Animateur :
Vous écoutez un balado de la Fondation canadienne pour l’innovation.
(Musique d’ouverture)
Bonjour et bienvenue à « 10,000 expérimentations ». Ce baladodiffusion traite de travaux scientifiques de pointe et des joies de la découverte.
Carla Prado :
Je m’appelle Carla Prado. Je suis diététiste et professeure en nutrition humaine à l’Université de l’Alberta.
Mes travaux de recherche porte sur la composition corporelle, c’est-à-dire la répartition des masses de muscle et de graisse dans notre corps. Une masse musculaire réduite est un excellent prédicteur indépendant de morbidité et de mortalité à tous les stades de diverses maladies.
Animateur :
Nous nous sommes inspirés de Thomas Edison, qui aurait dit que toutes ses tentatives n’avaient pas été des échecs, mais 10 000 façons de faire, qui n’avaient pas bien fonctionné.
(Fin de la musique d’ouverture)
(Début d’un morceau de musique)
Animateur :
C’est par une froide journée, le 2 mars 2004, que la chercheuse Carla Prado a franchi la porte de l’Université de l’Alberta, sans rien ni personne d’autre que l’homme qu’elle venait d’épouser et leurs deux valises. Il s’agit d’une décision qu’elle qualifie de « grand saut ».
Elle supervise aujourd’hui une équipe de 15 chercheurs, administrateurs et étudiants. Ses travaux de recherche portent sur la nutrition et son influence sur la santé, notamment chez les patientes et patients atteints de cancer. Investie dans sa communauté, elle partage volontiers ses connaissances.
Pour rendre la science accessible, Carla Prado affectionne les analogies. Ses trois préférées sont les feux incontrôlés, les tornades et la « route de briques jaunes » telle que l’a décrite le romancier Lyman Frank Baum.
Mais avant de poursuivre sur le sujet, Carla Prado va nous parler de son grand saut et du parcours qui l’a menée au Canada.
(Fin du morceau de musique)
Carla Prado :
Je viens du Brésil.
(Début d’un morceau de musique)
(Fin du morceau de musique)
La science et la santé m’ont toujours passionnée. Quand j’étais étudiante au secondaire, je me renseignais sur les programmes universitaires que je pourrais suivre. Il me fallait choisir ma future orientation mais j’avais du mal à décider quoi faire. En fait, je me suis lancée dans des études de droit, mais au bout d’un mois, je me suis rendu compte que je faisais fausse route. En parallèle, j’attendais la réponse d’une autre université auprès de laquelle je m’étais inscrite au programme de nutrition.
(Début d’un morceau de musique)
C’est vraiment à ma troisième année d’études en nutrition que j’ai eu le déclic. En deuxième année, j’étudiais déjà des aspects très intéressants de la nutrition et de la santé, et on peut voir à mes notes combien tout cela m’intéressait.
Donc, à la fin de mon premier cycle, poursuivre à la maîtrise était une évidence. Je me suis mise à la recherche d’une personne pour assurer la direction de mon mémoire et j’ai trouvé quelqu’un qui aurait pu le faire aux États-Unis. Mais j’avais moins d’un mois pour me préparer au test GRE [Graduate Record Examination]. En bref, ça n’a pas marché. Puis je suis allée à un salon qui tournait autour de l’anglais langue seconde et j’y ai découvert les universités canadiennes, notamment l’Université de l’Alberta.
Et c’est là que mon histoire prend des airs de conte de fées, parce que je n’avais personne comme référence pour m’aider à monter mon dossier. Difficile de se distinguer dans ces conditions, pas vrai? Ça n’était pas gagné. Je venais de me marier, et mon mari m’a réellement encouragée, il m’a dit : « Ils ont besoin de te connaître. Personne ne veut travailler avec une personne qui leur est inconnue. » Ça peut paraître fou, mais nous avons tout vendu et nous nous sommes inscrits comme étudiants en anglais langue seconde pour obtenir nos visas et venir au Canada. Et le 2 mars 2004 (il faisait −20), j’ai cogné à la porte d’une professeure et lui ai dit : « Je suis venue travailler avec vous ».
