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Reconstruire l’Arctique des temps anciens

De la Trent University, Paul Szpak se sert de restes d’animaux provenant de sites archéologiques pour reconstruire les écosystèmes de l’Arctique d’autrefois
Par
Colleen Seto
Établissement(s)
Trent University
Province(s)
Ontario
Sujet(s)
Archéologie
Image du squelette d'une créature marine superposée à un fond sous-marin.

En raison du réchauffement climatique, aucun endroit n’a connu de changements environnementaux aussi radicaux et rapides que l’Arctique. Or, on ne peut encore se prononcer avec exactitude sur l’ensemble des conséquences à venir. « L’un des principaux enjeux en ce qui a trait à notre capacité à comprendre la nature et l’incidence de ce réchauffement concerne la faible quantité de données fiables à long terme dont nous disposons », affirme Paul Szpak, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en archéologie de l’environnement et professeur adjoint au Département d’anthropologie de la Trent University.

C’est pourquoi le chercheur souhaite reconstruire les écosystèmes marins anciens de l’Arctique canadien. Ce faisant, il sera en mesure de fournir des données archéologiques qui pourront servir de référence aux fins de comparaison avec l’état de la situation actuelle. À partir d’analyses chimiques de restes d’animaux provenant de sites archéologiques, « nous pouvons mieux comprendre le fonctionnement des anciens écosystèmes et leur évolution au fil du temps – notamment en raison des incidences anthropiques, soit humaines, ou de phénomènes naturels comme les changements climatiques », explique le chercheur.

Grâce à une nouvelle enveloppe de la FCI, M. Szpak et son équipe pourront extraire et purifier certaines molécules trouvées dans les os et les dents, et analyser la composition isotopique stable de ces molécules à l’aide de techniques de pointe comme la spectrométrie de masse à rapport isotopique pour la détection spécifique d’un composé. « Ces isotopes stables agissent à titre de “traceurs naturels” et nous permettent de reconstituer les éléments de l’environnement à une époque antérieure, nous donnant ainsi l’occasion d’obtenir des données détaillées pour les siècles précédents, voire des millénaires », affirme le chercheur.

En levant le voile sur le passé, nous pourrons avoir une perspective à long terme et obtenir une formidable vue d’ensemble de ce que nous réservent le présent et l’avenir. « En ce qui concerne le discours sur les changements observés dans l’Arctique en ce moment, les résultats tirés des sites archéologiques peuvent nous aider à déterminer si ces phénomènes sont survenus auparavant ou sont réellement exceptionnels, explique M. Szpak. Dans la première éventualité, il faudra se demander quelles ont été les conséquences pour nos ancêtres et les populations animales. » La réponse à de telles questions appuiera la conception de stratégies de gestion efficaces des écosystèmes marins pour l’avenir.