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Comment faire face aux changements climatiques? La question est de taille. Les réponses se trouvent dans notre appui à la science

Nos sources de vie et de beauté (l’air que nous respirons, l’eau et les aliments que nous consommons, les forêts, les lacs tranquilles et les vagues déferlantes…) sont assiégées, et c’est nous qui importunons notre environnement. Pourtant, il ne tient qu’à nous de lui porter secours.

L’humanité a toujours bénéficié de la générosité de la nature. Nous utilisons des ressources, extrayons de grandes richesses et causons des dommages considérables. Nous pouvons nous réjouir du travail accompli par la science pour réparer la majeure partie de ces dégâts. Nous avons élaboré des moyens de remettre en état les paysages abîmés et d’exploiter les ressources plus efficacement et de façon moins dommageable pour l’environnement.  

Prenons l’exemple de la pollution de l’eau. Le mois dernier, la mairesse de Paris a annoncé qu’avant les Jeux olympiques de cet été, elle nagerait dans la Seine pour démontrer que le fleuve a retrouvé sa propreté. Nous pouvons certainement nous réjouir de ce genre de réalisation. Cependant, il reste encore beaucoup à faire.  

Nous faisons face à des événements exceptionnels : inondations, sécheresses et feux de forêt font des ravages et rendent de plus en plus urgente une réponse efficace aux changements climatiques. Mais ces phénomènes nous compliquent singulièrement la tâche. À l’instar d’Hans Brinker, le jeune héros du conte de Mary Mapes Dodge, nous pouvons colmater la digue d’un doigt, mais la crise actuelle s’avère bien pire : la digue tout entière est en train de céder.

Alors, par où commencer? Nous avons besoin d’air frais, d’eau potable et d’un apport suffisant en nutriments appropriés pour survivre. On a beaucoup parlé de notre empreinte carbone; les gouvernements du monde entier se fixent des objectifs pour réduire nos émissions et ainsi atténuer les conséquences des changements climatiques et leurs impacts sur la planète. C’est une excellente chose, mais elle pose problème : nous n’atteignons pas les objectifs convenus. Les pays ne s’entendent même pas sur les cibles imposées par différentes agences. Certes, nos connaissances augmentent, tout comme le volume d’informations erronées en circulation, d’ailleurs. La quantité de choix possibles s’avère déroutante. En tant que citoyennes et citoyens responsables, comment décider alors?  

Nous avons besoin de la science pour trouver les meilleurs moyens de préserver la vie, pour déterminer ce que nous devons assainir ou améliorer et le moment d’y procéder, pour savoir par où commencer. Si la science ne le sait pas encore, nous devons retourner au laboratoire et mener des expériences pour mettre les théories à l’épreuve.  

Nous devons nous poser les questions que nous avons omis de nous poser dans le passé, comme le fait Kelsey Leonard, fondatrice du Laboratoire Wampum à l’Université de Waterloo. La chercheuse s’interroge : les masses d’eau devraient-elles détenir le même statut juridique que celui accordé aux personnes et aux entreprises? Le laboratoire envisage de manière plus large les menaces que les changements climatiques font peser sur les communautés, entre autres au chapitre de l’accès à l’eau potable et de l’élévation du niveau de la mer. Les travaux de recherche de Kelsey Leonard combinent les compréhensions du monde, tant autochtone qu’occidentale, dans les domaines de la science, du droit et de la politique, dans l’espoir de trouver des solutions.  

Pour faire de meilleurs choix, nous avons besoin des informations que colligent les scientifiques aux quatre coins du pays. Par exemple, on aura intérêt à connaître le travail de Dave Risk, chercheur à l’Université St Francis Xavier, à Antigonish, en Nouvelle-Écosse, qui a amélioré un outil de mesure des émissions de méthane. L’équipe de son laboratoire (le Flux Lab) recueille des données sur les émissions issues de la fonte du pergélisol arctique, des gazoducs, des parcelles agricoles et des sites d’enfouissement. Le laboratoire fournit des informations précises et impartiales aux pouvoirs publics, au secteur privé, aux organisations non gouvernementales et au grand public.  

La science n’a jamais été aussi importante. Elle fournit les informations et les preuves dont nos autorités ont besoin pour prendre des décisions éclairées en matière d’environnement. En tant qu’individus, nous devons utiliser ces informations ainsi que des lignes directrices nationales et internationales claires pour définir nos propres priorités. Cette responsabilité partagée doit devenir la base de nos actions. 

Cet article a d’abord été publié dans la section Innovation du Hill Times le 8 mai 2024.