Canada, terre d’innovation
L’histoire est bien connue : une idée brillante germe dans un laboratoire de recherche, mène ensuite à un produit commercialisable, puis à la création d’une entreprise dérivée. Ce cheminement courant, où le savoir est « poussé » d’un établissement universitaire ou collégial jusqu’au marché, peut donner d’excellents résultats. Prenons par exemple l’entreprise de Winnipeg IMRIS, fondée à la suite de l’invention par une équipe de la University of Calgary d’un dispositif permettant de rehausser la sécurité et l’efficacité des interventions chirurgicales en utilisant l’imagerie par résonnance magnétique (IRM) durant les opérations. En 2012, les ventes du produit ont généré des revenus de 52,4 millions de dollars américains. L’entreprise compte aujourd’hui environ 140 employés dans le monde.
Prenez n’importe quel établissement universitaire ou collégial au pays, et vous y trouverez une histoire semblable. Ce n’est pourtant pas la seule façon dont le commerce canadien tire profit de ces établissements. D’une part, ces tentatives de commercialisation « poussée » ne sont pas toujours fructueuses, notamment parce que les chercheurs, quoique brillants en laboratoire, n’ont pas toujours le sens des affaires. D’autre part, les entreprises privées ont souvent recours à du matériel de pointe ainsi qu’aux professeurs et diplômés talentueux des établissements de recherche, qu’elles approchent dans le but de se démarquer avec une solution créative à un problème, que ce soit dans la conception de produits, la mise à l’essai, la modélisation mathématique, le prototypage ou la recherche préconcurrentielle.
Ce modèle de commercialisation « par traction », selon lequel le secteur privé se tourne vers le milieu universitaire pour trouver réponse à ses questions de recherche, représente une bonne affaire pour les entreprises. Ce type de partenariat public-privé est d’ailleurs à l’origine de nombreuses industries fondamentales du Canada. Pensons notamment à la construction de nos autoroutes, voies ferrées, barrages hydroélectriques et réseaux de télécommunications : ces projets dépendaient tous d’une collaboration entre les secteurs public et privé, qui diminue les risques pour les entreprises privées grâce à un partage des dettes et des dépenses à long terme.
En outre, lorsque ce sont les entreprises qui recherchent l’expertise des universitaires, elles ne sont pas les seules à en profiter. Selon Statistique Canada, les universités retirent environ un milliard de dollars par année de services requis par l’industrie privée. De plus, d’après les données de l’Organisation de coopération et de développement économiques, les entreprises canadiennes investissent plus de deux fois plus d’argent, par rapport à leur part du PBI, dans la recherche et le développement universitaires que leurs homologues des États-Unis; seules l’Allemagne et la Chine génèrent un plus grand revenu que le Canada de cette façon.
L’une des principales difficultés relevées par les entreprises, c’est de savoir où aller pour trouver l’établissement qui leur fournira les services nécessaires à la résolution de leurs questions de recherche. Il arrive qu’elles ne soient tout simplement pas au fait de l’accessibilité de ces ressources, ou encore qu’elles ne connaissent pas le type de laboratoires et d’expertise disponible.
C’est la raison pour laquelle nous avons lancé le Navigateur d’installations de recherche de la FCI : pour remédier à ce problème et ainsi contribuer au développement de ce type de commercialisation du savoir au Canada. Le Navigateur répertorie les laboratoires et installations de recherche des établissements universitaires, collégiaux et hospitaliers du Canada qui veulent collaborer avec le secteur privé. Il compte aujourd’hui plus de 300 entrées, toutes disciplines confondues, et ce nombre ne cesse de croître. Le Navigateur sert aux institutions de recherche aussi bien qu’aux entreprises : il permet aux premières de promouvoir leur capacité de recherche auprès des secteurs public et privé, et aux secondes de trouver les installations de recherche qui les aidera à croître, à créer des produits et des procédés novateurs et à augmenter leur compétitivité, et qui leur offrira l’occasion de côtoyer des spécialistes hautement qualifiés. La rencontre de ces deux pôles fait également naître des idées pouvant être commercialisées grâce au modèle « par poussée », puisque les chercheurs en apprennent davantage sur les besoins du marché.
Il existe plusieurs façons de réunir les mondes de la recherche et de l’industrie, et en trouvant de nouveaux modèles à cette fin, nous favoriserons la commercialisation au Canada. Faire en sorte que cette mécanique se poursuive, voilà la raison d’être du Navigateur.
Gilles Patry est président-directeur général de la Fondation canadienne pour l’innovation, la seule organisation qui finance l’infrastructure de recherche de pointe au pays. Visiter le Navigateur d’installations de recherche de la FCI.