Balado

Rencontre avec la chercheuse acadienne Céline Surette pour qui l’interdisciplinarité est une seconde nature

Céline Surette incarne à la fois la chimie du vivant et l’interdisciplinarité pour se mettre au service des réels besoins et questionnements des communautés. Et pour y parvenir et que triomphe la pensée critique, elle fera flèche de tout bois.
Établissement(s)
Université de Moncton
Province(s)
Nouveau-Brunswick
Sujet(s)
Environnement
Chimie
Biochemistry
La doyenne de la Faculté des sciences de l’Université de Moncton et chercheuse, Céline Surette.

Céline Surette est doyenne de la Faculté des sciences et professeure au département de chimie et biochimie de l’Université de Moncton. Elle porte un regard unique sur les écosystèmes, le microcosme néo-brunwickois, ses mentors et ses personnes étudiantes dont elle est à présent la boussole. Et elle ne perd jamais le nord face aux vélléités de faire taire la science. Écoutez Céline Surette parler de toutes les dimensions de son travail sur le terrain ainsi qu’en laboratoire.

TEMPS D’ÉCOUTE: 23 min. 45 sec.

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Illustration vectorielle comprenant un assortiment d'éléments liés à la recherche et à la communication, divisés par des formes rectangulaires rouges, blanches et bleues. Les mots "10 000 expérimentations" sont écrits en noir sur un fond blanc croche.
Vous souhaitez entendre d'autres chercheurs et chercheuses parler de ce qui suscite leur curiosité, de ce qui les pousse à persévérer et à réussir?

Animatrice

Vous écoutez un balado de la Fondation canadienne pour l’innovation.

(Musique d’ouverture)

Bonjour et bienvenue à « 10 000 expérimentations ». Ce baladodiffusion traite de travaux scientifiques de pointe et des joies de la découverte.

Nous nous sommes inspirés de Thomas Edison, qui aurait dit que toutes ses tentatives n’avaient pas été des échecs mais, 10 000 façons de faire, qui n’avaient pas bien fonctionné.

(Fin de la musique d’ouverture)

L'Université de Moncton est un établissement d'enseignement exclusivement de langue française répartie sur trois campus à Edmundston, Moncton et Shippagan, au Nouveau-Brunswick.

Nous avons eu la chance de faire un brin de jasette avec la chercheuse Céline Surette, qui y enseigne.

(Début d’un morceau de musique)

Céline Surette 

Je suis Céline Surette, je suis professeure au département de chimie et de biochimie à l'Université de Moncton.

Le laboratoire dans lequel je travaille, c'est un laboratoire de chimie analytique et environnementale, où est ce que nous nous spécialisons dans les analyses d'éléments-traces, donc des métaux, des radionucléides, tout ce qui peut être analysé à l'état élémentaire.

Je suis une chercheure qui est très interdisciplinaire, qui va se retrouver un peu partout [RIRES] et pas seulement dans le laboratoire.

Les collaborations sont au cœur de mon approche scientifique. C'est ce qui va faire en sorte que on est capable de passer des connaissances à l'action, qu'on répond à des questions qui sont d'intérêt pour les personnes avec qui on travaille.

C'est surtout des questions qui vont toucher des enjeux de santé et d'environnement. Donc ça veut dire travailler avec les communautés au niveau de comprendre leurs besoins, faire des entrevues pour comprendre les enjeux de santé, mais aussi les enjeux sociaux, culturels, économiques qui vont affecter ces communautés-là. 

Il va y avoir un volet où est ce qu'on va coordonner nos efforts pour pouvoir aller sur le terrain, où est ce qu'on va prendre des échantillons environnementaux, comme des poissons ou des sédiments ou de l'eau.

(Fin du morceau de musique)

Animatrice

En 2012, Céline Surette avait reçu du financement de la FCI pour équiper son laboratoire afin d’évaluer des biomarqueurs d'exposition aux métaux et sélectionner des bioindicateurs de la qualité des écosystèmes aquatiques dans le but d’améliorer leur santé et celle des êtres humains.

(Début d’un morceau de musique)

C’est une fois que les échantillons sont prélevés que cet équipement prend tout son sens. 

Céline Surette 

Bah y’a la partie laboratoire où est ce qu'on ramène les échantillons et qu'on les traite. Donc on a deux laboratoires, on a un laboratoire où est ce qu'on fait la préparation des échantillons qui nous arrivent du terrain et ensuite on va passer à notre laboratoire d'analyses, là où sont les équipements que la FCI nous a permis d'acquérir.