(Fin du morceau de musique)
Animateur :
Depuis la froide journée de 2004 où Carla Prado est arrivée en Alberta, la façon dont on évalue l’état de santé d’une personne a radicalement changé. Par exemple, nous sommes plusieurs à monter quotidiennement sur une balance en sortant du lit. Si cette mesure nous renseigne avec précision sur notre poids, elle ne révèle pas grand-chose à propos de notre santé. On utilise aussi l’indice de masse corporelle (IMC) comme indicateur de santé, mais il ne prend pas en compte la variable de la masse musculaire, qui évolue avec l’âge. En revanche, la composition corporelle (en anglais uniquement) mesure plus précisément notre masse grasse et notre santé.
(Début d’un morceau de musique)
Carla Prado :
Je me passionne pour l’étude de la composition corporelle. Elle permet d’analyser bien plus que le poids. D’où vient le poids? Quels sont les différents pourcentages de masse musculaire et de masse grasse? En quoi jouent-ils sur la santé? Je travaille avec des patientes et des patients souffrant de divers problèmes médicaux, mais je m’intéresse particulièrement aux personnes atteintes d’un cancer.
Celles dont la masse musculaire est faible sont plus enclines à souffrir de la toxicité de la chimiothérapie. Leur qualité de vie est moindre. Quand on les opère, elles présentent plus de risques de complications. En cas d’hospitalisation, elles ont plus de chance de séjourner longtemps à l’hôpital. Et surtout, leur taux de survie est inférieur.
Il existe plusieurs stades de cancer, du stade I, un cancer curable, au stade IV, le stade le plus avancé. Dans tous ces cas, la masse musculaire est un prédicteur de survie indépendant. C’est capital, et il a fallu beaucoup de temps et d’études pour comprendre l’importance des muscles dans la lutte contre une maladie aussi grave.
(Fin du morceau de musique)
Carla Prado :
La composition corporelle était loin d’être la première chose qui venait à l’esprit quand on parlait de cancer. Je me rappelle certaines de mes conférences où les gens me disaient : « La masse musculaire de mes patientes et de mes patients n’a rien d’anormal. » C’est vrai que le concept est compliqué, alors j’aime me servir d’analogies pour vulgariser ma recherche. Elles constituent non seulement de bons moyens de communication, elles aident aussi à retenir plus facilement.
(Début d’un morceau de musique)
Carla Prado :
Je compare la perte musculaire pendant un cancer à un feu incontrôlé, parce que les gens perdent leurs muscles si vite! C’est comme un feu de forêt incontrôlé. Et il nous est extrêmement difficile de reconstituer la masse musculaire perdue.
La perte de muscle fait augmenter les risques d’infection, la durée d’une hospitalisation et les toxicités plus ou moins graves de la chimiothérapie; elle fait baisser la qualité de vie et le taux de survie.
(Fin du morceau de musique)
Animateur :
La plupart des chercheurs et chercheuses rivalisent d’ingéniosité et de créativité pour partager leurs connaissances avec le public. Carla Prado ne fait pas exception à cette règle. Elle s’est déguisée en protéine pour expliquer l’importance de la nutrition aux enfants; ses vidéos YouTube et ses livres de recettes à succès ont été vus et téléchargés par des milliers de personnes dans le monde entier.
(Début d’un morceau de musique)
Carla Prado :
Pendant mon premier cycle d’études, je suivais un cours qui durait toute l’année au sujet de l’éducation à la nutrition. Dans le cadre de ce cours, nous allions faire de la vulgarisation à divers endroits de la ville. Il fallait créer des brochures, des présentations et des affiches sur l’importance de la nutrition et ce, pour toutes sortes de gens. Ça nous a tous inspirés à servir le public au sens large.
En parallèle, un membre de la classe avait créé un groupe de bénévoles composé de quatre étudiantes et étudiants de premier cycle. Aussi avons-nous expliqué l’importance de la nutrition à des enfants dans des dizaines d’écoles de la ville. La chose la plus excentrique que j’ai faite à ces séances de vulgarisation, pendant mon premier cycle, a été de me déguiser en chaîne de protéine (ce qui ressemble un peu à une vache) : donc, habillée en vache, je montrais aux enfants pourquoi il fallait consommer des protéines.
