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Les thérapies régénératives, d’un rêve à la réalité

L’installation Cell Therapy Manufacturing de la University of Alberta offrira de nouveaux traitements viables contre le diabète et le cancer
Par
Colleen Seto
Établissement(s)
University of Alberta
Province(s)
Alberta
Sujet(s)
Sciences médicales cliniques
Un arc-en-ciel lumineux jaillit de deux formes humaines côte à côte

Imaginez si on pouvait guérir ou remplacer des tissus et des organes endommagés et ainsi traiter des blessures et des maladies invalidantes comme le diabète et le cancer. La médecine régénérative a ce potentiel et c’est l’objectif de l’installation Alberta Cell Therapy Manufacturing de la University of Alberta.

Élément clé de la médecine régénérative, les cellules souches peuvent se transformer en différents types de cellules : cutanées, cérébrales, pulmonaires et ainsi de suite. Au fur et à mesure que se poursuivent les avancées en biologie du développement et en biologie cellulaire, des thérapies régénératives, nouvelles et existantes, sont en voie d’être offertes aux patients. Et c’est le travail auquel se consacre l’Alberta Cell Therapy Manufacturing. L’installation est la première du genre dans l’Ouest canadien et l’une des cinq en activité au Canada. 

L’un des axes de recherche de l’Alberta Cell Therapy Manufacturing est l’immunothérapie oncologique, qui consiste à reprogrammer le système immunitaire d’un patient atteint de cancer. « On prend les cellules du patient et on les manipule de façon à combattre le cancer, puis on les réimplante chez le patient », explique Greg Korbutt, directeur scientifique de l’Alberta Cell Therapy Manufacturing.

Comment une thérapie cellulaire de ce type se compare-t-elle aux traitements contre le cancer existants tels que la chimiothérapie? « La chimiothérapie détruit la tumeur, mais elle détruit aussi tout ce qui se trouve autour, précise M. Korbutt. Les thérapies cellulaires ciblent la tumeur, les patients peuvent donc mieux la tolérer et on peut utiliser les cellules souches pour réparer les tissus endommagés. »

Greg Korbutt est aussi un chercheur réputé dans le domaine du diabète. Dans les années 1990, il a travaillé avec une équipe qui a mis au point une méthode pour isoler de grandes quantités de cellules des ilots de Langerhans producteurs d'insuline chez des porcelets nouveau-nés afin de les transplanter dans les organes de sujets diabétiques gravement atteints. Ses collaborateurs et lui ont réussi à transplanter les cellules chez des souris, des porcs adultes et des singes – et à guérir leur diabète. Le chercheur est maintenant prêt à réaliser des essais cliniques où on transplantera des ilots de Langerhans dans le foie de patients pour traiter un diabète de type 1, une première nord-américaine. C’est là que l’Alberta Cell Therapy Manufacturing entre en jeu. « Les conditions contrôlées de l’installation nous permettent de développer des cellules et de les transplanter chez les patients », affirme M. Korbutt.

L’installation se distingue par ses bonnes pratiques de fabrication. Les bonnes pratiques de fabrication font partie d’un programme d’assurance de la qualité qui garantit que les produits sont fabriqués et contrôlés de façon cohérente, conformément aux règlements internationaux. Les bonnes pratiques de fabrication s’appliquent à tous les aspects de la production, depuis les matières premières, les locaux et l’équipement jusqu’à la formation et à l’hygiène personnelle des employés.   

Les thérapies cellulaires, tout particulièrement, nécessitant des installations qui respectent ces bonnes pratiques de fabrication puisqu’il est impossible de les « nettoyer » sans détruire ou contaminer les cellules. « Dans le cas d’une thérapie cellulaire, nous devons travailler dans une installation qui respecte ces bonnes pratiques de fabrication pour que le traitement puisse devenir accessible au public, explique Gayle Piat, directrice de l’Alberta Cell Therapy Manufacturing. À mesure qu’on s’approche d’une implantation chez les humains, il faut resserrer encore davantage les contrôles. Il faut assurer la reproductibilité et la traçabilité de tous les matériaux, valider l’équipement, tenir des registres d’assurance de la qualité. C’est un gage de sécurité et c’est le mandat de notre installation. Nous rendons possible la démonstration de faisabilité chez l’humain. »

« La médecine régénérative est une science émergente et nous voulons rester à la fine pointe de son évolution, ajoute Greg Korbutt. Cette découverte améliorera grandement la santé des Canadiens. »