Donc on a un ICPMS. Un ICPMS, c'est un instrument à placement à plasma à couplage [inductif] qui est couplé à la spectrométrie de masse. Donc ce que ça va faire, c'est que ça va permettre de prendre nos échantillons soit sous la forme gazeuse ou sous la forme liquide et de les atomiser complètement, de les rendre à l'état élémentaire. Et ensuite, une fois que ça se passe dans le plasma qui est très très chaud ces éléments vont être amenés dans le spectre de masse où ils vont être séparés selon un ratio ion/masse pour pouvoir analyser les éléments et ça nous permet aussi de faire des analyses isotopiques.

Animatrice

(Fin du morceau de musique et début d’un autre morceau de musique)

Les isotopes sont des atomes qui possèdent le même nombre de protons, mais un nombre de neutrons différent.

C’est pourquoi les isotopes d’un même élément (hydrogène, oxygène, fluor, hélium par exemple) vont avoir des propriétés chimiques identiques, mais des propriétés physiques différentes (stables ou radioactives notamment).

On effectue donc des analyses isotopiques pour comparer les abondances isotopiques des éléments et leurs variations, naturelles ou anthropiques.

Cela permet d’en comprendre les origines et donc concrètement, ces analyses sont menées dans le cadre de la détection de fraudes alimentaires, de contrôles antidopages, pour mesurer l’âge de vestiges archéologiques ou encore déterminer la provenance du pétrole lorsqu’il y a un déversement suspect, mais aussi, comme Céline Surette le fait, dans le cadre d’études écologiques ou hydrologiques.

Céline Surette 

Donc ça nous a permis vraiment de consolider un peu nos analyses…

(Fin du morceau de musique)

… et de vraiment aller chercher l'infrastructure qu'on avait besoin pour développer ce volet-là. Et je parle beaucoup au « nous » parce que je ne suis pas seule. C'est sûr que j'ai mon équipe à moi de recherche avec mes étudiants et mes professionnels de recherche.

Mais je travaille aussi avec des collègues au département, dont Olivier Clarisse qui utilise l'instrument comme moi. Donc on est vraiment deux chercheurs qui utilisent cet instrument-là de façon très régulière dans nos recherches. Et quand d'autres collègues veulent des analyses, on est capable de répondre à leurs besoins, Ça nous permet vraiment d'avoir une belle infrastructure ici, en région, à Moncton.

Animatrice

Parmi tous les projets intéressants qu’elle a menés, Céline Surette a analysé l’incidence de la présence du manganèse dans l'eau potable sur le développement intellectuel des enfants.

Céline Surette 

Ça, c'était un projet que j'ai mené avec ma collègue Maryse Bouchard, qui était à l'Université de Montréal, qui est maintenant à l’INRS Institut Armand-Frappier avec une chaire de recherche, qui est épidémiologue. Donc elle avait vraiment tout l'aspect épidémiologie du projet, et nous, ici, on faisait tout l'aspect de collecte de données, d'analyse d'échantillons, développement de biomarqueurs pour le manganèse chez les enfants.

(Début d’un morceau de musique)

Qu'est-ce qu'on a trouvé? On sait que le manganèse est un élément qui va se retrouver en concentrations variables dans les eaux souterraines. C'est vraiment un problème d'eau de puit, d'eau souterraine. Et au Nouveau-Brunswick, 60 % de la population utilise de l'eau souterraine qui est plus grand que le pourcentage canadien qui est de 30 % à peu près.

Et on sait qu'il y a certaines régions au Nouveau-Brunswick où est ce que la roche mère est très riche en manganèse dont il est possible d'avoir des concentrations élevées en manganèse. Donc on voulait comprendre un peu toute cette dynamique-là.

Ça nous a permis de vraiment valider les biomarqueurs d'exposition. Donc on était vraiment capable de voir les différences dans les marqueurs qui étaient les cheveux, qui c'est celui qui marche le mieux. Mais on a aussi vérifié la salive et les ongles, qui sont deux autres biomarqueurs qui peuvent nous aider à comprendre l'exposition au manganèse.

Et on peut quand même voir aussi que le manganèse, même à concentration relativement faible, va avoir des impacts sur des indicateurs comme le QI. On mesurait des effets de mémoire par exemple. Et donc on pouvait voir, même si c'était très faible, une différence selon les niveaux de manganèse. Quand on a pris toutes les données du Québec et du Nouveau-Brunswick, on a vraiment été capable de proposer au gouvernement canadien des seuils qu'on devrait mettre comme limites. Et donc, depuis cette étude-là, on a maintenant une norme maximale pour le manganèse au niveau canadien.

