Comment pouvons-nous continuer à transformer la recherche au Canada? En nous tournant vers la prochaine génération
Plus tôt cet automne, alors que nous traversions l’une des pires saisons d’ouragans jamais enregistrée, un groupe d’étudiants des cycles supérieurs soumettait des toitures à des vents violents au Insurance Research Lab for Better Homes de la Western University pour en tester la résilience. Ces chercheurs ne se voient probablement pas comme des sauveurs, pourtant ils jouent un rôle capital dans la mise au point de technologies susceptibles de protéger de nombreuses familles des assauts des prochaines tempêtes et leur travail se traduira par de meilleurs codes du bâtiment et méthodes de construction.
De son côté, Penelope Kostopoulos, maintenant professeure au Centre for Integrative Neuroscience de l’Université McGill, se rappelle quand elle s’est rendue à sa première conférence et a découvert ce qui deviendrait la passion de sa vie : l’étude du cerveau humain et la santé mentale. Aujourd’hui, toujours animée du même désir de résoudre des problèmes, elle transmet son enthousiasme et ses connaissances à ses étudiants.
Ces jeunes ont une chose en commun : l’accès à un équipement de pointe qui leur permet d’affiner leurs compétences et de s’investir dans leur travail. Et ces outils ont grandement accru leur capacité à améliorer la santé, la sécurité et la prospérité de notre pays.
Le potentiel de la nouvelle génération n’a pas échappé à nos décideurs ni au public. Deux rapports commandés par le gouvernement du Canada et publiés au printemps font état d’une vision commune. Tandis que le Conseil consultatif en matière de croissance économique se concentrait sur la formulation de stratégies pour accélérer la croissance économique au Canada dans son rapport La voie vers la prospérité, le Comité consultatif sur l’examen du soutien fédéral à la science fondamentale, dans Investir dans l'avenir du Canada, examinait comment solidifier les fondements de l’écosystème de la recherche et du développement technologique au pays. Chacun soulignait l’importance de donner aux Canadiens – et plus particulièrement aux jeunes – accès à des compétences et connaissances modernes afin d’être productif dans leur milieu de travail et leur propre collectivité.
L’été dernier, Universités Canada, avec le concours d’Abacus Data, a mené une étude pour connaitre l’opinion des Canadiens sur la recherche universitaire. Selon quatre-vingt-quatre pour cent des répondants, elle est d’une importance vitale pour l’avenir du Canada alors que quatre-vingts pour cent des personnes interrogées affichent une grande confiance à l’égard des talents des jeunes de ce pays.
Le Canada est prêt pour un autre moment transformateur de la recherche qui reconnait pleinement le potentiel des étudiants.
Mais il y a un autre facteur à considérer. Les membres de cette nouvelle génération sont conscients des possibilités qu’offre la connaissance et ils sont souvent dotés d’un esprit altruiste. Ils ont grandi à une époque façonnée – comme jamais auparavant – par les miracles technologiques du cerveau humain et un sens plus large de la collectivité, né des capacités de communication accrues et d’un rapprochement des populations et cultures à l’échelle planétaire.
Peu importe la raison, cette volonté de redonner est présente dans chaque laboratoire que je visite. Les jeunes me disent que l’intérêt qu’ils portent à leurs études n’est pas motivé par le désir « d’obtenir un emploi mieux rémunéré ». Je veux contribuer à ma collectivité. Je veux trouver un traitement contre le cancer. Je veux trouver une meilleure façon de produire l’énergie qui ne mette pas en péril l’environnement.
Il ne fait aucun doute que nous devons soutenir leur travail. Chaque année, quelque 30 000 étudiants de premier cycle, des cycles supérieurs et postdoctoraux ont accès à une infrastructure de recherche financée par la Fondation canadienne pour l’innovation. Et selon la majorité de leurs superviseurs – quatre-vingt-douze pour cent d’entre eux –, cet équipement de recherche de pointe a des retombées importantes sur la qualité du cadre de formation. Nous devons continuer à faire en sorte qu’ils disposent des meilleurs outils et de l’aide nécessaire pour les utiliser.
Partout au Canada, les laboratoires regorgent de jeunes chercheurs optimistes et motivés. Ils entrevoient un avenir qui correspond à leurs aspirations et sont déterminés à le construire. À la fois curieux, ambitieux et novateurs, ils travaillent en collaboration pour résoudre les problèmes. À titre d’organismes de financement de la recherche, si nous les encourageons dans leur quête et avons confiance en leurs idées, alors cette nouvelle cuvée de chercheurs canadiens changera profondément notre monde pour lui assurer un meilleur avenir.
Roseann O’Reilly Runte est présidente-directrice générale de la Fondation canadienne pour l’innovation.
Cet article est paru à l’origine dans The Hill Times le mercredi 22 novembre 2017.