(Fin du morceau de musique)
Animateur :
Même si Carla Prado a depuis longtemps laissé au vestiaire son costume de protéine, elle poursuit ses activités de vulgarisation, en tant que professeure, principalement sur les médias sociaux et des plateformes numériques. Certaines personnes du milieu universitaire critiquent cependant ses méthodes. Elles ne voient pas l’utilité des médias sociaux dans les [raclement de gorge]
(Début d’un morceau de musique)
« …activités savantes. »
Carla Prado :
Comme mes méthodes sont un peu iconoclastes, mes efforts pour créer des ressources d’application des connaissances ne sont pas toujours perçus par mes collègues comme des activités universitaires.
On me l’a d’ailleurs déjà fait remarquer. Mes activités sur les réseaux sociaux ne sont peut-être pas toujours vues comme des activités savantes, mais c’est le moyen à ma disposition pour pouvoir interagir avec le milieu professionnel de la santé et les patientes et patients.
Parmi ces activités, nous avons créé une vidéo d’animation sur l’importance des muscles et l’influence de la nutrition sur le renforcement musculaire, en espérant toucher quelques milliers de personnes, au moins dans notre discipline.
Aujourd’hui, la vidéo s’est répandue comme une trainée de poudre. Elle a touché des dizaines de milliers de gens. Elle a été traduite dans de très nombreuses langues : italien, français, néerlandais, grec, deux versions portugaises et deux versions espagnoles.
Nous avons également créé un livre de recettes pour les personnes atteintes de cancer : Le livre de cuisine hyperprotéinée pour assurer la santé musculaire durant le traitement du cancer (traduction libre de The High Protein Cookbook for Muscle Health During Cancer Treatment, disponible en anglais uniquement). Le téléchargement du livre est gratuit. Nous avons tenu à en faire cadeau à notre communauté.
Alors quand une patiente ou un patient m’appelle à mon bureau et me dit « Merci pour votre livre », ça me fait chaud au cœur.
(Fin du morceau de musique)
Animateur :
Dans le dictionnaire Merriam-Webster, l’ambition est définie comme un « désir ardent de réussite, de gloire ou de pouvoir ». Le dictionnaire d’Oxford, un tantinet moins excessif, indique plutôt qu’il s’agit d’un « objectif que l’on veut vraiment atteindre ». Carla Prado était sous le choc la première fois qu’on l’a qualifiée d’ambitieuse.
Carla Prado :
La première fois qu’on m’a qualifiée d’ambitieuse, je l’ai pris pour une critique négative, même si cela venait d’une personne très proche qui l’avait écrit sur les réseaux sociaux d’une manière positive. Et puis j’ai relu la publication et je me suis dit que l’ambition, c’est en fait ce qui nous pousse à atteindre nos objectifs. Je suis donc très ambitieuse, mais ce qui me motive, ça n’est ni l’argent ni la gloire ni l’orgueil, c’est d’essayer de faire avancer les causes qui me tiennent vraiment à cœur.
Animateur :
Carla Prado est mue par l’ambition d’aider les autres et de diffuser les résultats de ses travaux de recherche de manière simple et accessible. Elle tient à parler de science et à tisser des liens profonds avec le milieu professionnel de la santé et le public. Son enthousiasme et ses réalisations ont été distingués par des récompenses prestigieuses, tant dans le milieu universitaire que dans le secteur privé.
Carla Prado :
Me retrouver aux palmarès des 40 personnes de moins de 40 ans les plus influentes au Canada et des 100 femmes les plus influentes au Canada tient pour moi du conte de fées, d’autant plus que quand je suis arrivée au Canada, je n’avais même pas de directrice de recherche.
(Début d’un morceau de musique)
Une telle reconnaissance à ce stade, c’est plus que la réalisation d’un rêve.
Pour moi, la réussite, c’est d’être dynamique et de pouvoir exercer une influence positive sur ma discipline, à plusieurs niveaux, de la recherche à la pratique. Tandis que je défie le statu quo, mes travaux de recherche doivent pouvoir faire une différence. Je me demande toujours ce que mes travaux de recherche peuvent apporter à la pratique clinique.