Ces études ont vraiment pu nous aider au niveau des politiques publiques et de la protection de la santé finalement, donc, on a réussi à pouvoir mettre une norme, ce qui n'était pas le cas avant. 

(Fin du morceau de musique)

On avait une norme esthétique pour le manganèse parce que ça tâche, la lessive, les bols de toilette, des choses comme ça… [RIRES] On n'aime pas ça, donc on a tendance à traiter pour le manganèse de façon esthétique. Mais on a pu aussi indiquer que c'était important de traiter pour la santé.

Animatrice

Ça ne doit vraiment pas être évident d’obtenir gain de cause avec autant de partie-prenantes impliquées dans un enjeu, à fortiori s’il est environnemental…

Céline Surette 

C’est pas toutes les milieux où est ce qu'il y a des enjeux environnementaux qui veulent nécessairement qu'on étudie des problématiques et puis qu'on trouve des solutions. 

C’est ça, ce qui fait qu’il peut avoir toutes sortes de défis au niveau des relations. Un, y’a des gens qui veulent juste pas qu’on étudie certaines questions, ça fait que c'est sûr qu'il y a des enjeux qui peuvent être plus politiques, qui peuvent être générateurs de revenus, d'emploi, où est ce que les différents groupes de personnes peuvent voir le travail qu'on fait comme étant un metteur de bâtons dans les roues. « On est contre le développement » finalement. J’pense pas qu'on est contre le développement, mais on veut s'assurer que ce développement-là se fasse de façon équitable et viable…

(Début d’un morceau de musique)

… pour nos écosystèmes. 

C'est sûr qu’il y a des moments où est ce que le type de travail que je fais va rencontrer des murs. C'est trop controversé comme sujet, les gens ont peur qu'on va trouver des choses qui vont limiter un développement particulier.

Donc c'est sûr que les projets qu'on a fait ça, ça a été des projets où est ce qu'il fallait vraiment faire attention à comment on parlait de nos résultats, comment on s'associait aux groupes de citoyens qui manifestaient, parce qu'on voulait garder une certaine indépendance scientifique, ça fait que…  Naviguer entre notre rôle de scientifique, puis le rôle d'activiste, parce qu'on l'est aussi, ça, c'est quelque chose qui demeure très difficile et puis je suis pas sûre que j'ai encore trouvé exactement comment il faut faire. Il faut continuer à essayer de trouver les façons de naviguer cette complexité-là.

(Fin du morceau de musique)

Animatrice

Céline Surette tire finalement très bien son épingle du jeu en suivant une démarche toute scientifique.

Mais d’ailleurs, qu’est-ce qui fait naître en elle cette passion pour les sciences et la chimie?

Céline Surette 

(Début d’un morceau de musique)

J'ai toujours été intéressée par les sciences. Aussi loin que je peux me rappeler, ça a vraiment toujours été quelque chose qui me fascinait.

Euh, donc pour moi, quand j'étais à l'école, je savais que j'allais aller en sciences. Mais quelle science? Bon, ça, c'est toujours un peu plus difficile. À un moment donné, quand j'étais en 11ᵉ ou 12ᵉ année, il y a une professeure qui enseignait à l'Université de Moncton, qui est venue faire une présentation en salle de classe sur la chimie.

Je pourrais même pas t’dire quel élément de sa présentation m’a piquée, mais à c’te moment-là, je savais que je voulais aller en chimie. Donc je me suis inscrit en chimie. Puis, au début, les questions de chimie nucléaire, La chimie là-dedans et toute la désintégration nucléaire, tout ça, c’est vraiment très fascinant, très intéressant. Mais c'est quand j'ai fait un cours de chimie environnementale en deuxième ou troisième année de bac que ça a vraiment fait le déclic.

(Fin du morceau de musique)

Donc, à partir de là, j'ai eu l'occasion de travailler en laboratoire dans des équipes de recherche ici à l'Université de Moncton. Donc, j'ai vraiment eu l'occasion de découvrir un peu qu'est-ce que ça voulait dire de travailler dans un laboratoire.

Et, je pense que c'était quand j'étais en quatrième année de bac, quand j'ai fait mon projet d'initiation à la recherche, j'ai vraiment fait un projet en chimie environnementale, où est ce qu'on s'intéressait aux concentrations de métaux dans les poissons dans une communauté autochtone, ici au Nouveau-Brunswick, donc à Indian Island, une communauté micmac.

