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Favoriser la recherche, c’est favoriser l’économie

Quand le progrès passe par la recherche, l’innovation et la croissance économique

Accepteriez-vous de vous prêter au jeu du professeur (que j’ai été) et de l’élève qui tenterait de répondre à cette question : pouvez-vous me nommer un groupe de personnes qui se définit par sa volonté de faire des expériences, sa curiosité insatiable et sa faculté de penser à long terme?

Si vous avez répondu « chercheurs et chercheuses de premier plan », vous avez un point. Vous en aurez également un si vous avez répondu « entrepreneurs et entrepreneuses à succès ». Et si vous avez nommé les deux, vous gagnez un point supplémentaire.

La recherche et la création d’entreprise ont un dénominateur commun fondamental : souvent, elles se confondent en une seule et même personne. J’en ai moi-même été témoin au cours de mon parcours dans le domaine de la recherche et du développement technologique, que ce soit dans le milieu de l’enseignement, l’administration publique, le secteur privé ou, encore aujourd’hui, en tant que président-directeur général de la Fondation canadienne pour l’innovation (FCI).

Les chercheurs, chercheuses, entrepreneurs et entrepreneuses s’intéressent à tout ce qui se trouve à la pointe du progrès : l’innovation, ce qui est de l’ordre du possible et le chemin qui mène hors des sentiers battus. Ces personnes font preuve d’une capacité étonnante à cibler les occasions émergentes et d’un flair prémonitoire pour anticiper la suite des choses. Elles sont animées de l’instinct et de la volonté nécessaires pour saisir ces moments furtifs. Ce sont des personnes extrêmement ambitieuses, hautement qualifiées et dotées d’une vision d’ensemble. Elles cherchent à faire avancer les choses et à apporter des changements positifs à notre monde.

Or, toute nouvelle idée, qu’il s’agisse d’améliorer notre santé, de protéger notre environnement ou de redynamiser nos entreprises, ne peut aboutir sans avoir été au préalable conçue, testée, peaufinée et perfectionnée. Autrement dit, l’idée doit faire l’objet de travaux de recherche. La recherche est donc inhérente à la découverte de nouvelles occasions de croissance économique qui reposent sur de nouveaux produits et services.

Toutefois, la recherche, telle qu’elle est menée dans les laboratoires de pointe financés par la FCI au sein d'universités et de collèges partout au pays, contribue également d’une autre manière à l’économie. En effet, elle forme des innovateurs et des innovatrices de haut niveau, dont beaucoup se tournent spontanément vers l’entrepreneuriat. C’est précisément ce que fait à l’heure actuelle une nouvelle génération de personnes qui innovent et créent des entreprises, qui mettent à profit les compétences acquises dans des laboratoires de recherche afin d’inventer de nouveaux produits et de fonder des entreprises. De cela découlent aussi de nouveaux emplois de qualité pour la population canadienne.

Prenons l’exemple de Photonic inc., une entreprise d’informatique quantique établie à Vancouver, qui a obtenu un financement phénoménal de 140 millions de dollars américains et conclu un partenariat avec Microsoft. Or, c’est en travaillant dans un laboratoire financé par la FCI que Stephanie Simmons, fondatrice et cheffe de la direction quantique, en est venue à imaginer et à tester les idées qui l’ont amenée à lancer son entreprise. Elle est aujourd’hui à la tête de l’un des principaux laboratoires de recherche quantique du pays, hébergé par l’Université Simon-Fraser. Ce faisant, elle dirige Photonic vers la réalisation de l’immense potentiel commercial que représente la technologie quantique.

Il existe de nombreux exemples de réussite comme celui-ci. Chaque année, plus de 25 000 étudiantes, étudiants et stagiaires postdoctoraux bénéficient d’une expérience inestimable dans les laboratoires financés par la FCI. Ces jeunes ont la chance d’une part, d’acquérir des connaissances approfondies aux côtés de spécialistes provenant de tous les domaines de la recherche et d’autres part, de vivre une expérience concrète qui leur ouvre des perspectives d’emploi dans tous les secteurs, y compris le monde des affaires.

Notre économie étant en quête d’un nouvel élan, il s’agit là d’une excellente nouvelle! En effet, nous savons que le Canada doit retrouver la voie de la croissance économique, et que cela passe par la mise en place de changements. Favoriser nos idées, c’est favoriser notre économie; ce principe est observable à chaque étape de l’évolution de l’humanité. Une seule idée innovante, une seule invention, a le pouvoir de changer le monde et de stimuler la croissance économique au profit des générations à venir.

Par conséquent, une base de recherche solide, comprenant des laboratoires de pointe, constitue un avantage concurrentiel pour notre pays comme pour d’autres. En plus d’offrir une excellente formation et une expérience pratique, les laboratoires dotés d’un équipement performant offrent aux entreprises les outils et l’expertise dont elles ont besoin pour tester et peaufiner les idées qui leur permettront de s’imposer sur le marché. 

À titre d’exemple, à ses débuts, erthos®, une entreprise de biomatériaux située près de Toronto, a fait appel à un laboratoire du Collège Lambton de Sarnia, en Ontario, afin de valider son idée selon laquelle les biomatériaux pourraient remplacer avantageusement les matières plastiques. L’entreprise emploie aujourd’hui 22 personnes et aide les usines à délaisser le plastique sans avoir à renouveler leur équipement, ce qui ouvre de nouveaux marchés à sa clientèle tout en lui permettant de réaliser des économies.

Ces derniers temps, les tendances inquiétantes de l’économie canadienne, notamment la fluctuation des taux d’intérêt, la faible productivité et l’impression de stagnation qui perdure depuis le siècle dernier, font couler beaucoup d’encre et suscitent, chez une partie de la population, une certaine morosité.

Or, mon expérience dans le domaine de la recherche et du monde des affaires m'a appris que la recherche offre des solutions et des possibilités. C’est donc à nous, organismes de financement de la recherche, ainsi qu’aux gouvernements, de continuer à soutenir un écosystème de recherche dynamique qui favorise l’émergence d’idées brillantes et de technologies transformatrices. Car, en fin de compte, c’est ce qui permettra de façonner un avenir prospère pour notre pays.

Sylvain Charbonneau est président-directeur général de la Fondation canadienne pour l’innovation (FCI). La FCI donne aux chercheurs et chercheuses les moyens de jouer un rôle de premier plan dans leur domaine et de relever les défis émergents, en investissant dans des outils, des instruments et des installations de pointe au sein des universités, des collèges, des hôpitaux de recherche et des établissements de recherche à but non lucratif. Ce soutien favorise la mobilisation des connaissances, stimule l’innovation et la commercialisation et offre un milieu exceptionnel pour assurer la formation de la nouvelle génération.