Article

Une nouvelle utilisation pour l’IRM

Une entreprise du Nouveau-Brunswick se fait remarquer dans le monde entier en commercialisant une nouvelle technologie qui fait appel à l’imagerie par résonance magnétique, généralement utilisée en santé, pour améliorer l’efficacité de l’extraction pétrolière et gazière.
Par
Sharon Oosthoek

Jill et Derrick Green menaient une vie paisible à Cleveland, en Ohio, lorsqu’ils ont reçu l’appel de Bruce Balcom, un ancien professeur de M. Green à l’Université du Nouveau‑Brunswick. Cet expert en sciences des matériaux venait de découvrir un moyen d’utiliser l’imagerie par résonance magnétique (IRM) pour analyser le comportement du pétrole et du gaz dans la roche et souhaitait que le couple revienne au Nouveau-Brunswick pour commercialiser cette technologie.

« Nous avons ri parce que nous menions une belle vie là-bas. Nous nous sommes dit qu’il n’en était pas question », se souvient Mme Green, qui est ingénieure civile. Son mari et elle avaient de bons emplois et venaient tout juste de fonder une famille.

Mais l’idée avait piqué leur curiosité. M. Green, qui est ingénieur électricien, a donc pris quelques jours de congé pour voir de quoi il en retournait. À son retour, il a téléphoné à sa femme pendant qu’il attendait aux douanes.

« Il m’a dit : “Jill, je suis désolé, mais je crois qu’il faut qu’on se lance”, raconte-t-elle. Et c’est ce qu’on a fait. »

Augmenter les taux de récupération « étonnamment bas » du pétrole

Le couple a donc fondé Green Imaging Technologies Inc. en 2005, à Fredericton, mettant à profit les techniques de M. Balcom pour développer et commercialiser un logiciel aujourd’hui utilisé dans les appareils d’IRM spécialisés. L’entreprise est à l’heure actuelle un chef de file de l’utilisation de l’IRM pour augmenter l’efficacité de l’extraction pétrolière et gazière.

Selon M. Balcom, il s’agit d’un développement important, car le taux de récupération d’un gisement de pétrole typique est « étonnamment bas. Un bon résultat tourne autour de 40 pour cent. Même dans des circonstances favorables, la majeure partie du pétrole reste sous terre. »

« Les sommes en jeu sont stupéfiantes, poursuit-il. Pour certains gisements, une amélioration d’un pour cent peut valoir 100 000 $ par jour, tous les jours, pendant une ou même plusieurs décennies. »

Il n’est donc pas étonnant que Green Imaging vende son logiciel partout dans le monde. L’entreprise compte douze employés à Fredericton (dont des chercheurs et des développeurs de logiciels hautement qualifiés) et prévoit en engager quelques autres d’ici un an et demi.

« Nous servons les plus grandes sociétés pétrolières et gazières, affirme M. Green. Tous les pays producteurs de pétrole utilisent notre logiciel dans au moins un de leurs laboratoires. »

Comprendre la pression dans la roche

Les travaux de Bruce Balcom au Centre d’IRM de l’Université du Nouveau-Brunswick ont changé la donne en matière d’extraction de pétrole et de gaz. En médecine diagnostique, les appareils d’IRM utilisent un champ magnétique pour produire des images des structures anatomiques internes. Pour ce faire, ils mesurent les ondes radio émises par les atomes d’hydrogène présents dans l’eau et dans la graisse.

On trouve également des atomes d’hydrogène dans l’eau, le pétrole et le gaz emprisonnés dans la roche, mais leurs signaux sont plus difficiles à détecter. M. Balcom a donc légèrement modifié les instruments d’IRM pour qu’ils fonctionnent dans ces conditions. Grâce à sa technologie, on comprend maintenant les pressions qui retiennent le pétrole et le gaz dans la structure rocheuse.

« Si vous arrivez à comprendre les forces qui s’exercent [à l’intérieur de la structure rocheuse], vous pouvez les combattre pour extraire le pétrole et le gaz du sol », explique M. Green.

Un aimant sur mesure

Les dernières recherches de M. Balcom utilisent un aimant financé par la FCI et fabriqué au Royaume-Uni selon ses spécifications. Les aimants supraconducteurs ne produisent généralement que des champs magnétiques fixes et ne tournent pas. Ce n’est pas le cas de l’aimant qu’utilise M. Balcom.

Parce qu’il produit des champs magnétiques variables, l’aimant permet d’obtenir des mesures précises pour de nombreux types de roches. De plus, sa capacité de rotation lui permet d’analyser le comportement et le débit des fluides selon différentes orientations.

Grâce au partenariat unissant M. Balcom et Green Imaging, Jill et Derrick Green ont tout de suite compris que cet aimant représentait une avancée importante et une occasion d’affaires intéressante puisqu’il améliorait la précision des images des fluides dans la roche.

Avant même la livraison de l’aimant au laboratoire de M. Balcom, les Green ont proposé un partenariat au fabricant britannique : le fabricant fournirait l’aimant et Green Imaging fournirait le logiciel. Ils pourraient ainsi vendre à l’industrie pétrolière un instrument combinant ces deux technologies. Le fabricant ayant accepté, Green Imaging a été propulsée à un autre niveau.

« Nous profitons de leur portée pour vendre à l’étranger. Nous avons beau être une petite entreprise, nous avons ainsi accès à un immense marché, affirme Mme Green. Sans le financement de la FCI, je ne sais pas si nous y serions parvenus. »