(Début d’un morceau de musique)

La première fois que j'ai été sur le terrain, moi j’suis pas une pêcheuse [RIRES], j'avais jamais touché des poissons vivants! J'étais avec un biologiste de Pêches et Océans qui nous accompagnait et vraiment toute cette initiation-là, ça a été vraiment un moment qui [RIRES], qui m’a faite sortir de ma zone de confort, qui m’a faite comprendre un peu plus ce qui se passait au niveau de nos écosystèmes.

Donc on dirait que c'est vraiment toute la combinaison de ces éléments-là, des personnes aussi qui étaient passionnées, hein! qui m'ont accompagnée à travers mes études, qui ont contribué à continuer à me donner la piqûre.

(Fin du morceau de musique)

Animatrice

Est-ce que l’avenir était aussi clair que de l’eau de roche dont elle allait plus tard effectuer l’analyse?

Céline Surette 

Je pense pas qu'on sait quand… En Acadie, on est encore une population qui est jeune par rapport à l'éducation universitaire. Moi je suis choyée parce que je viens d'une famille qui croyait beaucoup dans l'éducation. Mes parents ont tous les deux une éducation universitaire, ce qui est pas le cas de beaucoup de personnes de ma génération en Acadie.

Mais c'était beaucoup des professions libérales, donc être médecin et devenir avocat enseignant; donc toutes des formations où est ce que tu sais ce que tu vas avoir comme profession à la fin de ta formation. tu fais un bac en chimie, tu deviens chimiste, oui, mais [RIRES] c'est beaucoup plus large que ça.

Ça fait que, ça ouvre tellement de portes, que c'est difficile, j’pense, pour les jeunes de vraiment savoir qu'est-ce que tu vas devenir et puis la question « devenir chercheur » ça faisait pas partie du milieu dans lequel j'ai grandi, c’était pas… on parlait pas du « métier de chercheur », on parlait de d’autres types de métiers. Ça fait que j’pense que c'est à travers toutes ces expériences là, dans mon bac, que j'ai pu découvrir que ça existait de juste passer ta vie à poser des questions et à trouver des façons, euh, d'y répondre. Et ça, bah, c'est génial! De pouvoir faire [RIRES] de pouvoir faire ça parce que ça répond certainement à mon besoin de curiosité, puis de trouver des… J'ai toujours été très curieuse, donc être chercheuse, c'est quelque chose qui me va bien.

Animatrice

Ceci dit, pas question de mettre Céline Surette dans une seule case, ni celle de « chimiste », ni celle de « chercheuse »…

(Début d’un morceau de musique)

… ni aucune autre!

Céline Surette 

J'ai eu l'occasion d'avoir un directeur d'initiation à la recherche qui a tout de suite vu que, c'était pas juste la chimie qui m'intéressait, que j'ai cette perspective interdisciplinaire plus ouverte, et donc qui m'a ouvert les yeux vers les programmes d'études environnementales et donc d'un bac en chimie, je suis passée à une maîtrise en études de l'environnement. 

Au niveau du doctorat, j'ai pu commencer à intégrer les approches écosystémique de la santé avec Marc Lucotte et y’avait aussi Donna Mergler. Marc Lucotte, provient des sciences naturelles, de la biogéochimie, et qui avait vraiment cette sensibilité-là, de faire ces liens-là vers la santé.

Et Donna Mergler, elle, était épidémiologue qui a vraiment travaillé très fort à développer des approches écosystémique de la santé, donc une pionnière de ces approches-là dans les années 90-2000.

(Fin du morceau de musique)

Animatrice

En quoi cette étape est-elle révélatrice? Céline Surette en tire-t-elle encore les leçons aujourd’hui?

Céline Surette 

Moi j'avais l'occasion d’être plongée dans ce milieu-là avec des personnes qui avaient ces idées-là, qui amenaient la science ailleurs, qui amenaient vraiment la question de l'interdisciplinarité ailleurs aussi.

J'ai été formée de façon interdisciplinaire, hein, ce qui fait que pour moi, c'est quelque chose qui… qui est un p’tit peu… C'est presque deuxième nature. Je considère en fait, souvent si on me demande c'est quoi mon expertise, c'est une question que j'ai de la difficulté à répondre parce que, parce que je touche un peu à tout, je vais pas avoir la profondeur que d'autres de mes collègues en chimie vont avoir par exemple, avec les analyses de métaux. Je suis capable d'en faire, je suis capable de les analyser, mais j'ai pas la même… la même profondeur dans ma compréhension de tout ça.

Par contre, parce que j'ai été formée de façon interdisciplinaire, je considère que mon expertise est celle d'être capable de faire des liens, et donc de pouvoir aider les autres à faire les liens.

