à la FCI et bonne journée. Prenez soin de vous!

Animateur

Jon French, directeur de l’incubateur d’entrepreneuriat à l’Université de Toronto

Jon French est chargé de promouvoir et d’appuyer toutes les initiatives en lien avec l’entrepreneuriat sur les trois campus de l’Université de Toronto, où, en tant que directeur de l’incubateur, il collabore avec les programmes d’accélérateurs et les acteurs clés du secteur privé, du gouvernement et de l’écosystème de l’innovation. Il supervise également les programmes de financement pour les entrepreneurs et entrepreneuses de l’Université de Toronto. Sous sa direction, l’établissement s’est hissé en 2021 parmi les cinq premiers incubateurs d’entreprises universitaires à l’échelle mondiale, selon une étude comparative internationale réalisée par UBI Global.

Panélistes

Brock Schuman, concepteur de médicaments

Brock Schuman est le président-directeur général d’Azor Biotek à Victoria, en Colombie-Britannique. Cette entreprise se sert de l’IA et de la robotique à haut débit pour créer de petites molécules qui ciblent les micro-ARN. Les micro-ARN constituent une voie thérapeutique sous-exploitée, qui pourrait être mise en application à presque toutes les maladies. Azor Biotek participe actuellement à des projets de conception de traitements sur mesure contre le cancer, les accidents vasculaires cérébraux, la dépendance aux opioïdes, l'endométriose et la maladie de Parkinson. Après son doctorat en biochimie à l’Université de Victoria, Brock Schuman a effectué un postdoctorat à l’Université de Toronto et auprès du Réseau intégré de santé. C’est à cette époque qu’il a pris conscience du potentiel inexploité des médicaments conçus pour cibler les micro-ARN, ce qui l’a décidé à démarrer son entreprise.

Harsh Rathod, protecteur d’infrastructures essentielles

Cofondateur et président-directeur général de Niricson, à Victoria, Harsh Rathod dirige l’une des entreprises de démarrage se développant le plus rapidement en Colombie-Britannique. Niricson veille à la sécurité de ponts, de barrages ou d’autres infrastructures essentielles pour une clientèle qui comprend BC Hydro, Ontario Power Generation ainsi que des aéroports de grande envergure dans plus de six pays. C’est en effectuant son doctorat en génie civil à l’Université de Victoria que Harsh Rathod a eu l’idée d’utiliser des drones pour surveiller des infrastructures et tester leur sûreté, idée qui est devenue le fondement de son entreprise.

Kritika Tyagi, innovatrice en biomatériaux 

Kritika Tyagi est cofondatrice d’erthosMD à Toronto, en Ontario et elle figure au palmarès des « 30 personnes de moins de 30 ans » du magazine Forbes. Elle produit des biomatériaux innovants en combinant son expertise en écologie et en biologie végétale avec la fabrication de technologies. Son entreprise a lancé ZYAMD , une plateforme qui génère de nouvelles formulations modulables de biomatériaux avec l’IA afin de répondre aux besoins de la clientèle tout en réduisant les coûts et le temps compté à développer les projets.

Ravi Kempaiah, champion de l’électrification

Ravi Kempaiah est président-directeur général de Zen Energy à Dartmouth, en Nouvelle-Écosse. Cette société produit et commercialise des batteries durables pour les véhicules électriques et les systèmes de stockage d’énergie. Inspiré par les travaux de recherche révolutionnaires menés sur les batteries à l’Université Dalhousie, il a lancé Zen d’abord pour les vélos électriques, mais sa passion pour la mobilité électrique et sa conviction que les batteries sont la clé de l’électrification l’ont conduit à faire rapidement évoluer l’entreprise vers la conception de batteries pour d’autres véhicules légers.