La réussite ne se résume pas non plus à provoquer des changements. Elle consiste également à motiver le désir des autres à, eux aussi, entreprendre des changements. C’est pourquoi j’entraîne les autres dans mon sillage. La réussite, et c’est très important selon moi, est liée à la possibilité de sortir des sentiers battus sans se soucier des opinions extérieures. C’est capital pour moi.
Je fais ce qui me rend heureuse. J’aime m’éloigner de ma zone de confort. Je suis très créative. J’aime faire les choses différemment. Je déteste les normes et tout ce qui est prévisible. J’aime bousculer l’ordre établi. Certaines personnes me trouvent têtue, mais selon moi je fais preuve de vision et de passion.
(Fin du morceau de musique)
Animateur :
Dans le film Trésor national, Nicolas Cage joue le rôle de Benjamin Franklin Gates, un historien farfelu qui tente de voler la Déclaration d’Indépendance des États-Unis. Un de ses acolytes lui explique les mille et une raisons pour lesquelles le projet pourrait tomber à l’eau. Benjamin Gates lui répond alors ce que Thomas Edison avait déclaré, soit avoir fait des milliers de tentatives qui n’ont pas marché, mais qu’il n’en avait besoin que d’une qui fonctionne.
(Début d’un morceau de musique)
Carla Prado :
Il faut parfois prouver que quelque chose ne marche pas avant de trouver ce qui fonctionne vraiment. Un article publié dans la revue Nature (en anglais et avec abonnement uniquement) en janvier 2023 montre que les ruptures scientifiques qui révolutionnent l’orientation des disciplines se font de plus en plus rares depuis 50 ans, une situation en partie causée par la valorisation systémique des approches progressives, donc de la réduction du risque d’échec.
Le fait que l’approche progressive consiste à répliquer et à reproduire des résultats n’est pas un problème en soi. En revanche, il faut laisser aux chercheurs et chercheuses la liberté d’échouer pour faire progresser une discipline. Les organismes de financement de la recherche soutiennent des travaux de recherche fondés sur des hypothèses et demandent aux scientifiques de fournir une liste des ramifications et de résultats anticipés. Même les revues privilégient les articles concernant des résultats positifs. Personne ne s’intéresse à ce qui échoue!
Comme me l’a fait remarquer collègue, ce système biaisé entrave la découverte. Si l’on veut faire avancer la recherche, il faut laisser les scientifiques échouer. Dans mon domaine, la nutrition, par exemple, on a connu des échecs relatifs à des interventions menées pour améliorer la masse musculaire de patientes et patients et leurs résultats. Les choses ont changé, mais le progrès s’est nourri de ces échecs. C’est grâce à eux que l’on a réussi à trouver des façons de faire qui marchaient.
(Fin du morceau de musique)
Animateur :
L’Histoire regorge depuis toujours d’associations entre d’illustres mentors et les personnes qu’elles et ils protègent. Marie Curie, par exemple, la première femme lauréate d’un prix Nobel, avait pour mentor Henri Becquerel, un professeur français de physique appliquée. Plus récemment, Lady Gaga affirmait qu’Elton John a été l’un de ses mentors. Et bien sûr, il ne faudrait surtout pas oublier Yoda, le mentor fictif le plus célèbre.
Un mentor réel ou fictif n’a pas besoin d’être connu. Il lui faut juste se montrer à l’écoute et avoir envie de partager. Carla Prado écoute, et elle partage sa sagesse et celle que lui ont transmise ses propres mentors, comme Linda McCargar, qui a été la première à lui ouvrir les portes…
Mais avant cela, Carla Prado a pu compter sur ses parents.
(Début d’un morceau de musique)
Carla Prado :
Mes parents sont formidables. Ils m’ont toujours soutenue. Ils m’ont encouragée à étudier à l’étranger, moi qui n’avais jamais voyagé avant mon mariage. Ils sont mes modèles depuis toujours. Ils m’ont payé des cours d’anglais en parallèle de mon parcours secondaire. Ils sont très intelligents et extrêmement travailleurs. Ma mère est enseignante au Brésil, elle a un charisme et une volonté hors du commun. J’ai suivi leur exemple; ils m’ont appris à aimer et à aider les autres.