Animatrice

Ce décloisonnement disciplinaire, il semble donc tout naturel qu’elle l’enseigne à ses étudiantes et à ses étudiants, non?

(Début d’un morceau de musique)

Céline Surette 

Je prends la personne là où elle est. C'est ça qui est le plus important dans l'encadrement qu'on donne à notre équipe, c'est d'être capable de voir où la personne est, puis essayer de l'amener juste un petit peu plus loin. 

Mais je crois en l'interdisciplinarité, ça fait que c'est sûr que quand une personne arrive dans mon bureau, puis veut travailler avec moi, je leur ouvre les yeux à ce qui est plus large que juste une analyse en laboratoire.

Donc j'aide mes personnes étudiantes à vraiment naviguer dans cette complexité-là, qui nourrit nos systèmes. Si on travaille en environnement, on fait face à des problématiques qui sont complexes, qui sont pas faciles à résoudre. Y’a pas une solution, y en a plusieurs. C'est pas toutes des solutions qui sont bonnes. Une solution peut amener à d'autres problèmes, qui sont pas anticipés au départ.

Donc c'est important d'avoir les yeux les plus ouverts possible pour être capable de voir et anticiper le plus possible les conséquences inattendues de ce qu'on va proposer comme solution.

Donc, en tant que mentore, j'essaye d'amener mon équipe à penser de cette façon-là, d'avoir une réflexion grand-portrait pour pouvoir nourrir leurs questions spécifiques. 

(Fin du morceau de musique)

Animatrice

Et la meilleure technique pour garder les yeux ouverts, quelle est-elle?

Céline Surette 

Les interactions qu'on a avec…

(Début d’un morceau de musique)

… les milieux dans lesquels on travaille, donc les communautés, les gouvernements et tout ça va être important, parce que c'est là où est ce qu'on peut saisir le concret des enjeux qu'on a besoin de résoudre.

C'est quelque chose qui se fait dans le temps, c'est quelque chose qui se fait en bâtissant notre réseau. T'as besoin de bâtir ton réseau avant qu'on commence à te demander des questions. 

Une des choses que le Nouveau-Brunswick fait très bien, c'est toute le réseautage des groupes citoyens, donc, notamment avec le réseau environnemental du Nouveau-Brunswick ici qui est, tant qu’à moi, une organisation qui développe vraiment des modèles de collaboration et qui permet de travailler entre les groupes environnementaux, mais avec le gouvernement, avec les chercheurs. Le Nouveau-Brunswick, c'est une province qui est petite en taille, petite en nombre d'humains qui habitent aussi. Donc on est un genre de microcosme de toute ça qu'on est capable de faire au niveau des interactions avec les groupes citoyens et en recherche partenariale.

Fais que j’pense qu'on a vraiment cette force-là au Nouveau-Brunswick, de pouvoir faire ce travail-là. Et les universités, bah on est proche de notre terrain! L'Université de Moncton est extrêmement proche de sa communauté. C'est l'Université de l'Acadie et on est très, très proche de nos communautés dans tous les domaines. 

(Fin du morceau de musique)

Animatrice

Les étudiantes et les étudiants de Céline Surette vont donc devenir d’habiles réseauteurs 

(Début d’un morceau de musique)

… avec un bon ancrage dans leur milieu! Mais pas que…

Céline Surette 

La qualité essentielle qu’ils vont avoir à la fin, c'est d'être capables de faire des liens et de parler avec les gens des groupes, les communautés du gouvernement et aussi la pensée critique.

 C’est ça qu'on apporte comme scientifiques dans le milieu, c'est vraiment d'être capable de faire la différence entre des données qui sont des bonnes données, des données qui sont pas des bonnes données.

Je pense que ça, c'est un rôle important, qu'on a à jouer. La neutralité scientifique, ça n'existe pas et ça n'empêche pas d'avoir une pensée critique, au contraire. La pensée critique, elle est essentielle, justement parce qu'on n'est pas neutre. Et donc il faut être capable de savoir la subjectivité dans notre approche. 

Et ça, ça prend de la pensée critique.

Animatrice

Vous avez écouté un balado produit par la Fondation canadienne pour l’innovation.

La FCI est un organisme à but non lucratif qui verse des fonds aux universités, collèges, hôpitaux de recherche et établissements de recherche à but non lucratif du Canada, pour qu’ils investissent dans l’infrastructure de recherche.

Si vous voulez en savoir plus, consultez notre site Web : innovation point C. A.

Je m’appelle Émilie Delattre. Merci d’avoir été à l’écoute.

À tout bientôt!

(Fin du morceau de musique)