Mais bien sûr, c’est ma directrice de recherche, Linda McCargar, qui m’a véritablement ouvert les portes au Canada. Si j’en suis là aujourd’hui, c’est grâce à elle. C’est elle qui a dit oui à la jeune femme très déterminée qui a frappé à sa porte pour se faire admettre au cycle supérieur.
Elle accompagnait vraiment bien ses étudiantes et étudiants. Elle visait l’excellence scientifique, et même si elle était une travailleuse très intègre, elle faisait toujours preuve de beaucoup d’humanité avec nous. Elle m’a montré comment devenir une excellente scientifique tout en restant humble, et encore une fois en se mettant au service des autres. Elle siégeait dans de nombreux comités et les valeurs auxquelles elle adhérait ont contribué à faire de moi la personne que je suis aujourd’hui.
(Fin du morceau de musique)
Animateur :
Si le partage des connaissances lui tient tant à cœur, c’est aussi parce que Carla Prado a reçu beaucoup d’aide quand elle est arrivée au Canada avec son mari et ses deux valises. Elle tient à rendre la pareille à sa communauté en fournissant à ses étudiantes et étudiants les outils nécessaires à leur réussite universitaire, financière et personnelle. Toutefois, ses attentes sont à la hauteur de son énorme investissement.
Carla Prado :
Pour une étudiante internationale comme moi qui arrivait au Canada sans connaître personne, non seulement le fait de me faire accepter, mais aussi le fait de trouver un milieu dans lequel je pouvais m’épanouir et le fait d’obtenir une bourse d’études sont les preuves de la générosité de ma culture d’accueil. Ça m’a fait comprendre l’importance de la générosité. C’est aussi en voyant des personnes qui ne me connaissaient pas m’accorder une bourse d’études que j’ai compris l’importance de rendre la monnaie de sa pièce.
Cette aide a fait de moi celle que je suis aujourd’hui. Elle m’a donné l’envie non seulement de servir ma communauté, mais de tisser des liens avec elle et de l’aider à définir les futures orientations de mes travaux de recherche. Je mobilise ainsi de nombreux patients et patientes et des personnes qui défendent leurs droits, de façon à pouvoir collaborer vis-à-vis de la résolution de problèmes qui leur sont importants.
(Début d’un morceau de musique)
Carla Prado :
J’aime être entourée, j’aime aider. Ce sont deux aspects primordiaux de ma personnalité, et c’est aussi l’exemple que je veux donner aux étudiantes et étudiants dans leur parcours professionnel.
J’essaie de les motiver et de leur offrir des incitatifs, par exemple en les mettant en avant dans des publications. Elles et ils sont les principales autrices et les principaux auteurs des articles scientifiques. Elles et ils peuvent postuler à des prix prestigieux. J’essaie de les encourager et de les présenter à des spécialistes de renommée nationale ou internationale. Une grande partie de notre travail, ou de leur travail, s’accomplit donc avec des personnes détenant l’expertise au niveau international.
Elles et ils peuvent aussi se rendre dans les laboratoires de ces personnes. C’est quelque chose que j’ai déjà fait par le passé et que j’essaie de faire autant que possible : les faire participer à des activités professionnelles bénéfiques ou à tout autre chose propice à leur carrière.
Dans mon laboratoire, j’ai déjà assisté à de belles réussites. Par exemple, Sarah Purcell, une de mes anciennes étudiantes à la maîtrise, puis au doctorat, vient juste d’obtenir une chaire de recherche du Canada de niveau 2 à l’Université de la Colombie-Britannique. Une autre de mes étudiantes, Leticia Pereira, est désormais professeure adjointe à l’Université de Calgary, Katherine Ford a, quant à elle, remporté une prestigieuse bourse d'impact sur le système de santé (BISS) des IRSC et a rejoint l’Université de Waterloo.
J’attends beaucoup de mes étudiantes et étudiants. Tout le monde travaille d’arrache-pied dans mon laboratoire, car je veux les pousser à aller plus loin que moi.
(Fin du morceau de musique)
Animateur :
En 2015, le Journal of Applied Psychology a publié une étude (en anglais uniquement ) selon laquelle le fait de décider de poursuivre ce que l’on aime en début de carrière, entre en contradiction avec le fait de prendre la décision de gagner correctement sa vie. Selon l’autrice et l’auteur de l’étude, les principales clés qui servent à concilier cœur et raison sont la vocation et la passion dévorante et significative qu’une personne éprouve pour un domaine de prédilection.
(Début d’un morceau de musique)
Carla Prado :
J'adore Le magicien d'Oz. Je recommande vraiment de suivre sa vocation, de faire ce que l’on aime. Quand j’ai décidé de me lancer dans l’étude de la nutrition, les diététistes ne gagnaient pas très bien leur vie dans mon pays. Ma décision n’était pas motivée par l’argent, mais par la passion. Je pense que c’est très important et je dis d’ailleurs à mes étudiantes et étudiants que si on ne se réjouit pas de partir travailler le matin, on s’est trompé de métier! Je crois que c’est vraiment très, très important. Pour moi, collaborer est essentiel. Il y a de la place pour tout le monde sous le soleil, mettez votre ego de côté et associez-vous à des collègues. C’est certainement le secret du succès.
J’ai énormément appris en travaillant au sein de groupes, en partageant l’autorat de publications et en partageant la scène avec mes collègues. Partager est capital pour réussir une carrière.
(Fin du morceau de musique)
Animateur :
Carla Prado applique cette philosophie de la réussite par le partage, aussi bien lorsqu’elle mène ses travaux de recherche que lorsqu’elle se trouve sous les projecteurs. On voit aussi, en effectuant quelques recherches en ligne, qu’elle n’hésite pas à partager des choses plus personnelles, comme son goût pour les classiques de la télévision et du cinéma. Elle aime particulièrement la série télévisée Arabesque. Quant à sa préférence cinématographique, qui oserait réfuter son choix…
(Début d’un morceau de musique)
Carla Prado :
Je me sers d’analogies tirées du film dans mes présentations : la tornade me permet d’expliquer la perte musculaire de personnes atteintes de cancer; la route de brique jaune me permet d’illustrer le rôle que peut jouer une bonne nutrition; je me sers de l’épouvantail comme symbole des connaissances dont on a besoin pour se nourrir de manière à prévenir et enrayer la perte de masse musculaire. On a aussi besoin de mobiliser le courage du lion et les élans de l’homme de fer-blanc. Enfin, j’aime me servir de l’image des chaussures rouges. Vous savez, quand Dorothy porte les chaussures rouges, elle n’a qu’à claquer des talons pour se retrouver chez elle.
Ça veut dire qu’elle avait la solution à son problème depuis le début. Elle a juste eu besoin de temps pour comprendre comment faire. C’est pareil avec l’information sur la nutrition. Au bout du compte, tout ce que les patientes et patients veulent, c’est rentrer à la maison, parce que rien ne vaut son chez-soi, et pour ça il faut claquer des talons. Or, les laisser sortir de l’hôpital pour rentrer à leur domicile, c’est aussi tout ce que nous voulons. Pour ça, nous nous servons du pouvoir de la nutrition.
(Fin du morceau de musique)
Animateur :
En 2004,
(Début d’un morceau de musique)
Animateur :
Carla Prado et son mari sont arrivés au Canada sans maison, sans travail et sans manteaux d’hiver. Ce très grand saut leur a demandé beaucoup de courage et de conviction. Au début, rien n’était joué, mais leur chemin s’est éclairé. Écoutez votre cœur. Faites le grand saut et croyez dans l’avenir.
Le balado 10 000 expérimentations est produit dans les studios de la Fondation canadienne pour l’innovation. La FCI est un organisme à but non lucratif qui investit dans l’infrastructure de recherche des universités, des collèges, des hôpitaux de recherche et des établissements de recherche à but non lucratif du Canada. Elle a financé plus de 12 000 projets et contribué à hauteur de 10 milliards de dollars dans le financement d’infrastructures de recherche.
Si vous voulez en savoir plus sur la FCI, rendez-vous à innovation point c. a.
Ici Greg Pilsworth. Merci d’avoir été à l’écoute. À la prochaine!